Les Bourses européennes ont fini dans le rouge jeudi mais Wall Street montait après la présentation très attendue par la Réserve fédérale américaine de sa nouvelle stratégie, qui laisse augurer un maintien prolongé de taux d'intérêt quasi nuls aux Etats-Unis et une tolérance accrue à une inflation supérieure à 2%.

A Paris, le CAC 40 a terminé sur un repli de 0,64% (32,46 points) à 5.015,97 points. A Londres, le FTSE 100 a perdu 0,55% et à Francfort, le Dax a reculé de 0,71%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,77%, le FTSEurofirst 300 0,57% et le Stoxx 600 0,64%.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait au contraire en territoire positif après des débuts hésitants: le Dow Jones gagnait 0,91%, le Standard & Poor's 500 0,6% et le Nasdaq Composite 0,28%. Ces deux derniers ont encore battu leurs records.

La nouvelle stratégie dévoilée par la Fed après deux ans d'études et de débats prévoit un objectif d'inflation de 2% en moyenne sur la durée, si besoin en laissant filer pendant "un certain temps" les prix à la hausse pour compenser des périodes d'inflation inférieures à l'objectif.

"La Fed a aussi modifié son objectif sur l'emploi, en augmentant sa tolérance à un emploi qui évoluerait au niveau maximal ou au-delà", note Rupert Thompson, directeur des investissements de Kingswood.

"Ces changements ne sont pas totalement surprenants et visent à améliorer l'efficacité de la politique monétaire, qui est compromise par la faiblesse actuelle des taux. Ils rendent encore plus probable un maintien des taux à leur niveau actuel exceptionnellement bas pendant les prochaines années."

LES INDICATEURS DU JOUR

Les annonces de la Fed ont relégué au second plan des indicateurs américains qui confirment pourtant la mauvaise santé persistante de la première économie mondiale: le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis, bien que révisé en légère hausse, accuse encore une chute historique de 31,7% en rythme annualisé au deuxième trimestre et les inscriptions au chômage sont restées supérieures à un million la semaine dernière.

VALEURS

La plus forte baisse sectorielle du jour en Europe est pour le compartiment des matières premières, dont l'indice Stoxx a perdu 1,4%. A l'opposé, celui des transports et du tourisme a gagné 1,99%.

Dans l'actualité des résultats, Rolls-Royce a abandonné 1,19% après l'annonce d'une perte record de 5,4 milliards de livres au premier semestre et de cessions d'actifs visant à renforcer son bilan.

A Paris, Bouygues a gagné 2%, le marché ayant apprécié une perte d'exploitation moins lourde qu'attendu sur le trimestre avril-juin.

Autre hausse notable, celle du géant britannique de la publicité WPP, qui a pris 6,47% après l'annonce de la reprise du dividende et un deuxième trimestre moins mauvais qu'anticipé. Dans son sillage, Publicis s'est adjugé 2,39% à Paris.

CHANGES

Sur le marché des devises, le dollar a dans un premier temps piqué du nez en réaction aux annonces de la Fed mais il a ensuite effacé ses pertes: au moment de la clôture européenne, l'indice mesurant ses fluctuations face à un panier de référence était inchangé après avoir cédé jusqu'à 0,63% et l'euro reculait légèrement à 1,1820 dollar.

Parallèlement, la livre sterling a touché un plus haut de huit mois face au dollar à 1,3283 avant de revenir à 1,3170.

TAUX

Comme le dollar, les rendements des bons du Trésor américain ont reculé dans un premier temps face aux annonces de la Fed mais se sont ensuite orientés à la hausse: celui des titres à dix ans prend plus de cinq points de base à 0,7374%, au plus haut depuis plus de deux mois, et le 30 ans bondit de plus de huit points à 1,4884%, lui aussi au plus haut depuis fin juin.

Les rendements de la zone euro ont suivi le mouvement mais de manière bien plus atténuée et en fin de séance, le dix ans allemand était pratiquement inchangé à -0,406%.

PÉTROLE

Le marché pétrolier est en net recul après le passage de l'ouragan Laura sur le Texas et la Louisiane, qui a mis à l'arrêt la quasi-totalité des capacités de raffinage de cette région majeure pour le secteur.

Le Brent abandonne 0,96% à 45,20 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,69% à 43,09 dollars.

(Marc Angrand)