LONDRES - L'Arabie saoudite, si elle veut être jugée crédible, doit étayer par des faits ses explications sur ce qui est arrivé au journaliste Jamal Khashoggi, ont déclaré hier l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni dans un communiqué commun.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al Joubeïr, dans une interview diffusée hier par Fox News, a affirmé pour sa part que Ryad ignorait dans quelles circonstances exactes le journaliste est mort et où se trouve son corps.

"Il a été tué au consulat. Nous ne savons pas comment dans le détail. Nous ne savons pas où se trouve le corps", a déclaré Adel al Joubeïr. "Nous sommes déterminés à retourner chaque pierre. Nous sommes déterminés à punir ceux qui sont responsables de ce meurtre."

Il a ajouté que le prince héritier, Mohamed ben Salman, n'était pas au courant de "cette aberration, de cette erreur".

Après deux semaines de dénégation, l'Arabie saoudite a reconnu dans la nuit de vendredi à samedi que le journaliste saoudien, qui vivait depuis un an aux Etats-Unis et se montrait critique envers le prince héritier Mohamed ben Salman, était mort.

Ryad a expliqué qu'il avait perdu la vie dans une bagarre au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul. Une source saoudienne haut placée a expliqué aujourd'hui que le journaliste avait été accidentellement par une prise d'étranglement au cours d'une altercation dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul le 2 octobre dernier.

"Rien ne peut justifier ce meurtre et nous le condamnons dans les termes les plus fermes", déclarent Paris, Londres et Berlin dans un communiqué publié à Londres. "Il reste un besoin urgent de clarifier exactement ce qui s'est passé (...) au-delà des hypothèses avancées jusqu'ici dans l'enquête saoudienne, qui doit être étayée par des faits pour être considérée comme crédible."

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a pour sa part déclaré qu'il ferait toutes les déclarations nécessaires sur la mort du journaliste saoudien, le 2 octobre dernier, lors d'une réunion avec des membres de l'AKP, le parti au pouvoir, mardi au Parlement.

---

LONDRES - Theresa May, qui doit informer aujourd'hui le Parlement britannique sur l'état des négociations avec Bruxelles, dira aux élus que l'accord de retrait de l'Union européenne est prêt à 95% mais qu'elle s'oppose toujours à la proposition des Européens sur la question de la frontière irlandaise.

La Première ministre britannique, à cinq mois à peine de la date fixée pour le divorce, le 29 mars à 23h00 GMT, devrait aussi s'attacher à calmer les passions dans une Chambre des communes chauffée à blanc où sa stratégie de négociation ulcère les eurosceptiques autant que les europhiles.

D'après des extraits de son discours diffusés hier en fin de soirée, Theresa May soulignera l'ampleur des progrès accomplis depuis le début des négociations avec Bruxelles. Elle notera ainsi que dans les trois dernières semaines, un terrain d'entente a été trouvé sur Gibraltar, territoire britannique à l'extrémité de l'Espagne, ou bien encore sur les relations futures en matière de sécurité.

"En prenant tout cela dans son ensemble, 95% de l'accord de retrait et de ses protocoles sont désormais réglés. La forme de l'accord sur la vaste majorité de l'accord de retrait est désormais clair", dira-t-elle.

En revanche, sur la question de la frontière irlandaise, vitale pour la suite, elle ne pourra que constater l'impasse.

L'objectif, partagé par Londres, est de préserver les acquis des accords de paix de 1998 qui ont mis fin à trente ans de violences confessionnelles en Irlande du Nord. La solution du "backstop" ne s'appliquerait, comme une garantie, que si Londres et Bruxelles ne parvenaient pas à s'accorder sur une meilleure solution lorsqu'il s'agira de négocier leurs relations futures.

---

TAPACHULA, Mexique - Plusieurs milliers de migrants honduriens ont commencé hier à entrer au Mexique, malgré les menaces de Donald Trump et les avertissements des autorités mexicaines.

Le président américain a menacé de fermer la frontière mexicaine et de suspendre l'aide de Washington aux pays d'Amérique centrale si cette "caravane" de migrants s'approchait de la frontière américano-mexicaine.

Dimanche soir, Donald Trump a prévenu sur Twitter que "les efforts sont mis en place pour stopper le déferlement d'étrangers illégaux", ajoutant que les migrants devaient d’abord faire une demande d’asile au Mexique avant de faire une requête aux autorités américaines.

La police mexicaine se rendait vers la ville de Tapachula, à une trentaine de kilomètres de la frontière guatémaltèque. Un des officiers a dit à Reuters que la police n'avait pas reçu l'ordre d'arrêter les migrants.

Plus de 3.400 migrants honduriens avaient déjà été renvoyés chez eux lors des dernières 48 heures, selon le décompte d'un organisme venant en aide aux migrants, dirigé par Ana Garcia de Hernandez, l'épouse du président hondurien, effectué hier après-midi.

---

ROME - L'Italie s'attend à ce que la Commission européenne rejette son projet de budget 2019 et lui réclame une nouvelle version amendée, a-t-on appris hier de source gouvernementale.

Une telle requête serait sans précédent.

Le gouvernement italien, qui a transmis la semaine dernière à Bruxelles son projet de loi de finances pour l'année prochaine, est sous le feu de la Commission, qui lui reproche d'aggraver son déficit et d'enfreindre les règles budgétaires de l'UE.

Rome répondra ce lundi aux demandes de la Commission en expliquant notamment pourquoi le gouvernement veut s'en tenir à son objectif de déficit de 2,4% du PIB, a déclaré hier le co-vice-président du Conseil, Luigi Di Maio.

---

PARIS - Le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, a invité hier son homologue français, Christophe Castaner, à venir à Rome pour aborder la gestion des migrants à la frontière, source de crispations récurrentes entre les deux pays.

Le sujet est revenu sur la table avec la diffusion vendredi par le ministre italien d'une vidéo sur les réseaux sociaux montrant la police à la frontière française refoulant trois migrants au passage de Montgenèvre, dans les Hautes-Alpes.

"J'attends mon homologue de l'Intérieur Castaner à Rome", a déclaré le chef de file de La Ligue (extrême droite). "D'ici là, nous allons continuer à patrouiller aux frontières."

Dans une interview que publie hier Le Journal du dimanche, Christophe Castaner assure qu'"aujourd'hui, les procédures appliquées à la frontière résultent du code Schengen et d'un accord franco-italien, dans un cadre précis et partagé".

---

PARIS - Emmanuel Macron doit se rendre aujourd'hui dans l'Aude, frappé par des inondations meurtrières du début de semaine, pour rencontrer des sinistrés, des forces de secours et des élus.

L'état de catastrophe naturelle a été reconnu jeudi dans 126 communes, notamment Trèbes, Villegailhenc et Villardonnel, de ce département où les fortes intempéries ont fait au moins 14 morts dans la nuit du 14 au 15 octobre.

Les dégâts matériels provoqués par les inondations meurtrières se chiffrent à environ 200 millions d'euros, a annoncé hier le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire.

---

PARIS - Un lycéen de Créteil (Val-de-Marne) a été mis en examen hier pour violence aggravée après la diffusion sur internet d'une vidéo sur laquelle on le voit mettre en joue une professeure avec une arme qui s'est par la suite révélée factice, a-t-on appris auprès du parquet.

Ces images ont soulevé une vague d'indignation à laquelle Emmanuel Macron a fait écho en jugeant samedi qu'il était "inacceptable" de menacer un enseignant.

"J'ai demandé au ministre de l'Éducation nationale et au ministre de l'Intérieur (respectivement Jean-Michel Blanquer et Christophe Castaner-NDLR) de prendre toutes les mesures pour que ces faits soient punis et définitivement proscrits de nos écoles", a commenté le chef de l'Etat sur Twitter.

Dans un communiqué commun, les deux ministres ont fait savoir qu'ils réuniraient la semaine prochaine un "comité stratégique" afin "d'arrêter un plan d'action ambitieux, visant à mettre un terme à de tels comportements".