par Marc Angrand

Les Bourses européennes ont vécu jeudi leur pire séance depuis deux mois et demi et Wall Street était en forte baisse en matinée, les craintes d'une deuxième vague de l'épidémie de coronavirus aux Etats-Unis s'ajoutant à celles d'un redémarrage de l'économie plus lent qu'anticipé jusqu'à présent.

À Paris, le CAC 40 affiche en clôture une baisse de 4,71% (237,82 points) à 4.815,60 points, son repli le plus marqué sur une séance depuis le 18 mars. A Londres, le FTSE 100 a perdu 3,74% et à Francfort, le Dax a reculé de 4,47%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 4,53%, le FTSEurofirst 300 3,81% et le Stoxx 600 4,1%, sa pire performance depuis le 23 mars.

Les prévisions économiques présentées mercredi par la Fed ont déçu les investisseurs et remettent en cause le scénario d'une reprise rapide: la banque centrale américaine table sur une contraction de 6,5% du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis cette année et son président, Jerome Powell, a souligné le risque de voir un chômage élevé perdurer pendant plusieurs années.

Sur le front sanitaire, la légère augmentation du nombre de nouveaux cas d'infection par le coronavirus aux Etats-Unis après cinq semaines de baisse alimente les craintes d'une reprise de l'épidémie.

"Les gains des marchés actions sont peu à peu balayés par l'arrivée de la deuxième vague du coronavirus sur les Etats-Unis", résume Edward Moya, analyste senior d'OANDA.

VALEURS

Aucun des grands secteurs de la cote européenne n'a été épargné par le mouvement de repli et les plus fortes baisses sont pour les compartiments les plus exposés aux effets de la pandémie comme aux risques de récession: l'indice Stoxx de l'automobile a perdu 7,27%, celui des banques 6,91%, celui des transports et du tourisme 5,8%.

A Paris, toutes les valeurs du CAC 40 ont fini dans le rouge et les reculs les plus marqués ont touché Renault (-13,90%), Unibail-Rodamco-Westfield (-12,52%) et TechnipFMC (-11,36%).

PSA et Fiat Chrysler Automobiles ont cédé respectivement 9,08% et 8,1% alors que la Commission européenne s'achemine vers le lancement d'une enquête approfondie sur leur projet de fusion.

A Francfort, Lufthansa a chuté de 9,09% après avoir déclaré que la crise menaçait jusqu'à 26.000 emplois.

La seule hausse de l'EuroStoxx 50 est pour Unilever, qui a gagné 0,85% à Amsterdam; le géant des produits de grande consommation envisage d'abandonner sa structure à deux entités, l'une britannique et l'autre néerlandaise, pour créer une holding unique basée au Royaume-Uni.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le rouge, le Dow Jones perdant plus de 1.000 points, soit 4,16%, le Standard & Poor's 500 3,51% et le Nasdaq Composite 2,34%.

La seule hausse du Dow était alors pour le groupe de grande distribution Walmart (+0,64%).

LES INDICATEURS DU JOUR

Aux Etats-Unis, les inscriptions au chômage ont encore reculé la semaine dernière à 1,542 million, un chiffre pratiquement conforme aux attentes.

Les prix à la production américains ont par ailleurs rebondi plus nettement qu'attendu, de 0,4%, en mai après une chute de 1,3% en avril mais restent en baisse en rythme annuel (-0,8%).

En Europe, le principal indicateur économique du jour est la baisse de 2% de l'emploi salarié en France au deuxième trimestre, qui traduit la perte d'un peu plus de 500.000 emplois.

CHANGES

Le climat d'aversion au risque a profité sans surprise aux monnaies jugées les plus sûres à commencer par le yen et le franc suisse.

La monnaie japonaise a ainsi atteint son plus haut niveau depuis un mois face au dollar, la devise suisse un plus haut de trois mois.

L'euro est pratiquement stable face au billet vert, autour de 1,1375.

La livre sterling, elle, repart à la baisse face au dollar après dix séances consécutives de hausse.

TAUX

Le retour de l'aversion au risque a favorisé un repli sur le marché obligataire, avec pour conséquence une rechute des rendements de référence: celui du Bund allemand à dix ans a perdu jusqu'à dix points de base pour revenir en fin de séance à -0,416%, son plus bas niveau depuis le 3 juin.

Sur le marché obligataire américain, la tendance est comparable, le rendement des Treasuries à dix ans revenant à 0,6723%, en baisse de près de huit points.

Au-delà de la recherche de sécurité, les investisseurs s'interrogent sur la volonté de la Fed d'adopter dans les mois à venir une stratégie de contrôle de la courbe des taux qui la conduirait à acheter des titres pour limiter la hausse des rendements.

PÉTROLE

Le marché pétrolier n'échappe pas à la tendance générale et il a même amplifié son repli au fil des heures, au point que la séance du jour s'annonce comme la pire depuis la fin avril.

Le Brent lâche 6,64% à 38,96 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) chute de 7,78% à 36,52 dollars.

Aux inquiétudes suscitées par les prévisions de la Fed s'ajoutent la hausse des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière, qui les a portés à un niveau record.

(Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)