par Marc Angrand

Les Bourses européennes ont terminé en forte hausse mardi, profitant du soutien sans faille des banques centrales et d'un rebond plus net qu'attendu de la consommation aux Etats-Unis, des facteurs qui ont pris le pas - au moins temporairement - sur les craintes d'une résurgence de la pandémie de coronavirus.

À Paris, le CAC 40 affiche en clôture un gain de 2,84% (136,74 points) à 4.952,46 points après avoir brièvement repassé le seuil des 5.000 points. A Londres, le FTSE 100 a pris 2,94% et à Francfort, le Dax a progressé de 3,39%.

L'indice EuroStoxx 50 a fini sur une hausse de 3,39%, le FTSEurofirst 300 de 2,95% et le Stoxx 600 de 2,9%, sa meilleure performance sur une séance depuis le 18 mai.

Ces gains, qui tranchent avec le repli provoqué lundi par la crainte d'une recrudescence de l'épidémie de COVID-19 en Chine et aux Etats-Unis, sont dus entre autres à la diminution du nombre de nouveaux cas annoncée par Pékin, même si la situation y est toujours jugée préoccupante.

La hausse s'est toutefois atténuée brièvement en cours de séance en réaction à la décision de la municipalité de Pékin de relever le niveau d'urgence épidémique de 3 à 2.

La nouvelle n'a toutefois pas suffi à briser l'élan que les marchés avaient trouvé dans l'annonce par la Réserve fédérale de la mise en oeuvre de son nouveau plan de soutien au marché des obligations d'entreprise via des achats sur le marché secondaire et dans les informations selon lesquelles l'administration Trump prépare un plan d'investissement dans les infrastructures de 1.000 milliards de dollars (883 milliards d'euros).

Les investisseurs ont aussi applaudi l'annonce d'une hausse sans précédent de 17,7% des ventes au détail aux Etats-Unis en mai, qui confirme la tendance au redémarrage soutenu de l'économie.

Très attendue, l'audition au Sénat à Washington de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine, n'a pas remis en cause la tendance, le patron de la Fed ayant repris pour l'essentiel ses déclarations de la semaine dernière en soulignant que la reprise ne serait complète que lorsque les consommateurs seraient convaincus que le coronavirus est sous contrôle.

VALEURS

En Europe, tous les grands secteurs de la cote ont fini la journée en territoire positif, le rebond le plus marqué profitant au compartiment de la construction, grâce aux informations de presse sur un possible plan d'investissement massif dans les infrastructures aux Etats-Unis: son indice Stoxx a pris 4,1% sur la journée, le cimentier irlandais CRH 7,15%, LafargeHolcim 3,38%.

A Paris, toutes les valeurs du CAC 40 ont progressé et les meilleures performances de l'indice sont pour TechnipFMC (+7,93%), ArcelorMittal (+6,90%) et Thales (+5,85%).

Les banques ont aussi profité à plein du regain de confiance général: leur indice européen gagne 3,75% sur la journée, BNP Paribas 5% et Santander 4,63%.

A la baisse, Zalando a perdu 4,18% après la cession de 4,4% de son capital par la société d'investissement suédoise Kinnevik.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le vert mais sous ses plus hauts du jour: le Dow Jones, qui prenait près de 3% en tout début de séance, gagnait 1,91%, le Standard & Poor's 500 1,82% et le Nasdaq Composite 1,56%.

LES INDICATEURS DU JOUR

Aux Etats-Unis, les ventes au détail ont rebondi de 17,7% en mai, une hausse sans précédent et supérieure aux attentes puisque le consensus Reuters les donnait en hausse de 16,4%.

La production industrielle américaine, elle, a augmenté de 1,4% le mois dernier et la production manufacturière de 3,8%.

En Europe, l'indice ZEW du sentiment des investisseurs a dépassé le consensus à 63,4 en juin après 51,0 en mai.

CHANGES

La bonne surprise des ventes au détail américaines profite à plein au dollar en renforçant le scénario d'une reprise de l'économie: l'indice qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence s'adjuge 0,38% et l'euro revient vers 1,1250 alors qu'il s'échangeait autour de 1,1350 au moment de l'ouverture des marchés européens.

"Les statistiques suggèrent que l'économie américaine reprend de l'élan", commente Shaun Osborne, responsable de la stratégie devises de Scotiabank. "Peut-être va-t-on se distancier de l'évolution binaire 'risk-on, risk-off' du marché pour se concentrer sur les fondamentaux."

TAUX

Comme le dollar, les rendements des bons du Trésor américain ont profité des statistiques des ventes au détail, celui des Treasuries à dix ans montant à 0,784% avant de céder du terrain pour revenir sous 0,725% après l'annonce du relèvement du niveau d'urgence à Pékin, puis remonter vers 0,75%.

Sur le marché européen, le rendement du Bund allemand à dix ans finit la journée à -0,427%, en hausse après avoir oscillé entre -0,443% et -0,405%.

PÉTROLE

Le marché pétrolier est bien orienté, dans le sillage des actions et après le relèvement des prévisions de demande de l'Agence internationale de l'énergie (AIE): celle-ci table désormais sur une demande à 91,7 millions de barils par jour (bpj) cette année, soit 500.000 bpj de plus qu'en mai.

Le Brent gagne 1,11% à 40,16 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,73% à 37,39 dollars.

(Marc Angrand, avec Gertrude Chavez-Dreyfuss à New York, édité par Jean-Michel Bélot)