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par Gavin Jones

ROME, 17 janvier (Reuters) - Le gouvernement italien a approuvé jeudi soir les deux réformes phares de la coalition au pouvoir portant sur les retraites et sur la création d'un revenu de citoyenneté pour les plus pauvres.

"Ce sont deux mesures dont notre gouvernement est fier, c'est un gouvernement qui tient ses promesses", a déclaré à la presse le président du Conseil Giuseppe Conte à l'issue d'un conseil des ministres.

L'instauration d'un "revenu de citoyenneté" est le cheval de bataille du Mouvement 5 Etoiles (M5S) depuis sa création, il y a dix ans.

"Cette réforme va améliorer la qualité de vie de cinq millions d'Italiens en difficulté", s'est réjoui le chef de file du M5S et co-vice-président du Conseil, Luigi Di Maio, qui n'a pas hésité à évoquer la "fondation d'un nouvel Etat-providence" en Italie.

D'après les données de l'Istat, l'institut italien de la statistique, l'Italie comptait en 2017 5,1 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté absolue. C'est trois fois plus qu'en 2007. Pour l'essentiel, ils vivent dans les régions du Sud.

La réforme prévoit le versement, sous condition de ressources, d'une allocation pouvant atteindre jusqu'à 780 euros par mois pour une personne seule, 1.080 euros pour un couple avec un enfant et 1.280 euros pour une famille avec trois enfants.

La réforme telle qu'adoptée jeudi soir en conseil des ministres, et qui devra encore être votée par le Parlement, est moins ambitieuse que le projet initial, qui prévoyait de financer ce programme à hauteur de 17 milliards d'euros dans sa première année.

Du fait de l'état des finances publiques, le projet n'entrera en oeuvre qu'en avril avec un budget de 7 milliards d'euros pour cette année et de 7,8 milliards pour 2020.

"QUOTA 100"

La réforme des retraites, portée elle par la Ligue d'extrême-droite de Matteo Salvini, l'autre co-vice-président du Conseil, annule les dispositions prises en 2011 qui avaient relevé à 67 ans l'âge légal de départ à la retraite pour de nombreux Italiens.

Les nouvelles règles mettent en oeuvre la "quota 100" (addition de l'âge et des années de cotisation) qui permettra à un salarié de 62 ans de partir à la retraite s'il a cotisé pendant 38 années.

"Je suis très heureux d'avoir transformé des mots en réalités", s'est réjoui Matteo Salvini.

La réforme entrera en vigueur en avril pour les salariés du privé, en août dans la fonction publique. Elle est chiffrée à 4 milliards d'euros pour cette année et un peu plus de 8 milliards l'année prochaine.

La réforme Fornero de 2011, adoptée au plus fort de la crise de la dette, avait laissé des centaines de milliers d'Italiens, partis en pré-retraite en espérant bénéficier pleinement de leurs droits peu après, sans ressources et sans emploi.

Le gouvernement estime que le nouveau régime mettra un terme à leur précarité tout en permettant aux travailleurs les plus âgés et les moins dynamiques de partir à la retraite en libérant ainsi des postes pour les plus jeunes.

Pour certains, la lourde dette de l'Italie et le vieillissement de sa population impliquent qu'elle ne peut se permettre d'abaisser l'âge de la retraite. (Wilfrid Exbrayat et Henri-Pierre André pour le service français)