Les marchés actions ont décidé de la jouer patchwork hier, au terme d'une séance qui n'aura pas apporté beaucoup d'enseignements à des investisseurs en quête de visibilité. La France et la Belgique ont cédé un peu de terrain pendant que l'Allemagne, l'Italie et la Suisse grappillaient quelques points. Londres faisait relâche pour enterrer la Reine d'Angleterre, dont la disparition a suscité une vague d'émotion jusque dans mon conseil municipal, où le débat a fait rage hier soir au sujet du drapeau en berne au fronton de la mairie. Perfide Albion, c'est elle qui nous avait savonné la planche impériale et qui s'était débarrassée de Jeanne d'Arc. Le sujet avait l'air aussi polémique aux Etats-Unis, puisque la guerre d'indépendance n'a pas eu lieu contre les Zapotèques, que je sache. Au-delà du symbole monarchique, on pourrait peut-être juste se réjouir qu'un événement transnational suscite encore de l'émotion.

Mais revenons à nos moutons financiers. Aux Etats-Unis, les indices ont terminé dans le vert. Les gains avoisinaient 0,7% pour le S&P500, le Dow Jones et le Nasdaq, aidés par un courant acheteur sur des grosses valeurs comme Apple ou Microsoft. Le marché est toujours dans l'attente du verdict que la banque centrale américaine doit rendre demain sur ses taux. Les contrats à terme montrent que le scénario le plus probable est un relèvement de 75 points de base, ce qui ferait passer le principal taux directeur US de la fourchette "2,25 à 2,50%" à la fourchette "3 à 3,25%". Ce niveau serait le plus élevé atteint depuis la crise financière de 2008.

Mais vous commencez sûrement à connaître la chanson : plus que la décision elle-même, c'est le niveau que sont susceptibles d'atteindre les taux au pic du cycle de relèvement qui importe les financiers. C'est ce qu'ils chercheront à déterminer dans le discours de présentation de la décision que Jerome Powell prononcera demain soir. Les marchés actions pourraient se détendre si ce brave Jay laisse penser que le combat contre l'inflation est bien engagé. Ou déprimer s'il met son déguisement de Paul Volcker et qu'il suggère que ça va encore être long, sous-entendu "je n'ai foutrement aucune idée de quand tout ce merdier va cesser".

A moins que ce ne soit un entre-deux un peu bancal, qui contribuerait à ce que les financiers continuent à pédaler dans la fondue, comme on dit par chez nous (c'est un mensonge, personne ne dit ça parce qu'une fondue ne se gâche pas). Ah, j'oubliais une autre hypothèse, qui est la grosse cote de la semaine : la Fed relève directement ses taux de 100 points de base (nota bene : les contrats à terme ne donnent plus que 18% de probabilité à ce scénario en date de mardi matin). Si c'était le cas, il y aurait probablement un surcroît de volatilité important demain soir, parce que les marchés n'aiment pas beaucoup les surprises. Mais même dans cette hypothèse, c'est la façon dont Jerome Powell argumentera la décision qui fera la tendance.

L'actualité macroéconomique est assez pauvre aujourd'hui. Le pétrole a l'air de s'être assagi, tandis que le couple euro-dollar évolue toujours non loin de la parité. Côté statistiques, les chiffres de la construction aux Etats-Unis en août sont prévus à 14h30. Le grand bal des banques centrales démarre aujourd'hui avec la Riksbank suédoise et se poursuit donc demain avec la Banque du Brésil et la Fed. Il continuera jeudi avec notamment la Banque du Japon, la Banque nationale suisse et la Banque d'Angleterre. Côté sociétés, la principale information de la nuit est la réduction des prévisions de Ford Motor. Le constructeur automobile est touché par des surcoûts d'approvisionnement évalués à 1 Md$ et par des pénuries de composants qui l'empêchent de terminer des véhicules en cours de production.

Sur les marchés financiers, c'est la fête du slip ce matin. Non, vraiment : apparemment le slip a fait sa première apparition un 20 septembre 1913 dans la revue L'Illustration, selon une source douteuse. En tout cas les investisseurs ont l'air guilleret en Asie Pacifique, Tokyo sort d'un weekend à rallonge sur un gain de 0,4%, pendant que Hong Kong et Sydney reprennent des couleurs en s'adjugeant plus de 1%. Les indicateurs avancés occidentaux sont assez bien ancrés dans le vert. Les investisseurs restent des optimistes qui ont tendance à miser sur le pouvoir des décisions monétaires pour créer des points d'inflexion haussiers. Ce qui n'empêchera pas quelques regains de nervosité au gré des rumeurs et des commentaires de marché. Le CAC40 a démarré la séance en hausse de 0,43% à 6087 points.

Les temps forts économiques du jour

Focus sur l'immobilier américain avec les mises en chantier & permis de construire d'août. Tout l'agenda macro ici.

L'euro remonte à 1,0029 USD. L'once d'or se redresse légèrement à 1676 USD. Le pétrole n'est pas très éloigné de son niveau de vendredi, avec un Brent de Mer du Nord à 92,05 USD le baril et un brut léger américain WTI à 85,32 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans gagne 2 points à 3,47%. Le bitcoin évolue autour de 19 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adyen : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 1500 EUR.
  • Aena : Barclays passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 115 EUR.
  • Aéroports de Paris : Barclays passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 136 EUR.
  • Coloplast : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 880 DKK.
  • Dufry : HSBC reste à l'achat avec un objectif réduit de 47,50 à 44 CHF.
  • EDP : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 5,90 EUR.
  • Emmi : Vontobel reste à l'achat avec un objectif réduit de 1100 à 1000 CHF.
  • Emova : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif réduit de 2,40 à 2 EUR.
  • Endesa : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 22,10 EUR.
  • Euronext : Crédit Suisse passe de surperformance à neutre en visant 77 EUR.
  • Flughafen Zürich : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 170 CHF.
  • Fraport : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 56 EUR.
  • HelloFresh : DZ Bank reste à conserver avec un objectif réduit de 31 à 28 EUR.
  • Helvetia : Berenberg reste à conserver avec un objectif réduit de 104 à 100 CHF.
  • Medacta : UBS reste à l'achat avec un objectif réduit de 117 à 115 CHF.
  • Ocado : HSBC passe de conserver à alléger en visant 575 GBp.
  • Oxford Instruments : Jefferies reste à conserver avec un objectif réduit de 2320 à 2010 GBp.
  • Pandora : Nordea passe de conserver à vendre en visant 300 DKK.
  • United Internet : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif réduit de 35 à 30 EUR.
  • Wizz Air : Oddo BHF passe de sousperformance à neutre en visant 2500 GBp.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Safran signe deux contrats de services avec la compagnie aérienne Cathay Pacific pour sa flotte d'Airbus.
  • La Française des Jeux négocie le rachat du second opérateur de paris hippiques en ligne, Zeturf.
  • JCDecaux prend le contrôle de l'opérateur du réseau digital grand format de Chicago.
  • La CMA britannique ouvre une enquête sur le projet de rachat de LeasePlan par ALD.
  • Wallix et Nozomi Networks signent une alliance technologique pour renforcer la cybersécurité de l'industrie.
  • Metalliance (Gaussin) vend 12 véhicules destinés à la construction du métro entre Sydney et son aéroport.
  • Global Bioenergies vend à Repsol du bio-isobutène pour la conduite de tests de formulation d'essence.
  • Pharmasimple "nie formellement être en situation d'insolvabilité ou de dépôt de bilan".
  • Dolfines signe une nouvelle ligne de financement dilutive avec Negma.
  • La phase opérationnelle de coopération entre la BARDA et Crossject a débuté en juillet.
  • Implanet conclut son partenariat avec Sanyou Medical.
  • Hybrigenics confie à Inoviem Scientific le développement de sa molécule pour le traitement de la maladie de Crohn.
  • GECI International se développe en Israël et au Brésil.
  • Groupe Gorgé, ABC Arbitrage, Genoway, AST Groupe, Adocia et Streamwide ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Ford avertit sur ses résultats du T3. Le titre perdait 4,4% hors séance.
  • Henkel relève ses perspectives de croissance organique pour 2022.
  • ThyssenKrupp estime que les conditions de marché ne permettent pas une IPO rapide de sa filiale d'hydrogène Nucera.
  • Moderna est les autres spécialistes des vaccins chutent après que Joe Biden eut déclaré la pandémie terminée.
  • La FDA homologue des solutions Cobas (Roche) pour laboratoires.
  • Bachem signe deux nouveaux contrats de fourniture de peptides.
  • Principales publications du jour : Kingfisher, TUI AG, Formycon, Sthree… Tout l'agenda ici.

Lectures