Londres (awp/afp) - L'inflation a enregistré une poussée record au Royaume-Uni pour les douze mois terminés en août, montant à 3,2%, son plus haut niveau depuis mars 2012, la réouverture de l'économie ayant fait grimper les prix des transports et des restaurants notamment.

Pour les douze mois achevés en juillet, la hausse des prix n'atteignait que 2%, précise mercredi l'Office national des statistiques.

D'après l'ONS, le bond de 1,2 point de pourcentage pour août est le plus fort depuis le début de l'enregistrement de ces données en janvier 1997, même si l'institut estime qu'il devrait être temporaire.

En août dernier, les prix des repas dans les restaurants avaient notamment été déprimés par une subvention du gouvernement de Boris Johnson, le programme "Eat out to help out", en plus d'une réduction de la TVA qui étaient destinés à relancer le secteur durement touché par la pandémie.

Le prix des matières premières a aussi contribué à la forte hausse des prix en passant à 11% sur l'année clôturée en août, contre déjà 10,4% pour juillet. Les matériaux font l'objet de pénuries à cause des problèmes de chaînes d'approvisionnement et du manque de chauffeurs livreurs au Royaume-Uni.

"L'inflation record est un signe de ce qui s'annonce" estime Yael Selfin, cheffe économiste chez KPMG.

Elle "pourrait s'apaiser un peu en septembre mais devrait rester élevée et pourrait monter encore plus par la suite. Les difficultés de recrutement, la pression des coûts sur les entreprises, les problèmes de chaîne d'approvisionnement et les changements structurels post-covid présagent tous d'une augmentation au moins jusqu'à la fin de l'année", détaille-t-elle.

Cela va "immanquablement amener la Banque d'Angleterre à s'interroger sur le calendrier du resserrement de la politique monétaire et des hausses de taux d'intérêt pour éviter les risques inflationnistes à l'horizon", conclut l'économiste.

Pour les économistes de Capital Economics, le bond des prix en août "est la première étape d'une hausse qui pourrait faire passer l'inflation à 4,5% d'ici novembre. Mais l'inflation va retomber presque aussi brusquement l'an prochain, et nous ne pensons donc pas que le comité de politique monétaire (de la Banque d'Angleterre) relèvera ses taux jusqu'en 2023".

La reprise économique au Royaume-Uni a toutefois perdu de l'élan ces derniers mois notamment à cause du variant delta du coronavirus, et des goulots d'étranglements dans la chaîne d'approvisionnement entre impacts du covid et du Brexit.

La croissance britannique est ainsi retombée en juillet à 0,1% contre 1% en juin.

Le gouverneur de la BoE Andrew Bailey a rappelé la semaine dernière qu'il existait des "risques des deux côtés", et que durcir sa politique monétaire pourrait étouffer la relance dans l'oeuf: "en ce moment, nous voyons une stagnation de la reprise".

afp/jh