L'agence de notation a placé lundi la note de 15 pays de la zone euro sous surveillance négative, dont la France et l'Allemagne qui bénéficient du AAA, la meilleure note possible.

"Nous avons averti de façon fréquente que le risque d'un 'double dip'(double creux) s'était accru pour la fin de l'année et 2012", a déclaré jeudi à des journalistes Jean-Michel Six, chef économiste Europe de S&P.

"Nous avons deux scénarios possibles avec des probabilités extrêmement proches. Le premier c'est celui d'une prolongation de la récession technique en cours au premier semestre suivi d'un rebond, léger, au deuxième semestre, c'est le scénario récession douce", a-t-il expliqué.

"Le deuxième, c'est celui d'une véritable récession dans tous les pays de la zone en 2012, avec des taux de croissance négatifs y compris en Allemagne. Ce qui peut nous faire passer d'un scénario à l'autre, c'est la confiance", a-t-il ajouté.

Les dirigeants européens se retrouvent jeudi à Bruxelles pour un dîner de travail à la veille d'un sommet destiné restaurer la confiance des investisseurs à l'égard de la zone euro.

"Il y a une crise de confiance, au sens fort du terme, par rapport à la zone euro aujourd'hui, des tabous comme le défaut ou la sortie d'un Etat de la zone euro sont tombés. Il est évident que la résolution de cette crise passe par le politique;

il faut que des mesures fortes et tangibles soient prises", a plaidé Jean-Michel Six.

L'économiste s'est toutefois refusé à préconiser des solutions, estimant qu'il n'était pas du ressort de S&P de conseiller les Etats.

"Il y a plusieurs solutions mais le pire serait de ne rien faire", a-t-il prévenu.

"Une récession prononcée en 2012 aurait des conséquences tout à fait graves car aujourd'hui, les Etats n'ont plus de marges de manoeuvre."

Matthias Blamont, avec Raoul Sachs et Daniel Flynn, édité par Yves Clarisse