Zurich (awp) - L'impact de la pandémie de Covid-19 sur les activités du groupe financier SIX a été très limité au 1er semestre. L'opérateur de la Bourse suisse a profité d'une volatilité accrue sur les marchés financiers mais a souffert du semi-confinement au niveau du trafic de paiements. La vente d'un paquet d'actions du français Worldline en avril a dopé le bénéfice net, presque sextuplé sur un an.

Malgré cet important effet unique, l'acquisition à fin juin de Bolsas y Mercados Españoles (BME) constitue bel et bien l'opération marquante des six premiers mois de l'année. SIX a déboursé 2,75 milliards de francs suisses pour s'emparer de la Bourse de Madrid.

Les recettes du groupe zurichois ont bondi de 13,1% à 624,1 millions de francs suisses, indique SIX mardi. Apuré de l'effet du rachat de BME, la hausse s'élève à 7,6% à 593,4 millions. La forte progression des revenus est principalement imputable à l'"activité de négoce intensive" - ainsi qu'aux services post-négoce - dans un contexte de forte volatilité sur les marchés boursiers liée au coronavirus.

"Ce fut un semestre très mouvementé, la pandémie de Covid-19 nous a tenus en haleine", a déclaré à AWP le directeur financier Daniel Schmucki. Ce dernier rappelle que la Bourse suisse a battu un record absolu en termes de volumes de négoce, avec un total de 293 milliards de francs suisses, rien que pour le mois de mars. La semaine la plus forte a vu le chiffre d'affaires grimper à 90 milliards.

Le groupe financier a renforcé ses investissements dans l'infrastructure technologique, ce qui a pesé sur les charges, alourdies de 4,6% à 472,5 millions. Les dépenses ajustées de BME ont atteint 460,9 millions (+2,0%).

Deux IPO en six mois

SIX a nettement amélioré sa rentabilité, mesurée à l'aune du résultat brut d'exploitation (Ebitda). Cet indicateur s'est étoffé de moitié (+52%) à 151,6 millions (ajusté: +33% à 132,5 millions).

Le bénéfice net s'est envolé à 184,2 millions de francs suisses, à comparer aux 32,4 millions du premier semestre 2019, grâce au produit de la vente de 10 millions de titres Worldline représentant 5,5% du capital-actions. Finalisée à fin juin, la reprise de BME a contribué au résultat à hauteur de 15,1 millions de francs suisses, précise le communiqué.

La division "boursière" Securities & Exchanges a dégagé un résultat de 128,7 millions, gonflé de quelque 60% sur un an. Deux introductions en Bourse (IPO) sont intervenues au cours des six premiers mois de l'année, à savoir Ina Invest et V-Zug. SIX assure avoir géré la hausse de la volatilité sur les marchés "sans problème".

Du côté de Banking Services, le bilan est tout autre. Le bénéfice a chuté de 30% à 10,0 millions, en raison d'un effondrement des transactions avec les cartes et en numéraire. L'unité dévolue à l'information financière a vu son résultat prendre 8,6% à 53,2 millions.

Pour Daniel Schmucki, SIX n'est pas trop dépendant des activités boursières, les autres divisions allant de pair avec la principale. "Les sujets sont étroitement liés et imbriqués", selon lui. Le développement du groupe se fera dans tous les domaines, a-t-il affirmé.

Pour 2020, la direction table sur un produit d'exploitation de 1,3 milliard de francs suisses (1,13 milliard en 2019) et une rentabilité fortement améliorée.

Dans son communiqué, SIX confirme sa volonté de rester investi dans la société française Worldline, spécialisée dans le trafic de paiements et dans laquelle il détient encore une participation de 16,3%. Le groupe zurichois soutient par ailleurs l'offre de rachat de Worldline sur sa compatriote Ingenico.

L'intégration de la Bourse de Madrid constituera l'une des priorités ces prochains mois. M. Schmucki n'a pas souhaité commenter les rumeurs selon lesquelles SIX serait sur les rangs pour racheter la Bourse de Milan. Le groupe zurichois serait en concurrence avec Euronext, la banque italienne CDP et Deutsche Börse, selon des articles de presse.

Daniel Schmucki assure néanmoins que SIX est toujours disposé à procéder à des acquisitions.

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