La volatilité est de retour sur les marchés actions et les investisseurs semblent moins enclins à la prise de risques, compte-tenu des incertitudes grandissantes. Quelques points - comme les perspectives macroéconomiques des institutions financières, les potentiels de rendement des sociétés helvétiques et l'analyse technique - permettent toutefois aux opérateurs d'envisager une embellie du parcours du SMI pour ce dernier trimestre.

Où en est le SMI ?

 

Source : Bloomberg - Base 100 le 29/12/2017
 
Depuis le début d'année, la performance de l'indice Suisse est négative (représenté en bleu avec une ligne épaisse, -4%), et semblable à celle du CAC40 (en rose). 

L'orientation plus défensive du SMI lui a permis de mieux résister par rapport à des indices comme le FTSE 100 (en jaune), en plein séisme du Brexit (-7%), le Mib (en gris, -13%), affecté par les tensions sur le budget italien 2019, ou encore le DAX (-11%).

Le Nasdaq, qui a pulvérisé ses records, continue d'évoluer en territoire positif et de distancer ses homologues (+9%) malgré le plongeon qu'il subit depuis début octobre, tout comme les deux autres indices américains de référence.

Le contexte économique reste exceptionnel

La croissance du PIB suisse a progressé à un rythme soutenu au premier semestre grâce à une demande extérieure robuste, dont l'industrie manufacturière a particulièrement profité. Plus précisément, l'économie suisse a enregistré un taux de croissance de plus de 0,7% pendant cinq trimestres consécutifs, ce qui ne s'est pas produit depuis le début de 2015, lorsque le plancher du taux de change par rapport à l'euro a été supprimé.
  • Avec les tensions commerciales, les prévisions de croissance ont été révisées à la baisse (par le FMI et la Banque Mondiale) pour : le monde, la Chine et la zone euro. Seuls deux pays se distinguent, les Etats-Unis, dont la projection de croissance reste inchangée, et la Suisse, dont les perspectives ont été revues à la hausse (+3.0% contre 2.3% en avril).
  • La BNS demeure prudente. Lors de sa dernière réunion, la Banque nationale suisse a laissé ses principaux taux directeurs inchangés. La fourchette cible du Libor à trois mois a été maintenue entre -1,25% et -0,25% et le taux d'intérêt sur les dépôts à vue est resté fixé à -0,75%. La BNS estime toujours que le franc suisse est "très apprécié" et que la situation sur le marché des changes reste fragile. De plus, des analystes déclarent que puisque la BCE ne prévoit pas de hausse avant la fin de l'été 2019, la BNS ne devrait pas relever ses taux d'intérêt avant décembre 2019, voire même à l'année 2020, si les risques sur les marchés continuent de progresser.
  • Quelques nuages à l'horizon. En effet, les discussions sur le budget italien, les incertitudes entourant le Brexit et la poussée de l'extrême droite en Allemagne, ont poussé le franc suisse - monnaie considérée comme un havre de sécurité - à la hausse face à l'euro. Les turbulences sur les marchés émergents pourraient induire une intensification de l'appréciation du franc suisse et pénaliser les économies tournées vers le commerce international. L'évolution du taux de change reste donc à surveiller de près, d'autant que la BNS a fait état d'un gros déficit sur neuf mois malgré des gains conséquents au premier semestre. Elle explique cependant qu'il est difficile d'en tirer des conclusions pour l'exercice en cours étant donné que son résultat dépend principalement de l'évolution sur les marchés de l'or, des changes et des capitaux et donc qu'il va encore évoluer.
  • Deux éléments moins médiatisés sont également à suivre avec attention : les négociations avec l'UE sur un accord-cadre, capitales mais toujours complexes, et le départ de deux dirigeants emblématiques de l'exécutif (Johann Schneider-Ammann, Conseiller d'Etat de la Suisse et la Ministre suisse de l'Environnement, des Transports, de l'Energie et de la Communication, Doris Leuthard), prévient ING.

Des cycliques à la traîne, les défensives au pouvoir

Dans ce contexte, ce sont les secteurs de la santé et des consommations non cycliques (Nestlé) qui ont le mieux résisté en 2018, protégés par leur profil défensif.

Les valeurs industrielles réalisent la pire performance, avec une baisse de plus de 20% depuis le 1er janvier. Adecco et ABB tirent l'indice à la baisse. Le numéro un dans le monde en matière de services pour l'emploi enregistre le repli le plus important depuis le début de l'année en raison de ses publications décevantes et des perspectives revues à la baisse. ABB avait mal commencé l'année 2018 à la suite de ses résultats du dernier trimestre 2017 mitigés et a continué de souffrir en raison de l'imposition des droits de douanes sur l'acier et l'aluminium. En effet, la société zurichoise utilise de l'acier spécialisé pour la conception de ses transformateurs électriques et est obligé d'en faire importer dans ses usines situées en Amérique du Nord.

Sur l'ensemble des composantes de l'indice, un gros quart de l'indice parvient à rester dans le vert. Sur les trois poids lourds, c'est Novartis qui tire le mieux son épingle du jeu, tandis que Roche Holdings recule légèrement. Nestlé oscille autour de zéro. Le différentiel de performance entre les deux colosses de la pharmacie s'explique par un très mauvais début d'année de Roche. Après être revenu sur ses plus bas 2016, le titre a cependant inversé la tendance. Les opérateurs ont salué les publications trimestrielles et la société a relevé ses prévisions de 2018. Puis, elle accumule les accords et les opérations à succès, comme par exemple l'approbation des autorités chinoises pour commercialiser un de ses médicaments, l'accord conclu avec le laboratoire américain Lonis Pharmaceutical, ou encore le prix reçu pour sa politique de développement durable.

Novartis s'est mieux comporté en confirmant sa capacité à publier des résultats conformes (voire supérieurs) aux attentes des analystes, à poursuivre sa stratégie de croissance en réalisant des acquisitions, en relevant ses prévisions de chiffre d'affaires, etc.
 


Source : Zonebourse
 
 
Depuis notre dernier commentaire et étant donné l'évolution des marchés financiers, les analystes ont modifié leur objectif de cours ainsi que leur recommandation. Voici un tableau synthétisant le potentiel moyen de chaque composant du SMI et les modifications enregistrées depuis juin dernier : 
 
Source : Zonebourse
 
Analyse technique

 

Source : Bloomberg 
 
  • Janvier : double top à 9616 points, signal d'une baisse
  • On observe un niveau intermédiaire de 9000 points, franchi à la hausse comme à la baisse, à plusieurs reprises depuis le décrochage fin janvier/début février.
  • De juillet à octobre : le SMI a évolué au sein d'un canal horizontal entre 8870 et 9200 points, dont les extrêmes représentent le support et la résistance.
  • Début septembre : les négociations entre le Canada et les Etats-Unis sur l’accord de libre-échange ont entrainé davantage de nervosité sur les marchés, se traduisant par un excès baissier et ramenant l'indice à 8800 points.
  • Mi-octobre, le SMI a connu un "jeudi noir", cassant ainsi la borne basse de la zone de consolidation 8800 – 9200. L'indice s'est replié jusqu'à la zone intermédiaire des 8600 et tente depuis de rebondir. Ces tentatives sont limitées par la présence d'une zone de 'break out', c'est-à-dire un support qui est devenu une résistance (à 8870 points).
  • Potentiel : retour sur la borne haute des 9200 points.