Démarrons par quelques mots sur les marchés boursiers dans leur ensemble. Le premier quadrimestre se solde par des gains de 13% pour le CAC40, 11% pour le S&P500, 8% pour le FTSE 100 et 5% pour le Nikkei 225. Vaccination, plan de soutien aux Etats-Unis et reprise économique ont marqué la période. Les résultats des entreprises au 1er trimestre fournissent actuellement le carburant de la hausse. Ils dépassent plus largement que d'habitude les prévisions et dans une proportion plus élevée, selon les travaux de FactSet. En arrière-plan, ce sont toujours les banques centrales qui irriguent le système en injectant continuellement des fonds dans la matrice.

J'ai déjà parlé en fin de semaine dernière de Warren Buffett, sans doute l'investisseur vivant le plus célèbre du monde, du haut de ses 90 ans. Je double la mise ce matin après l'assemblée générale annuelle de son holding, Berkshire Hathaway, qui s'est tenue samedi par écrans interposés, coronavirus oblige. Buffett et son vieux complice Charlie Munger, 97 ans, étaient pour la première fois accompagnés de Greg Abel et Ajit Jain, possibles successeurs de l'infatigable duo. 316 ans à eux quatre.

Cette assemblée générale est une vraie grand-messe, qui tient d'une part au fait que Berkshire Hathaway est une sorte de fonds d'investissement pour ses actionnaires et d'autres part à l'aura d'investisseur à succès de Buffett. Il est donc intéressant d'écouter ce qu'il a à dire sur les grands sujets qui dominent les marchés financiers en ce moment, même si 2019 et 2020 ne furent pas de très bons millésimes pour Berkshire, dont la performance a été significativement inférieure à celle du S&P500. 

D'abord, le bitcoin. Buffett a botté en touche lorsqu'il a été interrogé sur ce qu'il en pense, laissant le soin à Munger d'expliquer qu'il est vent debout contre "une monnaie si utile aux kidnappeurs et aux extorqueurs et tout ce qui s'ensuit", qu'il juge de surcroît "contraire aux intérêts de la civilisation". Rien que ça.

En revanche, Warren Buffett a mené un long réquisitoire contre les applications qui transforment l'investissement en jeux de casino. "Il n'y a rien d'illégal à cela, il n'y a rien d'immoral, mais je ne pense pas que vous pouvez construire une Société autour des gens qui font ça", a-t-il expliqué concernant les intermédiaires comme Robinhood. Munger s'est montré plus radical en jugeant le phénomène néfaste pour la collectivité.

Même réticences chez les deux hommes concernant les SPAC, ces coquilles vides qui permettent de faire entrer en bourse une ou plusieurs entreprises en leur simplifiant le processus de cotation. Buffett n'a pas l'intention de céder à la tentation. "Cela ne durera pas éternellement, mais c'est là où se trouve l'argent actuellement", a-t-il conclu fataliste. Charlie Munger pense que les SPAC n'achètent pas une société parce que c'est un bon investissement, mais parce que le conseiller perçoit des honoraires.

Bon sens ou résistance au changement ? L'avenir le dira. J'ajoute que les actionnaires de Berkshire ont rejeté les résolutions qui auraient forcé la société à publier des données environnementales et sociales sur l'impact de ses détentions. Warren Buffett s'est dérobé en estimant que le groupe est décentralisé et que chacune des sociétés de son portefeuille s'acquitte déjà de ses obligations de transparence.

Par ailleurs, les dirigeants de Berkshire n'ont pas l'air d'avoir d'idée suffisamment convaincante pour lancer des acquisitions. Les rachats d'actions devraient donc se poursuivre. Faute de grives, on mange des merles. Mais certains actionnaires trouvent que la montagne de trésorerie (145 milliards de dollars) serait mieux employée ailleurs que dans les caisses.

Enfin, Buffett constate que l'inflation est là et qu'elle est importante. Les sociétés de Berkshire relèvent leurs prix et se voient elles-mêmes appliquer des hausses de prix et "tout cela est bien accepté", a-t-il déclaré, avant d'estimer que ce n'est pas prêt de s'arrêter car "les gens ont de l'argent à dépenser".

Retour à la séance du jour avec un CAC40 qui grappille 0,2% à 6283 points dans les premiers échanges. Les publications des comptes trimestriels d'entreprises seront encore clairsemées ce lundi. Plus tard dans la semaine, quelques grands noms sont attendus dont Pfizer, PayPal, Novo Nordisk, Volkswagen, Siemens, Anheuser-Busch Inbev, Enel ou JD.com. Attention, les marchés britannique, japonais et chinois (mais pas Hong-Kong) sont clos aujourd'hui pour un jour férié.

Les temps forts économiques du jour

Les ventes de détail de mars en Allemagne précéderont les indices PMI manufacturiers définitifs des grandes économies en avril, notamment la France (9h50), la zone euro (10h00) et les Etats-Unis (15h4), où seront aussi publiés l'ISM manufacturier et les dépenses de construction de mars (16h00). Le patron de la Fed, Jerome Powell, prononcera une allocution publique aux alentours de 20h00 lors d'une conférence.

L'euro est redescendu à 1,2031 USD au cours du weekend, tandis que l'once d'or revient dans la zone des 1780 USD. Le pétrole baisse légèrement, et l'on retrouve un Brent à 66,60 USD et un WTI à 63,44 USD. Le rendement de la dette américaine est relativement stable à 1,63 % sur 10 ans. Sur le marché des cryptomonnaies, le bitcoin franchit la barre symbolique des 58 000 USD et l'ethereum des 3000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aker BP : Jefferies reste à conserver avec un objectif réduit de 271 à 252 NOK.
  • Delivery Hero : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 128 à 155 EUR.
  • Deutsche Lufthansa : Crédit Suisse reste à sousperformance avec un objectif réduit de 4,60 à 4,47 EUR.
  • DSV : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1300 à 1600 DKK.
  • Friedrich Vorwerk Group : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 61 EUR.
  • Kuehne + Nagel : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 215 à 250 CHF.
  • Guillemot : Genesta reste à l'achat fort avec un objectif de cours relevé de 18,80 à 21,25 EUR.
  • Lundin Energy : Jefferies reste à l'achat avec un objectif réduit de 382 à 356 SEK.
  • Modern Times Group : Handelsbanken passe d'acheter à conserver en visant 140 SEK.
  • Nemetschek : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif relevé de 58 à 62 EUR.
  • Orange : Jefferies reste à l'achat avec un objectif réduit de 13 à 12,80 EUR.
  • Royal Vopak : Oddo BHF passe de surperformance à neutre en visant 43 EUR.
  • Siemens Gamesa : Goldman Sachs reste acheteur avec un objectif réduit de 40,20 à 39,20 EUR.
  • Vinci : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif relevé de 100 à 105 EUR.

En France

Résultats des sociétés

  • DBV Technologies : le spécialiste des allergies dispose d'une trésorerie suffisante pour assurer l'exploitation jusqu'au seconde semestre 2022. D'ici là, il espère avoir fait avancer le dossier réglementaire du Viaskin Peanut.

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Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Siemens Healthineers : le groupe relève ses prévisions annuelles après ses résultats du premier trimestre.
  • Westpac : la banque australienne a largement progressé en séance après la publication de résultats en vive augmentation au début l'exercice.

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Lectures