Shanghai (awp/afp) - La Bourse de Shanghai a chuté de plus de 3% en clôture mardi, tandis que Shenzhen dévissait de plus de 4%, les investisseurs particuliers chinois étant contaminés par la panique générale des grandes places mondiales après le vertigineux plongeon de Wall Street.

A l'issue des échanges, l'indice composite shanghaïen a lâché 3,35% (116,85 points) à 3.370,65 points, tandis que l'indice composite de Shenzhen abandonnait 4,44% (80,21 points) à 1.726,09 points --un repli à l'unisson de Tokyo, Hong Kong ou Sydney.

Certes, les places de Chine continentale, quasiment fermées aux investisseurs étrangers, sont d'habitude déconnectées des grands mouvements des marchés internationaux.

Mais, malgré cet isolement, elles n'ont pu échappé mardi à la violente débâcle qui a balayé les places asiatiques dans le sillage des Bourses américaines.

De fait, les places chinoises restent massivement dominées par les boursicoteurs individuels, très suivistes et impulsifs, sensibles aux gros titres et au climat général.

"Le moral des investisseurs chinois a été largement plombé par la dégringolade de Wall Street, qui a alimenté une forte pression à la baisse sur les marchés locaux", explique à l'AFP Li Daxiao, analyste du courtier Yingda Securities.

Lundi, l'indice vedette new-yorkais Dow Jones avait chuté de près de 1.600 points en séance, du jamais vu, avant de clôturer en baisse de 4,60%, l'affolement général succédant brusquement à des mois d'euphorie boursière.

Malgré tout, le décrochage des Bourses de Shanghai et de Shenzhen devrait rester limité, estiment les experts, qui ne s'attendent guère à revivre le traumatisant krach de l'été 2015.

"Nous ne pouvons pas exclure que de grosses sociétés d'investissement et maisons de courtage vont intervenir", aiguillonnées par les autorités chinoises, "pour empêcher que le plongeon ne s'aggrave", estime M. Li.

D'ordinaire, "ils tendent à investir des liquidités fraîches dans les titres des grandes sociétés de qualité (+blue chips+) dans l'espoir de limiter le repli des indices", insiste-t-il.

Déjà, Shanghai avait terminé dans le vert lundi, à contre-courant des marchés mondiaux, alimentant des spéculations sur une intervention en sous-main de maisons de courtage encouragés par les autorités.

"De toute façon, les places chinoises sont d'ordinaire assez indépendantes des marchés mondiaux, donc il ne faut pas que les investisseurs s'inquiètent trop", tempère également Li Daxiao.

La Bourse de Shanghai s'était effondrée de façon spectaculaire sur plusieurs semaines durant l'été 2015, puis avait chuté de 12% sur l'année 2016 avant de se reprendre laborieusement l'an dernier, avec des fluctuations en montagnes russes.

Les autorités s'efforcent désormais de remettre de l'ordre dans ces marchés d'actions aux allures de casinos, en renforçant le poids des investisseurs institutionnels (fonds mutualistes, privés ou étatiques) face aux boursicoteurs particuliers, et en durcissant drastiquement le cadre réglementaire sur la spéculation et les investissements à crédit.

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