Une cotation sous haute surveillance

L’introduction en bourse de Shein est très attendue, mais elle prend plus de temps que prévu. Selon des sources proches du dossier, la Financial Conduct Authority (FCA) examine minutieusement les pratiques de surveillance de la chaîne d’approvisionnement de l’entreprise et évalue les risques juridiques associés. Cette démarche fait suite à la contestation de Stop Uyghur Genocide (SUG), une ONG qui pointe du doigt l’utilisation présumée de coton provenant de la région du Xinjiang, en Chine, où le peuple ouïghour serait soumis à des violations des droits humains, notamment au travail forcé.

Shein, dont le siège social est basé à Singapour, a déposé une demande confidentielle auprès de la FCA en juin dernier. L’entreprise attend également l’approbation des régulateurs chinois pour finaliser son IPO après le verdict de la FCA.

Des accusations qui freinent l’introduction

Six mois après le dépôt de la demande, peu d’avancées concrètes ont été signalées. En août, SUG a saisi la justice et envoyé un dossier à la FCA dénonçant l’origine du coton utilisé par Shein, affirmant qu’il proviendrait directement du Xinjiang. Les États-Unis et plusieurs ONG accusent la Chine d’y exploiter le travail forcé, notamment pour la récolte de coton.

En réponse, un porte-parole de Shein a affirmé que l’entreprise applique une politique de tolérance zéro sur ces pratiques. En août, Shein a publié un rapport mentionnant avoir identifié deux cas de travail d’enfants, mais aucun cas de travail forcé. En décembre, le groupe a annoncé la création d’un conseil consultatif ESG pour renforcer sa gouvernance et répondre aux attentes des régulateurs.

Un dénouement en faveur de Shein ?

Selon Lorna Emson, associée du cabinet Macfarlanes, la FCA n’a pas l’obligation de vérifier les preuves présentées par SUG et laisse généralement aux investisseurs le soin de tirer leurs propres conclusions. Si un problème est identifié, la FCA privilégiera un traitement direct avec l’entreprise.

La récente simplification des critères d’admission à la cotation, décidée sous la pression du gouvernement travailliste pour relancer les IPO au Royaume-Uni, pourrait jouer en faveur de Shein. Cependant, la FCA doit s’assurer que la gouvernance de l’entreprise est solide, notamment si une révision judiciaire est demandée par SUG.

Un précédent similaire avait vu une ONG demander un contrôle judiciaire après l’introduction en bourse d’Ithaca Energy. Cette requête avait été rejetée, et certains avocats britanniques estiment que le cas de Shein pourrait connaître un sort similaire, malgré les différences de contexte.