par Steve Holland et Jan Wolfe

WASHINGTON, 20 janvier (Reuters) - Donald Trump a formulé samedi des propositions en matière d'immigration pour mettre fin au "shutdown", la fermeture partielle de l'administration américaine, mais le compromis esquissé par le président républicain a été immédiatement rejeté par l'opposition démocrate.

S'exprimant depuis la Maison blanche, Donald Trump a de nouveau placé comme condition à la fin du "shutdown" le déblocage des fonds nécessaires à la construction d'un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.

Il a toutefois proposé en échange de prolonger pour trois ans la protection octroyée aux "Dreamers", des migrants arrivés illégalement aux Etats-Unis alors qu'ils étaient mineurs, et aux titulaires du statut légal temporaire, dans le but de convaincre les démocrates.

"Je suis ici pour sortir de l'impasse et montrer au Congrès la voie pour mettre fin au 'shutdown' et résoudre la crise le long de la frontière Sud", a déclaré Donald Trump, décrivant le système d'immigration américain comme "bien mal en point".

Mais ses propositions sont considérées comme insuffisantes par les démocrates et certains républicains du Congrès, qui demandent depuis plusieurs années que les "Dreamers" se voient accorder la citoyenneté américaine alors que l'administration Trump a cherché à mettre fin à leur statut.

Instauré par Barack Obama en 2012, le programme Daca (Deferred Action for Childhood Arrivals) protège d'expulsion 700.000 jeunes migrants, connus sous le nom de "Dreamers", arrivés illégalement sur le territoire américain avec leurs parents alors qu'ils étaient mineurs.

Le statut de protection temporaire, dit TPS, accordé aux ressortissants de certains pays frappés par des conflits ou des catastrophes naturelles, permet à plusieurs centaines de milliers de migrants de résider et travailler aux Etats-Unis.

"PRISE EN OTAGE"

Dans un communiqué, le chef de file de la majorité républicaine au Sénat a qualifié la proposition de Donald Trump de "solution audacieuse pour rouvrir le gouvernement, sécuriser la frontière et prendre des mesures bipartisanes destinées à résoudre les problèmes actuels liés à l'immigration".

Mitch McConnell tentera de faire adopter ce projet de loi par le Sénat la semaine prochaine, a précisé un porte-parole.

Le Parti démocrate insiste pour que les questions de sécurité frontalière soient discutées seulement une fois que le "shutdown" aura pris fin.

Avant même que Donald Trump prononce son discours, la présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, la démocrate Nancy Pelosi, a rejeté la proposition du chef de la Maison blanche.

"C'est le président qui, en premier lieu, a décidé de retirer unilatéralement la protection issue des programmes Daca et TPS. Proposer de réinstaurer certaines mesures en échange du mur n'est pas un compromis, mais une nouvelle prise en otage", a dit pour sa part le chef de file de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer.

Le bras de fer budgétaire au sujet du mur engagé avec les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants, a entraîné la paralysie d'un quart des services publics depuis le 22 décembre.

Ce "shutdown", qui est le plus long de l'histoire des Etats-Unis, affecte à des degrés divers 800.000 fonctionnaires - soit au chômage technique, soit tenus de travailler sans être payés.

Donald Trump réclame une enveloppe de 5,7 milliards de dollars pour financer un mur - ou une clôture métallique - à la frontière mexicaine, sa plus symbolique promesse de campagne. Selon certaines estimations, le coût total d'une barrière à la frontière serait de 24 milliards de dollars.

Le président républicain demande aussi au Congrès des fonds pour recruter 2.750 agents supplémentaires à la frontière.

S'exprimant devant les journalistes, le vice-président des Etats-Unis, Mike Pence, a déclaré que les propositions de Trump étaient fondées sur des discussions avec des dirigeants démocrates.

Il a ajouté que Trump espérait que des millions d'Américains fassent pression sur les démocrates afin que ceux-ci acceptent la proposition du président républicain.

D'après le secrétaire général de la Maison blanche, Mick Mulvaney, le recours à l'état d'urgence nationale reste une option pour obtenir le déblocage des fonds nécessaires à la construction du mur, mais n'est pas la solution privilégiée par Donald Trump. (avec Richard Cowan et Pete Schroededer; Danielle Rouquié et Jean Terzian pour le service français)