Les plus hauts continuent à s'enchaîner sur les marchés financiers, qui expérimentent depuis quelques semaines une configuration assez inédite. On a beaucoup lu que les styles d'investissement se sont inversés en novembre dernier, avec des valeurs cycliques et décotées qui ont commencé à afficher des performances supérieures aux valeurs de croissance. C'est bien sûr avéré, mais un second mouvement est venu se greffer là-dessus : les investisseurs ont commencé à brûler leurs idoles de 2020, notamment les sociétés qui ont bénéficié de la distanciation physique et celles qui sont perçues comme les bénéficiaires de la transition énergétique. Sans discernement d'ailleurs, puisque de belles entreprises sont emportées avec l'eau du bain.

Est-ce que la transition énergétique va s'arrêter ? Non. Est-ce que la numérisation de l'économie va s'arrêter ? Non. Les opportunités restent intactes mais pas à n'importe quel prix, c'est le message qui circule actuellement. Un peu de mesure ne nuit pas, mais il ne faudrait pas croire que les investisseurs sont devenus raisonnables. C'est juste qu'ils perçoivent parfois certains excès. Malheureusement, ce n'est pas une science exacte sinon les crises seraient toujours évitées. Pour le reste, les entreprises continuent à relever leurs objectifs 2021 à tour de bras. Pour autant que je puisse me fier à ma mémoire, je ne me rappelle pas en avoir vu autant, ni lors de la reprise post bulle internet et 11 septembre 2001, ni après la crise financière de 2008. Les objectifs prudents – ils avaient été fixés alors que les taux de vaccination étaient encore modestes – expliquent en partie ce raz-de-marée, mais le scénario de reprise économique est validé.

Les marchés conservent leurs poches d'exubérance, notamment parce qu'il y a trop d'argent qui circule, même s'il n'est pas toujours orienté là où les banques centrales souhaiteraient qu'il aille. Dans son rapport semestriel sur la stabilité financière, la Fed a alerté hier sur la nécessité d'apporter plus de transparence au "shadow banking", la banque de l'ombre qui passe sous les radars réglementaires et qui permet d'accoucher d'affaires comme Archegos. La banque centrale vise certains fonds spéculatifs et toutes les entités qui pratiquent l'effet de levier à outrance. Autant dire qu'elle a du boulot. Une industrie qu'elle alimente en quelque sorte, avec ses consœurs, en inondant les marchés de liquidités pour éviter la sortie de route des économies. Il y a d'autres zones d'irrationnalité, en particulier dans le domaine des cryptomonnaies, même si l'on croit au concept.

La dernière séance de la semaine se présente sous de bons Auspices en bourse, où les pics récents devraient être effacés au profit de nouveaux sommets à l'ouverture. Les indicateurs macroéconomiques américains et chinois sont robustes et contrebalancent la débâcle indienne face au coronavirus. Et dire que le pays était cité en exemple il y a quelques semaines comme étant proche de la sortie de crise. S'il y a une certitude à avoir concernant ce coronavirus si déroutant, c'est que l'humilité est un préalable à toute approche politique et sanitaire. La situation en Inde aura nécessairement des répercussions à l'échelle mondiale, que ce soit sur l'économie (Bloomberg dépeint dans un article du jour la façon dont les bases arrières des institutions financières et des sous-traitants informatiques sont affectées), sur la santé (le pays est un producteur majeur d'ingrédients et de produits finis pharmaceutiques) et sur la gestion de la pandémie. Sur ce dernier point, lisez ce très bon état des lieux des économistes Robert Carnell et Warren Patterson (en anglais) sur ce qui a amené cette situation en Inde.

Le CAC40 gagne 0,5% à 6390 points peu après l'ouverture. Les financiers attendent notamment le rapport sur l'emploi d'avril aux Etats-Unis, qui sera publié en début d'après-midi.

Les temps forts économiques du jour

La production industrielle de l'Allemagne (8h00) et de la France (8h45) lanceront la journée, avant les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis en avril (14h30) et les stocks des grossistes américains de mars (16h00). Ce matin, la Chine a fait état d'exportations plus solides que prévu en avril, tandis que l'indice PMI Caixin des services d'avril s'est révélé être particulièrement dynamique.

L'euro est remonté à 1,2066 USD. L'or a pris la pente ascendante en venant accrocher 1820 USD l'once, plus haut depuis plusieurs semaines. Le pétrole est ferme, tout près des 65 USD le baril WTI et à 68,30 USD le baril de Brent. Le Bitcoin perd un peu terrain à 56 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Anheuser-Busch Inbev : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 70 à 75 EUR.
  • ArcelorMittal : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 34 à 38 EUR. AlphaValue reste à renforcer avec un objectif de cours relevé de 27 à 30,40 EUR.
  • Bpost : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 11,75 à 13 EUR.
  • Carmila : Société Générale passe de conserver à vendre en visant 12,20 EUR.
  • Daimler : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 100 à 110 EUR.
  • Deutsche Bank : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 12,20 EUR.
  • Ericsson : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 135 SEK.
  • FACC : Berenberg passe de vendre à conserver en visant 8,50 EUR.
  • Freenet : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 22 à 25 EUR.
  • Genmab : Deutsche Bank reprend le suivi à l'achat en visant 2750 DKK.
  • Glanbia : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 12 à 15 EUR.
  • Hammerson : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 38 GBp.
  • Henkel : RBC reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 111 à 114 EUR.
  • Hornbach : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 90 à 99 EUR.
  • Hugo Boss : Baader Helvea passe d'accumuler à acheter en visant 50 EUR.
  • Infineon : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 41,50 EUR.
  • Klépierre : Société Générale passe de conserver à vendre en visant 19,80 EUR.
  • La Française des Jeux : Morgan Stanley démarre le suivi à pondération en ligne en visant 43 EUR.
  • Legrand : Morgan Stanley passe de souspondérer à surpondérer en visant 74 EUR.
  • Nokia : Morgan Stanley passe de pondération en ligne surpondérer en visant 5 EUR.
  • Outokumpu : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 5,70 EUR.
  • Rational : Oddo BHF démarre le suivi à sousperformance en visant 585 EUR.
  • Sika : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 290 à 321 CHF.
  • Société Générale : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 30 à 32 EUR.
  • TAG Immobilien : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 28 EUR.
  • TT Electronics : Barclays démarre le suivi à surpondérer en visant 280 GBp.
  • Ubisoft : Crédit Suisse abaissé son objectif de cours de 85 à 77 EUR.

En France

Résultats des sociétés

  • Aperam : les volumes expédiés en hausse de 14% au T1 permettent une amélioration des résultats. L'Ebitda du T2 sera en hausse. Il s'agit du meilleur trimestre de l'histoire de la société, selon son CEO.
  • Casino : le chiffre d'affaires s'est contracté de 6,4 % au T1, à 3,39 Mds€. Le distributeur envisage toujours la cotation en bourse de sa filiale énergie verte GreenYellow.
  • Credit Agricole : les résultats ont très fortement progressé au T1. Il s'agit du meilleur trimestre du groupe depuis 2012.
  • Europcar : les revenus sont en baisse de 36 % à 356 M€ au T1. Le groupe ne peut donner de prévisions chiffrées, mais s'attend néanmoins à une reprise de la croissance sur l'exercice entier.
  • Klépierre : 55 % des magasins sont ouverts et près de 95 % devraient l’être à la fin du mois de mai. L'objectif de cash-flow net est abaissé à 1,80 EUR par action. Un dividende en numéraire de 1 EUR sera proposé. La dette est en légère baisse à 9 Mds€.
  • Rubis : le chiffre d'affaires s'est contracté de 24 % à 987 M€ au T1. Le management évoque une "consolidation des marges à haut niveau" et se montre résolument confiant pour l'avenir, en étant à l'affût des opérations de croissance externe, avec une enveloppe de l'ordre d'1 Md€ à disposition.
  • Vilmorin : le groupe affiche une croissance organique de 10,3 % sur son troisième trimestre fiscal, avec des ventes de 1,1 Mds€. Les objectifs annuels sont révisés en hausse.

Annonces importantes

  • Orange échoue à prendre le contrôle à 100% de sa filiale belge, Orange Belgium, faute de prix suffisant.
  • Gecina et Woodeum signent un partenariat pour développer 1 000 logements en structure Bois et Bas Carbone en France.
  • Bouygues Telecom signe un financement de 350 M€ avec la BEI.
  • Euronext émet 1,8 Md€ d'obligations pour payer le rachat de Borsa Italiana.
  • Dassault Aviation lance le Falcon 10X, "le plus avancé et le plus spacieux des avions d'affaires".
  • Technip Energies lance une gamme de solutions aux coûts optimisés et à faibles émissions de CO2 pour la production d'hydrogène.
  • Icade signe l'acquisition de 5 actifs de santé pour 51 M€ en Italie.
  • Verallia a placé une obligation de 500 M€ à 7 ans avec un coupon de 1,625%, avec des obligations environnementales.
  • Imerys a placé une obligation de 300 M€ à 10 ans avec un coupon de 1%, avec des obligations environnementales.
  • Precia finalise l'acquisition de Creative IT.
  • Trois nouveaux administrateurs pour Carmat.
  • Genoway veut lever 5 M€ à 4 EUR l'action.
  • Emova annonce le renforcement de son parc de succursales.
  • Auplata met en place une ligne de financement en fonds propres.
  • Natixis, Tessi, Akwel, Delta Plus, Ateme, Akka, Cellectis, Cnova, Abionyx, Fleury Michon, Celyad, ont publié leurs comptes et/ou présenté leurs perspectives.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Adidas : le groupe allemand a relevé des objectifs 2021 après la publication de ses résultats du premier trimestre.
  • AIG : le titre baisse légèrement après la séance, après la publication des résultats du T1.
  • Beyond Meat : encore une déception sur les résultats du groupe, dont le titre décroche 7 % après la séance.
  • BMW : le constructeur automobile a confirmé ses ambitions 2021 mais prévient que la suite de l'exercice sera probablement volatile.
  • Enel : l'énergéticien italien a vu ses revenus reculer de 14,4 % au T1, ce qui amputé de 5,7 % son bénéfice net, qui atteint toutefois 1,17 Md€.
  • International Consolidated Airlines : la maison-mère de British Airways et Iberia accuse une perte opérationnelle de 1,1 Md€ au T1, en ligne avec les attentes.
  • Peloton Interactive : les bons résultats trimestriels redonnent des couleurs au titre, sévèrement attaqué avant-hier après l'affaire des tapis de course dangereux.
  • Leonardo : le groupe d'électronique et de défense italien était légèrement déficitaire au premier trimestre, mais le chiffre d'affaires est en hausse et les entrées de commandes sont solides.
  • Siemens : en marge de ses résultats du T1, le groupe relève ses prévisions 2021.

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Lectures