Rentrée dans le doute pour les petites valeurs

L’été fut calme. En l’absence de publication et d’évènement macro-économique majeur, le léger repli d’août a neutralisé les maigres gains enregistrés en juillet par les grandes et moyennes valeurs françaises. Les plus petites capitalisations françaises et européennes sous-performaient une fois encore, avec un repli de plus de 3% en août pour l’indice CAC Small et le STOXX® Europe Small ex UK NR. 

Evolution, dividendes inclus, des indices d’actions françaises par taille de capitalisation depuis début juillet 2023

En revanche, la rentrée est douloureuse. Depuis début septembre, le doute s’empare des PME cotées. De nombreuses publications ont déçu et les perspectives de résultat 2023 et 2024 sont revues en baisse. Malgré cela, elles semblent encore trop élevées. Cela explique certainement une partie du décrochage de l’indice CAC Small depuis 3 semaines.  

Dans ce contexte, les OPA sont à peu près le seul moyen pour les investisseurs small cap de surperformer les grandes valeurs. 

Depuis début juin, pas moins de 11 opérations ont été lancées sur la place parisienne, moyennant des primes régulièrement au-dessus des 50% par rapport au cours de clôture précédant l’offre. 

Ces opérations ne suffisent cependant pas à tirer la performance des indices de petites et moyennes valeurs vers le haut et la sous-performance de la classe d’actif est criante sur 5 ans comme le montre ce graphique ci-dessous. 

Evolution, dividendes inclus, des indices d’actions françaises par taille de capitalisation sur 5 ans. 

Revue des meilleurs fonds Small Caps à la fin du mois dernier  

(Source : Quantalys, rapport mensuel des sociétés de gestion)

Le contexte étant dressé, venons-en aux mouvements de nos fonds vedettes à travers notre tableau synthétique.

De façon générale, nous remarquons que :

  • La performance moyenne des fonds de la sélection (+7.2% en 2023) est cohérente avec celle des indices de petites et moyennes valeurs européennes et dépasse largement celle des indices de petites valeurs françaises, étales sur 2023. Deux fonds se détachent depuis le début de l’année : Quadrige Europe Midcap et MCA Entreprendre PME (+16 et +14% respectivement à fin août ;
  • Parmi les dossiers très détenus par notre sélection de fonds, on recense notamment Trigano, Voyageurs du Monde, Robertet, Thermador, Mersen, Precia, Equasens, Fountaine Pajot, Beneteau, Gerard Perrier et les ESN Sword/Neurones/Aubay/Infotel/Wavestone ;
  • Les taux d’investissement sont très élevés et stables dans l’ensemble.

De façon plus particulière, nous notons que :

  • Gay-Lussac Microcaps a renforcé plusieurs convictions à l’occasion de sa réouverture en juillet. Les gérants ont ainsi complété la ligne Cembre, un fabricant italien de matériel électrique. « La société bénéficie de tendances structurelles fortes de l'électrification, affiche des marges opérationnelles élevées et un bilan sain. Son initiation récente par un broker a porté le titre ces dernières semaines. Nous avons poursuivi nos achats en TXT, une Entreprise de Services du Numérique (ESN) italienne qui a fortement amélioré sa génération de trésorerie, dispose d'actifs financiers valorisables et devrait bénéficier d'une bonne dynamique dans les prochains mois. Par ailleurs, nous nous sommes également renforcés dans Groupe Guillin, que nous considérons peu valorisé. Nos ventes ont été peu nombreuses dans cette période de collecte pour le fonds. La plus notable concerne SII, que nous avons allégé en début de mois. Malgré une bonne publication et des objectifs réaffirmées pour le groupe, nous observons une prudence relative du management quant à la croissance du second semestre. Nous avons également réduit notre position Hunyvers, après une bonne performance depuis nos derniers renforcements en mai. Cet allègement relève d'une prudence sur le secteur de la consommation discrétionnaire et n'enlève rien aux qualités fondamentales de la société ». A noter que le reporting consacre un long développement à l’ESN IT Link, « titre du mois ».

 

  • MCA Entreprendre PME constate un certain ralentissement de la demande pour le 2e semestre 2023, « ce qui incite à une grande sélectivité les choix d’investissement », d’autant plus qu’actuellement, « les mauvaises publications sont fortement sanctionnées (Focus), alors que les bonnes nouvelles n’occasionnent pas de fort rebond (SII, Hopscotch, Lacroix) ». Les meilleures contributions du mois sont encore Memscap (+1,88pt grâce à une hausse de 21%) : « le titre poursuit sa revalorisation boursière. La société est une des rares à dégager une marge d’EBITDA supérieure à 25 % parmi les small caps. La société n’est pas endettée et offre des perspectives de croissance à deux chiffres ». Pizzorno « a annoncé le renouvellement et l’extension du contrat pour la collecte des déchets ménagers de la métropole du Grand Lyon, un contrat majeur pour le groupe qui représentera 97 M€ sur 7 ans ». Sur le mois, le fonds a « initié une nouvelle position en NRJ Group. Le groupe de médias offre un profil défensif, avec plus de 60 % de sa capitalisation en cash (qu’il peut d’ailleurs placer à des taux intéressants) et en délivrant des marges élevées. La seule problématique sur le dossier est que la partie TV n’est pas rentable, mais les pertes se réduisent d'année en année. » Le fonds a apporté ses titres à l'OPA sur Biocorp et nous a soldé sa position en Damartex « qui est pénalisée par la baisse de la demande dans la consommation discrétionnaire ». 

 

  • Quadrige Europe Midcaps recule de -0,62% en août, soit une performance de +15,88% depuis le début de l’année. « Le français Verallia (+9,4%) profite des relèvements d’estimations des analystes à la suite de la récente actualisation à la hausse de ses perspectives annuelles après une croissance de +55% de ses profits opérationnels au 1er semestre. L’italien Fila (+4,3%) affiche depuis le début de l’année une croissance de +7% de ses profits et confirme le projet d’introduction en Bourse de ses activités indiennes. L’allemand Teamviewer (+10,8%) dépasse les attentes du consensus avec une progression de plus de +12% de ses activités au 1er semestre. Le français CGG (+13,7%) profite du rebond du prix du pétrole et annonce l’extension de sa gamme de produits pour l'étude des fonds marins à toutes les profondeurs d'eau, soit jusqu’à 6 000 mètres. L’allemand CTS Eventim (-7,3%) ne profite pas de l’ajustement à la hausse de ses perspectives de croissance annuelle. Le belge Melexis (-10,9%) subit des prises de profits du fait de la prudence des investisseurs à l’égard de l’industrie des semi-conducteurs. Le groupe vient néanmoins de relever son objectif de croissance 2023 dans le haut de sa précédente fourchette, soit désormais entre +14% et +16%. L’italien Marr (-4,0%) enregistre une hausse de +28% de ses résultats opérationnels mais n’actualise pas à ce stade ses perspectives de développement pour les prochains trimestres. Ce mois-ci les gérants consacrent un long paragraphe au belge Barco (-6,5%) spécialiste incontournable des solutions de visualisation et d’affichage qui bénéficie de positions de leader mondial sur l’ensemble des niches d’activités qu’il adresse telles que les vidéoprojecteurs de cinéma, les solutions de travail collaboratif en entreprise, avec sa solution ClickShare dédiée aux salles de réunion, et l’imagerie médicale de radiographie et de chirurgie. Cette position a été récemment renforcée.

 

  • Erasmus Small Cap Euro termine en ligne avec son indice de référence. « Les valeurs de semi-conducteurs liées au secteur automobile, Elmos et Melexis, sont les deux contributions les plus négatives sur le mois, sans raison fondamentale, liées à des commentaires de brokers. L’augmentation structurelle du contenu technologique par véhicule nous rassure et va porter durablement ces deux sociétés ». « En face, Rovi profite d’une excellente tenue de son activité hors Covid et, en parallèle, de craintes de nouvelles vagues pandémiques. Salcef poursuit son excellent parcours, avec l’annonce de gains de nouveaux contrats. Côté mouvement, nous avons cédé en début de mois nos titres Alfen, en raison de crainte sur l’environnement concurrentiel. Nous avons également fini de céder nos titres de GPI, en raison d’une politique de croissance externe qui nous paraît risquée » commente le gérant.

 

NB : les fonds ont été sélectionnés selon leur performance sur longue période (nous avons retenu une durée de 5 ans, durée généralement retenue pour l’investissement dans les fonds actions), leur volatilité et leur forte pondération en petites valeurs françaises (minimum 20% du fonds).