Le rebond des BPA attendra

Les petites et moyennes capitalisations françaises évoluent sensiblement comme les grandes depuis début juillet. Au 19 août, la balance estivale est légèrement positive, ce qui est un peu mieux que le CAC 40. Il faut dire que le mois de juin avait touché de plein fouet les petites valeurs françaises avec l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale.

Evolution, dividendes inclus, des indices d’actions françaises par taille de capitalisation depuis début 2024

Depuis, les publications semestrielles ont montré que l’activité manquait clairement de dynamisme, sans trop inquiéter à ce stade malgré quelques avertissements sur résultat.  Les espoirs de rebond de l’activité sont souvent repoussés à la fin du second semestre 2024 et même à 2025. Les prévisions de bénéfices par action 2024 ont été largement rabotées en l’espace d’un mois et sont maintenant attendues, en moyenne pour les valeurs du Cac Mid&Small, en hausse de 1.6%. C’est moins que l’inflation et moins que pour les valeurs du CAC 40 (+5.6%). Il faudra donc probablement attendre 2025 pour espérer faire levier sur les résultats avec les petites valeurs (+16% vs +11% attendus en 2025). En Zone euro, le consensus de bpa de +3% en 2024e et +10% en 2025e est jugé irréaliste par le CIC qui attend au mieux +4%.

En attendant, les gérants se raccrochent à des niveaux de valorisation jugés toujours attractifs une fois les prévisions dégradées. L’annonce de pas moins de 4 nouvelles OPA en juillet sur Exclusive Networks (prime spot 10%), Berkem (prime spot 64%), Lexibook (prime spot 18%) et Eurobio Scientific (prime spot 39%) semble confirmer la pertinence de ce jugement.

Et pour ceux qui s’ennuieraient en attendant la rentrée, on pourra jeter un œil du côté des stars déchues de la crise sanitaire (à l’image de Novacyt, Biosynex, Valneva et autres Euromedis), revigorées depuis quelques jours par l’épidémie de Mpox. Histoire de se rappeler quelques souvenirs, à défaut de s’offrir un peu d’adrénaline estivale.

Terminons par notre habituel graphique d’évolution des indices français selon la taille de capitalisation qui montre que dividendes inclus, la sous-performance de la classe d’actif reste criante sur 5 ans, de l’ordre de 40 points.

Evolution, dividendes inclus, des indices d’actions françaises par taille de capitalisation sur 5 ans.

Les remarques générales

(Source : Quantalys, rapport mensuel des sociétés de gestion)

De façon générale, nous remarquons que :

Les derniers arbitrages des pros

Gay-Lussac Microcaps a « prudemment renforcé certaines positions injustement affectées par la baisse du marché. Ce fut notamment le cas d'Interparfums, qui a publié d'excellents résultats et a rassuré le marché par le renouvellement de son partenariat de neuf ans avec Van Cleef & Arpels. Nous avons également accru notre position en Guerbet, qui, malgré une bonne publication, a subi une forte correction après l'abaissement de la recommandation d'un analyste sell-side. La demande solide observée sur Elucirem aux États-Unis nous rend optimistes quant à la commercialisation de cet agent de contraste en Europe, attendue au second semestre 2024. Enfin, nous avons renforcé notre position en LNA Santé, que nous jugeons sous-évaluée malgré un environnement réglementaire exigeant. Du côté des ventes, nous avons essentiellement procédé à des écrêtements de lignes afin de respecter notre gestion en budget de risque. Ce fut le cas pour Esker, Sword et Groupe Guillin. Ces allègements ne remettent nullement en cause notre opinion positive sur ces trois sociétés. Nous avons également profité de l'OPRA sur Voyageurs du Monde pour apporter une partie de nos titres à 150€ afin de saisir l’opportunité d’arbitrage mais aussi de réduire notre exposition à ce titre dont la liquidité va devenir très restreinte et les performances moins spectaculaires qu’elles ne l’ont été ces derniers semestres ».

Indépendance France Small s'est renforcé en juillet 2024 en Dassault Aviation, Nexans et NRJ qui ont publié de bons résultats semestriels. Le fonds s’est allégé en Rheinmetall bien valorisé et a cédé ses actions Verallia dont les résultats baissent. De son côté, Indépendance Europe Small & Mid a cédé ses investissements dans Knaus Tabbert, Duni, Piovan et Séché Environnement. A l’inverse, le fonds s’est principalement renforcé dans Heijmans, Danieli, Grupo Catalana Occidente et Mersen. Le fonds Europe a initié de nouveaux investissements dans les entreprises Ence et ICOP, entreprise familiale italienne introduite en bourse à Milan fin juillet.

HMG Découvertes a renforcé deux lignes du secteur des médias ont notamment été complétées : NRJ après des ventes à bon compte réalisées avant la non présélection de la candidature de la chaîne TNT NRJ12 par l’Arcom, et Bolloré après la baisse de son cours qui a suivi celle du cours de sa participation dans Universal Music Group. Nous avons aussi profité de la chute du cours de l’action Scor pour renforcer cette ligne alors qu’un dividende stable devrait pouvoir être maintenu, ce qui assurerait un rendement approchant les 10%. Une nouvelle ligne en Exosens est entrée dans le portefeuille : il s’agit ici de jouer la dynamique des marchés de l’électronique de défense, via le leader incontesté de plusieurs niches de marchés que sont par exemple les équipements de vision nocturne ou de détection de signaux optiques. Quelques profits partiels ont été pris sur le distributeur d’énergies Rubis, tandis que les lignes dans les sociétés de conseil informatique Aubay et Sopra étaient soldées, et que la position dans la société Believe (contenus musicaux) était apportée à l’OPA.

 MCA Entreprendre PME note que les cycliques en portefeuille ont signalé un net ralentissement au deuxième trimestre, comme Beneteau, Wavestone, Nacon, Okwind, Lacroix, et Herige. « Cependant, nous avons également eu quelques belles surprises, notamment avec GL events, Stif, Cogelec et NRJ. Dans ce contexte, le stock picking devient crucial. Le fonds a progressé de 6,36% en juillet, tandis que l'indice CAC Small NR a rebondi de 6,20%. Les contributions les plus significatives du mois sont les suivantes : Medincell (+1,06%) : Teva, partenaire de Medincell a confirmé les objectifs de commercialisation pour 2024 pour Uzedy. Teva a aussi rassuré ainsi sur l'efficacité d'Olanzapine, actuellement en phase 3. Memscap (+0,80%) : le titre a rebondi après plusieurs semaines de correction. La montée en puissance du partenariat avec Meggitt constituera un important relais de croissance dans les mois à venir. Eurobio Scientific (+0,77%) : le titre a été suspendu le 31 juillet, suite à la volonté de la direction et d'un consortium de retirer la société de la bourse au prix de 25,30€, soit une prime de 39%. Avant cette opération, la société était pratiquement valorisée au prix de son acquisition de Gendx (rappelons que cette acquisition s'élevait à 135 M€ il y a deux ans), alors que Gendx ne représente que 20% du chiffre d'affaires d'Eurobio. Courant juillet, nous avons cédé notre position en Visiativ suite à l'offre publique d'achat pour profiter de la baisse de certains titres » (cf tableau).

Tailor Entrepreneurs surperforme toujours depuis le début de l’année (+11.8% à fin juillet). Ce tout petit fonds (5M€ d’encours) bénéficie d’une capitalisation moyenne pondérée de ses positions relativement élevée, à 5.1 Md€.  « Si les banques (BPER, Banco BPM ou Banco Comercial Portugueses), la Défense (Indra Sistemas, Exosens) et les valeurs industrielles (ID Logistics, Nexans ou Arteche) se sont bien comportées ; le secteur technologique a particulièrement souffert de cette intensification des relations entre la Chine et les Etats-Unis. Ainsi malgré de très bonnes publications et des perspectives solides, les équipementiers (producteurs de machines pour la fabrication de semi-conducteurs : ASM International, Suss Microtec) que nous avions en portefeuille ont particulièrement soufferts. Etant investis sur le moyen-terme sur ce thème et les perspectives étant intactes, nous avons choisi de rester constructifs sur le secteur et avons profité de points bas pour nous renforcer à la baisse.

NB : les fonds ont été sélectionnés selon leur performance sur longue période (nous avons retenu une durée de 5 ans, durée généralement retenue pour l’investissement dans les fonds actions), leur volatilité et leur forte pondération en petites valeurs françaises (minimum 20% du fonds).