Après un début d’avril très frais sur fond de guerre commerciale lancée par les Etats-Unis, les plus jeunes pousses de la cote, légèrement épargnées compte tenu de leur activité plus domestique, ont largement profité du réchauffement des relations commerciales. Les plus petites valeurs, en France comme en Europe, ont même fini le mois d’avril dans le vert alors que les grandes sont restées en territoire négatif.
Depuis quelques jours, le compartiment Small et Micro caps fait même l’objet d’un retour en grâce à la faveur d’une moindre aversion au risque. Cela se traduit à la fois par une chasse aux bonnes affaires jusque dans le secteur automobile où les décotes sur fonds propres dépassent allégrement les 50% (la valeur d’entreprise d’Akwel approche même les 0 alors que la société a encore amélioré sa trésorerie nette au 1er trimestre) et par des comportements extrêmement opportunistes de PME cotées pour profiter de l’essor des crypto monnaies.
Evolution, dividendes inclus, des indices d’actions françaises par taille de capitalisation depuis le 1er janvier 2025
Sur le terrain des publications, l’activité au 1er trimestre traduit une économie européenne atone, avec en France un effet calendaire peu favorable qui sera encore présent au second trimestre compte tenu d’un mois de mai où le temps de travail sera limité par le nombre record de jours de congés. Dans ce contexte, et compte tenu de la faible visibilité sur la seconde partie de l’année, les prévisions de bénéfices annuels continuent d’être ajustées à la baisse, tout en conservant une perspective de croissance à deux chiffres pour les plus petites valeurs en 2025 (Euronext Growth +10% et Small 90 +18% vs. CAC 40 +3.6% pour les BPA 25 attendus, source Portzamparc le 16 mai 2025).
Coté opérations financières, c’est calme depuis un mois (OPR Believe, OPAS Altamir), en espérant l’annonce de quelques IPO d’ici l’été malgré un climat des affaires incertain.
Terminons par ce graphique qui montre la quasi-stagnation des petites capitalisations sur 7 ans alors que les grandes valeurs françaises malgré le spectaculaire rebond amorcé le 7 avril dernier.
Evolution, dividendes inclus, des indices d’actions françaises par taille de capitalisation sur 7 ans
Les remarques générales
(Source : Quantalys, rapport mensuel des sociétés de gestion)
De façon générale, nous remarquons que :
- Les fonds de la sélection affichaient une performance 2025 de +6.9% en moyenne à fin avril, vs +5% fin mars. Les fonds Indépendance Europe Small et Tailor Actions Entrepreneurs sont largement en tête, à la fois sur 2025 et sur 5 ans. A noter qu’Indépendance Small Europe gère 500 M€ et collecte fortement ces derniers mois, alors que Tailor Actions Entrepreneur affiche un encours de 13 M€.
- Au moins deux fonds ont renforcé Clinica Baviera et SFPI tandis que deux ont vendu Vetoquinol. Controverse sur Delta Plus, sortie par Gay Lussac Microcaps et renforcée par Idam Small Euro. Controverse également sur Thermador et Vallourec, ce dernier titre ayant été sorti par Indépendance AM et entré par HMG. Un certain nombre de fonds ont fait des liquidités ou collecté en avril.
- Parmi les dossiers très détenus ou récemment achetés par notre sélection de fonds, on recense notamment Ala (OPA en cours), GTT, Wavestone, Infotel, Aubay, Exail, Exosens, Fountaine Pajot, Neurones, Robertet, Trigano, Guillin, Reway, Technip Energies, Tecnicas Reunidas, Precia, Maire Tecnimont, SAF-Holland, Clinica Baviera, Theon International, Vusion Group et Stef.
Les derniers arbitrages des pros
- Indépendance Europe Small a initié « deux nouveaux investissements dans les sociétés Royal BAM (Pays-Bas) et METLEN (Grèce) ; et a renforcé ses investissements dans les sociétés WeBuild (Italie), Clinica Baviera (Espagne) et Implenia (Suisse). Le fonds a vendu ses investissements dans les sociétés Grupo Catalana Occidente (Espagne) après l’offre publique de rachat, Vallourec (France) et Okwind (France) ». Le fonds France Small & Mid « s'est allégé en Grupo Catalana Occidente (OPA en cours) et investi dans Publicis, best in class, Havas, mal valorisé, et METLEN, conglomérat grec présent dans l'énergie et l'aluminium ». A noter également le retour d’Amundi dans le fonds.
- Gay-Lussac Microcaps « s’affiche en léger retrait sur le mois (part A -0,3%), pénalisé par plusieurs titres qui n’ont pour le moment pas bénéficié du retour des flux et de l’optimisme relatif sur les petites valeurs françaises. Du côté des achats, nous avons poursuivi notre ligne ABC Arbitrage, qui bénéficie du regain de volatilité des marchés depuis l’élection de Donald Trump. Le maintien du VIX à des niveaux élevés milite ainsi pour une progression significative des résultats sur le premier semestre. Nous avons également renforcé 74Software, dont la publication du premier trimestre était de très bon augure, avec une croissance organique de 6,1%, au-delà des attentes. Enfin, nous avons renforcé notre ligne Equasens, valeur pour laquelle le plus dur semble derrière elle. Le groupe mise sur une reprise de la croissance en 2025 et bénéficie d’une situation de trésorerie nette toujours importante. Par ailleurs les récents achats de titres de la part du Président-fondateur ont envoyé un signal positif au marché. Du côté des ventes, nous avons soldé notre ligne Delta Plus, essentiellement par prudence dans un contexte macroéconomique qui se tend. Après la publication d’une marge opérationnelle en retrait sur 2024, le groupe se veut prudent dans ses objectifs de croissance 2025. Nous avons également allégé notre ligne Vetoquinol, dont la publication du premier trimestre fut décevante. Les États-Unis restent à la peine et le groupe guide sur un marché attentiste, laissant entrevoir la possibilité d’une décroissance organique sur l’année. Enfin, nous avons cédé des titres Thermador, dont le premier trimestre est lui aussi ressorti sous les attentes et les perspectives mal orientées à court terme.
- Tailor Actions Entrepreneurs « a fortement surperformé son indice de référence. Dans le dernier commentaire mensuel, nous expliquions avoir privilégié certains thèmes et certaines géographies sur fonds de tensions commerciales persistantes. Paris gagnants. Nos expositions aux thèmes de la défense (Renk, Exail Technologies, Avio), à la transition énergétique (Maire Tecnimont, Stif, Arteche) et le prisme allemand assumé (Vossloh, Nemetschek, etc.) ont largement contribué à la performance. Frustrations et opportunités. Nous évoquons ici des allocations qui n’ont pas rempli leur office défensif (Tecnicas Reunida, Subsea 7, SOL), elles auront le mérite de contribuer à générer la performance future. »
- En avril, Mirabaud Discovery Europe Ex-UK a pris une position sur Cicor Technologies, « une holding industrielle suisse. Cicor est un fabricant de composants électriques pour les satellites, les prothèses auditives et l'aérospatiale et la défense. Les circuits imprimés sont le cerveau des équipements modernes et l'externalisation de leur développement et de leur production est nécessaire pour ajouter des fonctionnalités plus intelligentes à des appareils tels que les prothèses auditives et ainsi améliorer la sécurité des personnes. Alors que les nombreuses crises auxquelles l'Europe a été confrontée s'effacent et que de nouveaux défis émergent, nous observons une certaine résilience et entrevoyons des opportunités. L'inflation commence à ralentir et les banques centrales européennes assouplissent leurs politiques, mais le resserrement monétaire persiste à l'échelle mondiale. Nous restons donc vigilants. Nous entrevoyons une opportunité permanente de découvrir des investissements fondamentaux ‘bottom-up’ pour notre portefeuille afin de générer des rendements composés sur le long terme ».
- HMG Découvertes, qui avait très bien performé dernièrement, était stable en avril alors que son indice de référence le CAC Small a gagné 5.8% : « Comme depuis longtemps, la sélection de valeurs du FCP privilégie volontiers des valeurs d’actifs, souvent moins sensibles à la dynamique boursière de court terme » explique son gérant. « La performance mensuelle du fonds a essentiellement été pénalisée par le repli (-21%) du cours de la Compagnie du Cambodge. Pour mémoire, cette holding faîtière du groupe Bolloré a fait l’objet, en septembre 2024 d’un projet d’offre publique de retrait. Nous avons, de manière privée et publique, contesté les termes de ce projet, malgré une première amélioration des conditions financières (à 110 euros par action Compagnie du Cambodge) annoncée fin décembre. Et, à notre grande satisfaction, grâce à l’action conjointe d’excellents actionnaires minoritaires qu’il faut ici vivement remercier, l’Autorité des Marchés Financiers a rendu le 17 avril une rarissime décision de refus de ce projet d’opération, sous forme de l’annonce d’une décision de « non-conformité », initiative au combien inhabituelle, puisqu’il s’agit seulement de la troisième fois que cela se produit depuis plus de quinze ans. Pour l’essentiel, l’Autorité a remis en cause la complétude et la cohérence de l’information contenue dans le rapport de l’expert, rapport qui, notamment, validait l’application de multiples décotes venant grever la valeur intrinsèque de l’action Compagnie du Cambodge, désormais connue (238,30 euros !). A noter que, dans un probable signe d’apaisement, le groupe Bolloré a annoncé ne pas souhaiter contester en cour d’appel cette décision de l’Autorité. Au vu de ces éléments, la position en Compagnie du Cambodge a naturellement été légèrement renforcée en fin de mois. Pour continuer d’anticiper une amélioration du marché immobilier et de la rénovation qui ne manquera pas de survenir, les lignes en Thermador (négoce de matériaux) et en SFPI (serrures, fenêtres) ont été notamment complétées. Du côté des autres renforcements, on peut souligner des acquisitions en Aubay (conseil informatique), en Jacquet Metals, et dans le secteur aéronautique, en Lisi et en Figeac Aéro. Enfin, nous avons ré-initié une position en Vallourec, dont la reprise cette année du service d’un dividende (9,4% de rendement à venir le 26 mai) ne fait qu’attester du puissant redressement de ses comptes après tant d’années difficiles. Des profits partiels ont notamment été pris sur les lignes Louis Hachette et Trigano. Les lignes en Manitou et Vetoquinol ont été soldées.
NB : les fonds ont été sélectionnés selon leur performance sur longue période (nous avons retenu une durée de 5 ans, durée généralement retenue pour l’investissement dans les fonds actions), leur volatilité et leur forte pondération en petites valeurs françaises (minimum 20% du fonds).