Le contexte : des signaux encourageants pour 2020

La fin de l’année 2019 a été marquée par une progression régulière des marchés d’actions. Les raisons suivantes sont les plus fréquemment avancées par les gérants : 

  • apaisement de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis,
  • éloignement à court terme de la menace d'une sortie sans accord de l’Union Européenne avec la victoire du parti conservateur de Boris Johnson au Royaume-Uni,
  • une conjoncture européenne et américaine qui rassure (PMI composite de la zone euro qui se maintient légèrement au-dessus du niveau clé des 50, PIB Zone € T3 +1,2% et bonne tenue de la consommation outre-Atlantique)

Alors que le CAC 40 a continué son ascension ces dernières semaines, bien qu’à un rythme inférieur aux grandes valeurs américaines, les petites valeurs françaises ont fini par amorcer un léger rattrapage :

Ce petit rattrapage est loin de combler l’écart de près de 30% creusé depuis début 2018 entre petites et grandes valeurs :

Il faut dire qu’après une fin 2018 où leur liquidité a fait défaut, les petites valeurs n’ont pas été au rendez-vous des fondamentaux cette année, avec des prévisions de BPA 2019 et 2020 qui se sont détériorées au cours de l’année, alors qu’elles ont bien tenu sur le CAC 40, comme l’indique ce tableau réalisé par la société de Bourse Portzamparc (colonnes de droite).

ource : Portzamparc, le 14 janvier 2020
Source Portzamparc 14 janvier 2020

Enfin, remarquons que les small et mid caps françaises ont également fait moins bien que les européennes en 2019 après une année 2018 semblable :

Comme l’indique Portzamparc, la collecte des fonds spécialisés dans la classe d’actifs "Small et Mid Caps" a été déprimée toute l’année avant d’émettre quelques signaux positifs sur les dernières semaines :

Source : Portzamparc

L’année 2020 pourrait être excellente si la reprise de la collecte venait gonfler les valorisations (comblement de la décote de 25% vs les PME non-cotées et de la décote vs les plus grandes capitalisations) et se combiner aux attentes médianes d’évolution des bénéfices par actions 2020 ci-dessous …

Source : Portzamparc


Revue des meilleurs fonds Small Caps à fin décembre 2019   

(Source : Quantalys, reporting mensuel des sociétés de gestion)

Le contexte étant dressé, venons-en aux mouvements de nos fonds vedette à travers notre tableau synthétique.

Mouvements de nos fonds vedette

De façon générale, nous remarquons :

  • Une performance moyenne de la sélection depuis le début de l’année (+22%) égale à l’indice CAC Mid & Small et supérieure à celle du CAC Small (+17%).
  • Un taux d’investissement moyen autour de 95%, en légère baisse du fait de quelques fonds qui ont fortement collecté, pour un nombre moyen de valeurs en portefeuille toujours autour de 55.
  • La prédominance des secteurs IT/Santé/Industries dans cette sélection, et des valeurs de croissance en général.

De façon plus particulière, nous notons :

  • Chez HMG, Jean-François Delcaire a "profité de la forte valorisation atteinte par Neoen pour solder la position". Il craint une "perturbation de la performance de ses activités situées en Australie avec les catastrophiques incendies qui font rage là-bas depuis novembre".

Par ailleurs, si le gérant n’est pas surpris par la vente de Le Bélier par la famille, en revanche, l’acquéreur, et surtout le prix de la transaction majoritaire, l’ont surpris. Ce n’est pas le point de vue des gérants de Raymond James Microcaps qui "jugent que le prix proposé est en adéquation avec la valorisation des fondamentaux de la société" et qui par conséquent apporteront à l’offre.

HMG est également déçu du prix de l’opération retenu par les familles propriétaires sur Explosifs et Produits Chimiques, cette fois-ci inférieur au cours de Bourse et aux fonds propres part du groupe ! Le gérant conserve cette position en portefeuille depuis plus de 10 ans. Une stratégie d’investissement aux côtés du nouvel actionnaire qui devient fréquente alors que le gérant se réjouit des bonnes nouvelles en provenance de Latécoère, récemment passé dans les mains d’un fonds étranger.

Pour 2020, Jean-François Delcaire dit faire preuve d’une "grande sélectivité" en investissant dans "peu de valeurs perçues comme exposées au cycle économique dont on peut craindre un léger (mais réel) ralentissement, peu d’investissements dans les valeurs les plus ‘consensuelles’ du marché, et comme toujours, l’inclusion de sociétés pouvant faire l’objet d’opérations financières, au moment où on assiste à une reprise de ce thème depuis maintenant trois mois."

  • Chez Amplegest, où la collecte a été forte en décembre pour Amplegest PME, une partie des liquidités ont été investies en renfort des lignes Fountaine Pajot ("compte tenu de l’acquis et des perspectives, les multiples de valorisation sont très faibles : 5x le ROC 2020 et rendement du cash flow supérieur à 13% ") et Akka, et en initiant Akwel, un équipementier automobile.
  • A noter le mois dernier une forte déception sur Guerbet, valeur très présente dans les fonds de notre sélection. Le spécialiste des produits de contraste pour la radiologie (IRM notamment) a reculé de 21% en décembre et poursuivi sa chute depuis. La conséquence d’un changement de management et de révisions à la baisse de ses perspectives. La plupart des gérants ont confirmé leur conviction sur le dossier.
  • Autre valeur très détenue, Oeneo a fait l’objet d’une OPA de la part de la famille, actionnaire majoritaire du fonds, à 13,5 € par action, soit une prime de 11,6% par rapport au dernier cours coté, en vue de racheter l’ensemble des titres restants sur le marché et ainsi sortir de la Bourse. Comme le rappelle la Financière Tiepolo dans un courrier envoyé à ses clients, "ce n’est pas la première fois que la famille tente de retirer cette ‘pépite’ de la cote. La même opération avait déjà été lancée en avril 2013 au prix de 3,20 € par titre. L’actionnaire majoritaire était parvenu à monter à 63% du capital. Cette nouvelle opération démontre encore une fois la qualité de la société. Qui, mieux que les dirigeants familiaux, connaît la valeur et le potentiel de cet actif ? Nous partageons cette opinion et sommes confortés par les vertus de l’investissement à long terme". Depuis, le titre cote juste au-dessus du prix de l’offre. Le marché a donc voté : le prix n’est pas suffisant !

Pour terminer, voici quelques informations complémentaires sur la douzaine de fonds de petites valeurs sélectionnés.

Vous pouvez également lire l’interview du gérant du mois, Hugo Mas. Il gère le fonds Erasmus Small Cap Euro.

Les fonds ont été sélectionnés selon leur performance sur longue période (nous avons retenu une durée de 5 ans, durée généralement retenue pour l’investissement dans les fonds actions) et leur forte pondération en valeurs françaises capitalisant moins d’un milliard d’euros (minimum 20% du fonds).

On y remarque que le style de gestion "croissance" ou "growth" domine la sélection et que le nombre de titres en portefeuille varie facilement du simple (40 valeurs) au double (80 valeurs).


GLOSSAIRE : LES STYLES DE GESTION

Le style de Gestion « Croissance » ou « Growth » privilégie les valeurs de croissance. Ces valeurs sont choisies pour leur fort potentiel de développement, en mettant au second plan leur valorisation boursière au regard du chiffre d’affaires et des résultats actuellement réalisés. Ces sociétés sont en effet souvent populaires et chères car leurs perspectives sont élevées et leur valorisation anticipe une poursuite de la croissance des bénéfices. Les plus belles valeurs de croissance sauront croitre par-delà les cycles et prendre régulièrement des parts de marché par croissance organique ou externe.

Secteurs surreprésentés : la technologie, la santé. Ex. de valeur de croissance : Eurofins, Orpéa, Interparfums …Typiquement, leur PER dépasse les 20x.

Le style de Gestion « Valeur » ou « Value » privilégie les valeurs décotées, mal valorisées, et souvent mal-aimées. Les gérants se focalisent alors sur les chiffres publiés, plus rassurants que des prévisionnels incertains par nature. Les valeurs de croissance sauront croitre par-delà les cycles et prendre des parts de marché par croissance organique ou externe.

Secteurs surreprésentés : les valeurs cycliques, l’automobile, les bancaires, la construction. Ex. de valeur : Quadient, Hexaôm, Plastivaloire, ALD, Ipsos … Typiquement, leur PER est inférieur à 10x.

Le style de Gestion « GARP » ou Growth At Reasonable Price ou Croissance à prix raisonnable, cherche à trouver un juste milieu entre les deux, à dénicher des valeurs de croissance certes, mais pas à n’importe quel prix.

Ex. de valeur : Figeac Aéro, SII, Vétoquinol … Typiquement, leur PER se situe entre 10x et 20x.

Finissons par une citation de Warren Buffet : « Mieux vaut acheter une entreprise extraordinaire à un prix ordinaire qu’une entreprise ordinaire à un prix extraordinaire. »