PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont terminé en ordre dispersé jeudi après le discours un peu moins dur qu'anticipé de la Banque centrale européenne (BCE) sur l'évolution de ses taux d'intérêt et l'annonce d'un rebond plus marqué qu'attendu de l'économie américaine au troisième trimestre, deux facteurs venus s'ajouter à une pluie de résultats de sociétés.

À Londres, le FTSE 100 a avancé de 0,25% et à Francfort, le Dax a pris 0,12%. Mais à Paris, le CAC 40 a perdu 0,51% (32,28 points) à 6.244,03 points, plombé par la chute de STMicroelectronics après des prévisions jugées décevantes.

Quelques minutes après la clôture en Europe, Wall Street évoluait aussi en ordre dispersé, le Dow Jones s'adjugeant près de 1% tandis que le Standard & Poor's 500 abandonnait 0,15% et que le Nasdaq Composite cédait 0,95%.

Ce dernier était plombé par la chute de 22,82% de Meta Platforms, lourdement sanctionné après avoir dit tabler sur un ralentissement de sa croissance et une hausse de ses coûts.

Le Dow, lui, profitait au contraire du chiffre supérieur au consensus du produit intérieur brut (PIB) américain au troisième trimestre, dont la croissance ressort à 2,6% en rythme annualisé contre 2,4% attendu.

De l'autre côté de l'Atlantique, la BCE a sans surprise annoncé un nouveau relèvement de trois quarts de point de ses taux directeurs et sa présidente, Christine Lagarde, a clairement dit que de nouvelles hausses étaient à prévoir mais elle s'est refusée à tout commentaire sur leur rythme et leur ampleur, en soulignant que les risques entourant les perspectives de croissance restaient orientés à la baisse.

"Les déclarations de la BCE suggèrent que'elle pourrait ralentir le resserrement monétaire", a commenté Massimiliano Maxia, stratège senior taux fixes d'Allianz Global Investors. "Elle n'a évoqué aucune mesure de resserrement quantitatif et dit qu'elle prendrait ses décisions réunion par réunion, en fonction des données économiques."

TAUX

La tonalité du discours de la banque centrale et de sa présidente ont favorisé un net recul des rendements obligataires dans la zone euro: celui du Bund allemand à dix ans a chuté de plus de 11 points de base pour revenir sous 2% pour la première fois depuis le 5 octobre, et son équivalent français a chuté de près de 14 points à 2,517%.

Sur le marché obligataire américain, l'espoir de voir la Réserve fédérale ralentir le rythme de la hausse de ses taux, nourri par le détail des chiffres du PIB montrant un ralentissement de la consommation, favorise également un recul des rendements: le dix ans revient à 3,929% et le deux ans à 4,3297%.

CHANGES

Les déclarations de la BCE pénalisent l'euro, repassé sous la parité avec le dollar et qui se déprécie de 0,92% à 0,9984 après être monté à 1,0093 en début de journée, son plus haut niveau depuis le 13 septembre.

L'"indice dollar", qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de référence, est en hausse de 0,62%, regagnant une partie du terrain perdu ces derniers jours avec la remise en cause des anticipations concernant les taux américains.

VALEURS

Côté actions en Europe, les compartiments de l'immobilier et des services aux collectivités ("utilities"), particulièrement sensibles à l'évolution des taux d'intérêt, ont gagné respectivement 2,56% et 1,06%, deux des meilleures performances sectorielles du jour.

Credit Suisse a chuté de 18,6%, la plus lourde perte du Stoxx 600, après avoir annoncé son intention de lever quatre milliards de francs suisses de capitaux frais, de supprimer plusieurs milliers d'emplois et de privilégier ses activités de gestion de fortune.

STMicroelectronics a cédé 6,97%, de loin la plus forte baisse du CAC 40, après avoir dit s'attendre à un ralentissement de la croissance des ventes au quatrième trimestre.

En hausse, Shell et TotalEnergies ont gagné respectivement 5,46% et 2,95%, le marché saluant des bénéfices en nette hausse et l'annonce d'un nouveau relèvement des dividendes.

PÉTROLE

Hésitant en début de journée, le marché pétrolier est désormais solidement orienté à la hausse, profitant du reflux des craintes de récession aux Etats-Unis, qui l'emporte sur l'inquiétude pour la demande chinoise.

Le Brent gagne 0,97% à 96,62 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,37% à 89,11 dollars.

(Rédigé par Marc Angrand)