A moins de vivre dans un autre système solaire ou de disposer d'une capacité hors du commun à s'isoler, il ne vous aura pas échappé que Donald Trump a remporté l'élection présidentielle américaine en 2016. Depuis, il met régulièrement en avant son bilan économique et les records qui tombent à Wall Street. Mis en tableau et traduits en dollars sur la période allant du 8 novembre 2016 au 26 juillet 2019, les performances cumulées de neuf indices ressortent ainsi :

Le classement opéré par First Trust, qui illustre la domination du Nasdaq 100, le cauchemar des gestions
 
La domination du Nasdaq 100 est écrasante avec un gain de 71,9%, pour une hausse de 49,3% au S&P500. L'indice large le plus proche est le MSCI EM BRIC Net Return (un indice pays émergents qui suit les bourses au Brésil, Russie, Inde, Chine) avec 34,5% de hausse. Au Japon, le Nikkei 225 Net a progressé de 28,4%, tandis que le MSCI Europe Net n'affiche que 26,8% de hausse. En queue de peloton, le MSCI Emerging Net (marchés émergents) a progressé de 24,2%.
 
Quelles sont les remarques de First Trust ?
  • D'abord, que Donald Trump a fait campagne en promettant de placer les intérêts des Etats-Unis en première ligne, ce qu'il fait indéniablement.
  • Ensuite, que le recours aux surtaxes douanières a probablement affecté le sentiment des investisseurs vis-à-vis des actions non-américaines.
  • Pour les mêmes raisons, les gérants ont favorisé les actions américaines dans leurs portefeuilles. Au cours des 12 derniers mois, les actions, fonds et ETF US ont enregistré des flux positifs de 36,2 Mds$, alors que les flux sur leurs comparables internationaux étaient négatifs de 1,3 Md$ (source Morningstar).
  • Entre le 8 novembre 2016 et le 30 juin 2019, le dollar n'a évolué que de +0,15% selon le Dollar Index (source Bloomberg).
  • La hausse cumulée de 49,3% affichée par le S&P500 correspond à une progression annualisée de 15,92%. Sur la période 1926 / 2018, soit sur 93 ans, le rendement annuel moyen de l'indice s'établit à 9,99% par an (source Ibbotson & Associates / Morningstar). La période récente est donc exceptionnellement propice.
 
Que peut-on ajouter à cela ?
  • Durant le mandat de Donald Trump, le CAC40 a moins à rougir que la plupart des autres indices européens. Le CAC40 Dividendes Réinvestis a bondi de près de 39% en dollars. C'est 10 points de moins que le S&P500, mais 12% de plus que le MSCI Europe.
  • Le CAC40 a bénéficié d'un effet "KHOL", à l'image de l'effet "GAFA" sur les actions américaines : une partie de la surperformance par rapport aux autres indices européens provient de LVMH, Kering, Hermès et L'Oréal.
  • Les indices américains bénéficient aussi de la baisse de l'impôt sur les sociétés et du dispositif de rapatriement de la trésorerie détenue à l'étranger mis en place par l'administration Trump. Les fonds ainsi récupérés ont alimenté les rachats-annulations d'actions des entreprises, contribuant à renforcer les bénéfices par action et donc à réduire les PER, entraînant un biais acheteur. L'importance prise par les rachats est illustrée par le graphique qui suit, réalisé par Yardeni Research sur données S&P. Ce recours aux "buybacks" pose de nombreux problèmes, que nous n'aborderons pas ici. Mais il constitue un paramètre à considérer dans la performance des indices, au moins indirectement.

Des rachats records pour un 1er trimestre, après des records en 2018 (Source Yardeni Research / S&P)