Paris (awp/afp) - Le ministère américain de l'Agriculture a maintenu les stocks mondiaux de blé sur l'année écoulée et table sur une flambée de ces stocks pour la prochaine campagne de commercialisation, avec une production qui pourrait être record, selon ses premières projections dévoilées vendredi.

Concernant la campagne, qui touche à sa fin, la situation est contrastée d'une région à l'autre: l'Union européenne voit ces stocks baisser de 800.000 tonnes, à 9,9 millions de tonnes (Mt), en raison d'une production en légère baisse et d'une consommation en légère hausse, selon ce rapport mensuel de mai.

En revanche, les stocks augmentent d'un million de tonnes aux Etats-Unis (30,6 Mt), ce qui va "alourdir un peu la situation", selon Gautier Le Molgat, analyste au cabinet Agritel.

Globalement, les stocks mondiaux de l'année passée sont légèrement revus à la baisse à 275 Mt (-600.000 tonnes).

Mais pour la prochaine récolte mondiale, pour laquelle tout peut encore changer, le ministère, qui livre là ses premières projections, table sur une production mondiale de blé historique en 2019 (777,5 Mt), et prévoit en conséquence une explosion des stocks à l'échelle de la planète, à 293 Mt (+18 Mt).

Pour les Etats-Unis, le rapport table sur un niveau stable par rapport à l'année passée, avec une production de 51 millions de tonnes, une prévision optimiste, selon Gautier Le Molgat, qui souligne que la situation des blés de printemps n'est "pas encore garantie".

La production européenne ressortirait à 153 Mt, en forte hausse par rapport à l'an dernier et en ligne avec ses niveaux de production habituels.

La Russie, elle, voit sa production augmenter nettement, à 77 Mt (+6 Mt), mais cette projection reste "très en deçà" des chiffres qui circulent actuellement, souligne M. Le Molgat. Certains experts estimaient en effet ces derniers jours la production russe à 83 Mt.

L'Ukraine pourrait aussi accroître considérablement sa production, à 29 Mt (+4 Mt), selon ce rapport.

Maïs: Stocks en baisse... en Chine

Le rapport est donc baissier et le blé a clôturé en berne sur Euronext (-1,25 euro à 169 euros pour l'échéance de septembre). Mais M. Le Molgat prévoit déjà de nombreux soubresauts: "Dès qu'il y aura une nouvelle qui ne validera pas cette hypothèse là, ça va aider le marché à se requinquer".

Concernant le maïs, le rapport revoit à la hausse les stocks américains (+1,5 Mt), en raison d'une consommation intérieure qui n'est pas au rendez-vous. Mais les stocks pourraient augmenter encore plus fortement l'an prochain, en raison d'une production annoncée à des niveaux colossaux, à 381,8 Mt (+15,5 Mt par rapport à l'année passée).

Une prévision toutefois mise en doute par M. Le Molgat, pour qui "cet élément peut être contesté", tant pour les chiffres de surfaces, qu'en termes de rendements, "parce que le retard dans les semis laisse présager d'un moindre potentiel".

Les stocks mondiaux sont prévus en forte baisse entre le début et la fin de la prochaine campagne, malgré une production mondiale record (1,13 milliard de tonnes), mais uniquement grâce à la Chine, alors que chez les principaux pays exportateurs, les stocks augmentent un petit peu.

Notamment en Union européenne, partie pour continuer d'importer une marchandise ukrainienne annoncée encore fortement présente (33 Mt) et qui pourrait tailler encore des croupières aux épis américains, avec le Brésil et l'Argentine.

Enfin, concernant le soja, la situation risque de peser sur les cours, avec une nette hausse des stocks mondiaux pour la campagne sortante (+6 Mt, à 113,2 Mt), notamment en raison d'une augmentation des stocks aux Etats-Unis et d'une forte production sur l'ensemble du continent américain.

afp/rp