Faut-il attendre une bonne grosse récession pour reconsidérer les valeurs décotées ? Non, répond UBS. Alors évidemment, l'équipe de stratégie de la banque aux trois clefs voit mal la "value" revenir en grâce et afficher un parcours boursier stratosphérique à même de ridiculiser les GAFA. Mais "cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas des opportunités, ni que les écarts actuels constituent la nouvelle norme", prévient le stratège Joao Toniato. Mais plutôt que de traquer tous les dossiers "value", le spécialiste préfère creuser les distorsions de valorisation au sein d'une même famille : par exemple, un sous-secteur particulièrement mal loti au sein d'un secteur déjà pas bien avantagé. Voire même du vrai stock picking au sein d'un même compartiment, pour tirer parti de décalages sans précédent au milieu des décalages sans précédent. Vous suivez ? Jetons un coup d'oeil au graphique qui suit pour mieux comprendre la situation :

La disgrâce de la

Lecture : Le "mégacycle valeurs décotées" européen s'est terminé en 2007, remplacé par un "mégacycle valeurs de croissance". Les cercles rouges marquent les tentatives de sursaut des valeurs décotées pendant le cycle favorable aux valeurs de croissance (lequel correspond au cycle économique démarré après la crise des subprimes). La pente prise par la courbe depuis 2007 montre que la stratégie croissance a largement surperformé la stratégie décote.

Dans la liste des décotes intrasectorielles excessives, UBS avait déjà il y a quelques semaines mis en avant la situation des semiconducteurs vis-à-vis des logiciels (difficile de qualifier les "semis" de secteur "value", mais en l'occurrence ils ont endossé ce rôle par rapport à la moyenne). La banque parle aussi de la décote de 37% des matériaux de construction dans le segment Chimie, ou du PER de l'automobile, deux fois moindre que celui des biens d'équipement. "Malgré des défis vraiment difficiles à relever pour le secteur automobile, les niveaux de valorisation sont très intéressants", explique d'ailleurs UBS (pour rassurer les aficionados de Renault ?).

Terminons par du concret. Joao Toniato a listé 16 valeurs suivies à l'achat par ses équipes, qui présentent un profil décoté intéressant tout en ayant des perspectives de progression des résultats (autant que faire se peut lesdites progressions doivent être supérieures à la moyenne du secteur). Dans cette liste, figurent cinq Françaises (Sanofi, Atos, BNP Paribas, Valeo, Engie), deux Allemandes (HeidelbergCement, Deutsche Post), Trois Britanniques (WPP, Centrica, British American Tobacco), deux Espagnoles (ACS, Repsol), deux Néerlandaises (ING Groep, Philips), une Finlandaise (Nokia) et une Suédoise (Boliden). Désolé, pas de Renault à ce stade, mais les amateurs de frisson automobile peuvent toujours se consoler avec Valeo.