La théorie financière distingue deux types de baisse, la "correction" (un recul compris entre 10 et 19,99% par rapport aux points hauts précédentes) et le "marché baissier" (une baisse de 20% au moins). On peut tourner le problème dans tous les sens, ces phases font partie intégrante de l'investissement boursier. Ce qui diffère, c'est la réaction de celui qui gère les actifs. Admirons le flegme quasi-britannique de l'équipe de recherche économique de l'américain Charles Schwab, dans un papier publié hier soir. "Il est possible qu'un marché baissier se produise. Aucun marché haussier n'est éternel. Même s'ils peuvent être inquiétants, les marchés baissiers font partie intégrante de l'investissement de long terme et ont toutes les chances de se produire ponctuellement dans l'existence de tout investisseur".
 
L'histoire économique montre que les phases baissières sont beaucoup plus brèves que les phases haussières, même si elles sont violentes. Les deux illustrations suivantes sont issues des recherches de First Trust Advisors (gauche) et de Charles Schwab (droite). Les pourcentages et la définition varient un peu d'une analyse à l'autre, mais les grandes tendances sont les mêmes. Globalement, un marché baissier dure moins d'un an et demi et entraîne des pertes de l'ordre de 35%, quand un marché haussier dure plus de 4 ans et affiche plus de 140% de hausse.

Deux illustrations d'un même phénomène (Sources : First Trust, Schwab - Cliquer pour agrandir)
 
Quand les marchés plongent, le plus gros risque est de faire n'importe quoi. Les surréactions entraînent de mauvais choix. Les investisseurs de long terme le savent bien. Leur philosophie est de rester investis sur leurs convictions. Il est démontré que c'est la meilleure conduite à tenir. Leurs performances peuvent être moins flamboyantes pendant les périodes de hausse violente, mais sur la durée, elles dépassent largement les stratégies plus opportunistes. Cela implique d'excellents choix de base, une diversification adaptée et une bonne compréhension des enjeux macroéconomiques, pour éviter certains pièges.
 
On cite généralement Warren Buffet comme l'archétype de l'investisseur de long terme qui réussit. L'Américain a presque toujours raison sur la durée, ou, du moins, ses choix pertinents compensent-ils largement ses paris ratés. Retrouvons l'équipe de Charles Schwab : "Les marchés baissiers se terminent souvent aussi brutalement qu'ils ont commencé, avec un violent rebond dont le démarrage est très difficile à prédire. C'est la raison pour laquelle les investisseurs de long terme ont généralement intérêt à rester positionnés et à ne pas retirer leurs fonds du marché". Cette philosophie sous-entend qu'il vaut mieux prendre ses pertes (et son mal en patience) et ne pas rater le début du rebond, qui est souvent la période la plus rémunératrice.
 
L'âge du capitaine

Voilà pour la théorie. En pratique, des ajustements sont possibles, voire nécessaires dans certains cas. Si l'horizon d'investissement est moins long, adapter ses positions est pertinent. Les banques américaines prennent souvent l'exemple d'un retraité, dont les revenus du portefeuille font partie intégrante du niveau de vie outre-Atlantique. Il aura intérêt durant ces phases à reporter une partie de ses ressources vers des actifs plus sécurisés, pour protéger sa rente. Schwab conseille pour sa part de mettre par écrit son projet financier, de fixer un niveau de tolérance aux pertes (et de s'y tenir) et de rebalancer régulièrement les positions, tout en rappelant que les besoins ne sont pas les mêmes pour les jeunes, les moins jeunes et les plus très jeunes. 

Moralité ? Tout le monde préfère être confronté à un marché haussier, mais sur la durée, les excès constituent toujours des opportunités