L'appétit des investisseurs pour les valeurs télécoms est en train de faire pschitt. Un simple coup d'œil au tableau qui suit (©Bloomberg) montre qu'ils se sont rués sur le secteur au 4ème trimestre, quand les marchés ont commencé à tanguer sérieusement aux Etats-Unis. L'indice large européen STOXX Europe 600 a perdu près de 12% entre début octobre et fin décembre, mais celui des bons vieux opérateurs de téléphonie a progressé de 1,8%. Une sacrée "surperformance". 
 

Prenons Orange. Avec sa dette élevée, sa croissance étique et ses marges figées, le dossier ne fait pas vraiment saliver. Quand l'économie se retourne, l'opérateur est toutefois considéré comme un sanctuaire. Sa croissance et ses marges varieront peu, son dividende confèrera un rendement non négligeable et son activité sera peu attaquée à cause des barrières sectorielles à l'entrée et à un poste de dépense devenu incompressible pour les ménages ou les professionnels. Idéal, donc, pour traverser les tempêtes boursières. Bilan, 2,5% de hausse sur le 4ème trimestre 2018, alors que le marché chutait de 11,8%.
 
De la friture sur la ligne
 
Mais le rebond du mois de janvier a fait des dégâts dans le secteur. Jetons à coup d'œil au tableau mensuel (© Bloomberg, toujours). Le secteur des télécoms est le seul à afficher une baisse (-2,4%), alors que STOXX Europe 600 s'est adjugé 6,2% dans le même temps. 1&1 Drillisch, Telefonica Deutschland et Vodafone ont cédé plus de 10%. Iliad a perdu 18% et Orange 4,5%.
 
 

Il ressort des chiffres qui précèdent qu'Orange reste une bonne affaire sur quatre mois. C'est aussi le cas par rapport au 1er janvier 2018, comme le montre le graphique de gauche, même si la performance n'est pas exceptionnelle par rapport à l'indice STOXX Europe 600. Si l'on étend la période de comparaison sur 5 ans, voire 10 ans (graphique de droite), il valait mieux être ailleurs que sur Orange. 
 

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Venons-en à notre dernière partie, pour déterminer si cette situation n'est pas liée au dossier Orange lui-même. Comparons le STOXX Europe 600 et le STOXX Europe 600 TELECOM dans son ensemble (19 valeurs européennes). A gauche, malgré les remous de 2018, le secteur des télécoms n'a pas constitué un havre de paix puisque sa performance est inférieure à celle de l'indice général. Sur 10 ans, c'est encore moins flambant. Il faut noter que la période n'a pas connu de récession ni de krach boursier, aussi la désaffection pour les valeurs défensives apparaît-elle légitime. Toutefois, l'écart est conséquent puisque l'indice européen des télécoms n'a gagné que 5% entre 2009 et aujourd'hui, alors que le STOXX Europe 600 a accumulé 85% de hausse.
 
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Les dividendes à la rescousse

Si l'on veut être complet, la lecture dividendes réinvestis atténue un peu le différentiel grâce aux coupons généreux des télécoms, mais la différence reste conséquente : +68% au STOXX Europe 600 TELECOM Total Return, mais +147% pour le STOXX Europe 600 Total Return. Cela reste très supérieur au Livret A, mais plus de deux fois en deçà de la moyenne du marché européen.