Plus précisément, Plassard s'intéresse à un portefeuille classique, le fameux 60/40 (sur la base du modèle DFA Global Allocation), qui, comme son nom l'indique, est composé de 60% d'actions et de 40% d'obligations (en majorité de la dette corporate). Autant dire une allocation qui ne faisait pas beaucoup briller les yeux des investisseurs ces dernières années, face à la hausse sans fin des indices boursiers.

Les performances de cette stratégie l'année dernière avaient déjà mis la puce à l'oreille du spécialiste de Mirabaud. En effet, le 60/40 avaient connu sa meilleure année depuis 10 ans, avec une performance dépassant 16%. Certes, les indices ont fait bien mieux, mais pour une stratégie prudente, ou relativement prudente, la performance était belle.

En se basant sur les cours entre le 1er janvier et le 20 mars 2020, un panier d'actions diversifiées au niveau mondial a perdu près de 31%. La stratégie 60/40, de son côté, limite les dégâts à -18,42%. Et une approche plus conservatrice, mettons 40/60, aboutit à des pertes de -12,2%.

Mais ce qui est intéressant, c'est de prendre un peu de recul. Ainsi sur un an, la stratégie 100% actions affiche -21,5% au compteur, tandis que la stratégie 60/40 limite ses pertes à -9,75%. Et à 40/60, on descend même à -4,29%. La violence de la correction récente a même permis aux stratégies les plus conservatrices de repasser devant les autres sur une période de cinq ans. Sur ce laps de temps, un portefeuille 100% actions diversifiées mondial affiche une baisse de -0,78%, tandis que la stratégie 60/40 est en hausse de +7,5% et que la 40/60 gagne +10,5%. Il faut élargir le pas de temps à 10 ans pour trouver une belle surperformance de la stratégie 100% actions, qui gagne +140,2%, contre +99,4% à la stratégie 60/40 et 80,28% à la stratégie 40/60. Les chiffres sont résumés dans le graphique ci-dessous, compilé à partir des données de Mirabaud.

Trois stratégies
Lecture : la stratégie 40% d'actions / 60% d'obligations (en gris) a généré une hausse de 80% sur 10 ans

La conclusion de John Plassard nous renvoie aux grands principes de l'investissement "si vous voulez un rendement plus élevé sur la durée, vous devrez accepter une plus grande probabilité de perte ou l'arrivée d'un facteur exogène, le fameux Black Swan".

A la fin, les actions gagnent

Pour poursuivre l'exercice, Plassard s'est intéressé au marché américain depuis 1926 par le prisme de trois stratégies classiques, une approche dite "income" (0 à 30% d'actions et 70 à 100% d'obligations), une autre "balancée" (30 à 50% d'actions et 50 à 70% d'obligations) et une troisième "croissance" (70 à 100% d'actions contre 0 à 30% d'obligations). Le bilan n'est pas étonnant, puisque c'est la stratégie croissance qui fonctionne le mieux. Sur près de 95 années boursières, les rendements moyens sont les suivants :

  • Income : 5,3 à 7,1% de hausse annuelle moyenne
  • Balancée : 7,7 à 8,6% de hausse annuelle moyenne
  • Croissance : 9,10 à 10,10% de hausse annuelle moyenne

A titre illustratif, voici les performances annualisées du fonds Global Allocation 60/40 (DGSIX) de Dimensional Fund Advisors au 31/12/2019 : 

Evidemment, prendre la photo au plus fort de la baisse a ses limites. C'est en ce sens que l'on est toujours plus intelligent après, une fois que l'on dispose d'un recul suffisant. Mais enfin, si elle ne fait pas d'étincelles, une stratégie 60/40 offre un rendement plus intéressant que le Livret A, avec moins de stress qu'une exposition totale aux actions.