Le fonds Sunny Managers est classé 5e sur 60 par Quantalys sur 5 ans mais est à la peine depuis 1 an, dans un contexte particulier pour le segment des micro-caps gfrançaises et pour votre fonds en particulier…

"Effectivement, avec une capitalisation médiane d’environ 160 M€ et des pondérations relativement élevées sur quelques sociétés peu liquides, le maintien de notre surperformance historique a été compliqué. Surtout, le suivi des positions avec la maladie qui a emporté Meïr en avril n’a pas été aussi assidu que par le passé. Mais les derniers mois sont mieux orientés avec de beaux rebonds sur certaines valeurs dont deux OPA sur Eurobio et Lexibook. Le fonds en est déjà à sa 5è OPA depuis le début de l’année 2024."

Un fonds qui surperforme sa catégorie sur 5 ans avec une hausse de plus de 60% 

Comment l’encours et l’ensemble du portefeuille ont-ils évolué après ces évènements récents ?

"Le fonds a subi une décollecte très limitée et affiche un encours de 25 M€ à fin juillet. Le portefeuille n’a pas connu de bouleversements, nous avons sorti quelques lignes peu liquides quand l’opportunité s’est présentée et sommes actuellement investis à 95% sur 71 lignes. Les principales positions ont peu bougé depuis la reprise de la gestion par notre binôme." 

Comptez-vous faire évoluer le processus de gestion ? 

"La gestion du fonds s’inscrit parfaitement dans la continuité. Le fonds, PEA-PME, restera un fonds de convictions très diversifié tout en n’hésitant pas à pondérer certains dossiers atypiques et parfois peu liquides au-delà des 5%. Nos deux premières lignes actuelles, Marie Brizard et 2CRSI, en sont une illustration. Sunny Managers, comme son nom l’indique, met le management en tête des motifs d’investissement avec un objectif de revalorisation supérieur à 50% au moment de l’entrée en portefeuille."

Extrait du reporting du fonds Sunny Managers à fin juillet 2024

Pouvez-vous nous partager brièvement votre thèse d’investissement sur ces deux principales positions ?

"Notre investissement en Marie Brizard est motivée par sa faible valorisation, en partie cachée (au niveau des déficits reportables par exemple) dans un contexte où les actionnaires auraient tout intérêt à racheter la totalité du flottant restant, soit un peu plus de 10% du capital. Aussi, nous avons décidé depuis mars 2024 de nous associer au concert existant qui représente aujourd’hui près de 10% du capital en espérant une offre de sortie bien supérieure au cours actuel. Sur la société technologique française 2CRSI, à la pointe dans la conception et la fabrication de serveurs informatiques économiques et performants, nous sommes convaincus du potentiel de croissance de ses ventes dans les années à venir. En effet, ses produits répondent parfaitement aux besoins actuels de data center et d’intelligence artificielle. Un très gros contrat vient d’ailleurs d’être signé avec acteur américain majeur. Partenaire privilégié de Nvidia, 2CRSI est dirigée par un management en qui nous avons toute confiance."

A une époque où l’ESG influence de plus en plus les gestions, force est de constater que vous n’hésitez pas à afficher de sociétés d’alcools et de casinos dans vos premières positions …

"Nous n’avons pas de critère d’exclusion. Nous avons dans notre équipe de 19 personnes un analyste ESG issu de SPPI Finance. Si nous avons vocation à davantage prendre en compte ces critères, notamment à l’entrée de nouvelles valeurs, nous souhaitons rester pragmatiques. Par exemple, un dossier comme Partouche nous semble beaucoup plus éthique que la FDJ qui exerce en ligne et ne peut ainsi garantir que des mineurs s’adonnent à leurs jeux d’argent, ce qui n’est pas le cas dans les casinos traditionnels du groupe Partouche où les contrôles d’identité sont très stricts."

Quels sont les derniers mouvements du portefeuille que vous pouvez nous partager ?

"Nous avons récemment investi dans le groupe Bastide. Après avoir rencontré son management à plusieurs reprises ces derniers mois, nous estimons l’inquiétude de marché sur le niveau d’endettement exagéré alors que la société poursuit sa trajectoire de croissance organique soutenue et défend des niveaux de marges élevées. La valorisation n’est pas à la hauteur de son historique et des transactions sectorielles. Les cessions récentes et potentielles ainsi que le refinancement de la dette constituent des signaux rassurants qui justifient la hausse récente qui selon nous n’est qu’un début de revalorisation. Nous avons également entré Solocal à l’occasion de l’augmentation de capital qui accompagne sa reprise en main par Maurice Levy. L’opportunité nous semble : plus personne n’est prêt à entendre parler de cette histoire qui a beaucoup déçu par le passé, alors que la restructuration financière est passée et que sa rentabilité, déjà positive, devrait notamment profiter d’une division par deux des loyers. Une stabilisation de l’activité serait extrêmement encourageant et nous inciterait à renforcer notre proposition. Enfin, nous avons renforcé Maurel, dossier décoté et bien managé, et Lexibook sous 4€ par pure opportunité d’arbitrage juste après l’annonce de l’OPA. Nous avons financé ces achats via des allègements de petits dossiers peu liquides comme Netgem dont le potentiel nous semble maintenant limité ou Beneteau faute de momentum. Nous avons sorti Kalray car nous n’avons plus confiance dans le dossier."

Les thématiques actuelles du fonds (sources : Sunny AM)