Manifestement, les marchés financiers sont entrés dans une de ces phases typiques où le doute s'installe à cause d'un horizon macroéconomique plus complexe à interpréter que d'habitude. Avec grosso modo deux théories qui s'affrontent : d'un côté ceux qui pensent que les banques centrales vont être forcées de revoir leurs généreux dispositifs sous la pression des indicateurs économiques et de l'autre ceux qui estiment que ce processus se fera au fil de l'eau parce que les marqueurs principaux, notamment l'inflation, ne dérailleront pas. 

On sent poindre une certaine inquiétude chez les investisseurs, d'autant que les signaux d'exubérance ne manquent pas çà et là : cryptomonnaies, valorisations de certains secteurs, SPAC-mania, flambée des prix des matières premières, etc. Les financiers savent qu'il faudrait une remontée encore plus franche du rendement des obligations d'Etat pour qu'elles commencent à faire de l'ombre aux actions. A bon entendeur, les cinq secteurs qui sont le plus corrélés à la hausse des rendements obligataires en Europe sont dans l'ordre la banque, les financières diversifiées, l'assurance, l'automobile et la chimie. Soit des secteurs cycliques et des secteurs jugés bon marché, ce qui est logique.

Ce qui a l'air de se jouer actuellement, c'est le scénario d'une correction de court terme. Les investisseurs dont l'horizon est lointain n'ont pas trop à s'en faire. Les autres risquent de suivre avec davantage d'attention le retour des débats sur les rendements obligataires et l'inflation. Ça a déjà démarré d'ailleurs, puisque j'ai pu lire ce weekend que Citi juge une contraction de 10% des marchés actions "très plausible", notamment "si la hausse des rendements obligataires entraîne une baisse de certaines méga-capitalisations informatiques". Ou que Nomura pense qu'un passage du rendement de l'obligation d'Etat américaine à 10 ans au-dessus de 1,5% pourrait faire corriger les actions de 8%. Ce genre de discours va fleurir cette semaine : hurler avec les loups est un comportement vieux comme la bourse et nos moutonnières habitudes médiatiques en sont les meilleurs relais. Mais ne perdons pas de vue que les mécaniques à l'œuvre sont les signaux avant-coureurs d'une reprise économique, ce qui reste le plus important.

En période de publication de résultats d'entreprises, le lundi est le jour du bilan. Les chiffres publiés restent largement supérieurs aux anticipations alors que plus des trois-quarts des grandes entreprises ont dévoilé leurs performances. Mais FactSet a noté que les réactions sont légèrement négatives, en moyenne, après ces dépassements, ce qui est inhabituel. De là à en tirer des conclusions… Maintenant que nous croulons sous les données, nous sommes capables d'atteindre un degré d'analyse inédit. Mais pouvoir les exploiter, c'est une autre histoire. Quelques gros acteurs sont encore attendus cette semaine, en particulier The Home Depot, HSBC, Booking, Iberdrola, Salesforce, Anheuser-Busch Inbev, Bayer, Safran ou AXA.

Je poursuis avec quelques temps forts d'un weekend qui n'en a pas manqué :

  • Le bitcoin a signé un pic à 58 200 USD, peu ou prou le prix d'un lingot d'or d'1 kg. 
  • Plusieurs métaux en vive hausse, notamment le nickel et le cuivre.
  • Les Etats-Unis se rapprochent de 500 000 décès dus au coronavirus.
  • Le Royaume-Uni aura proposé le vaccin à tous les adultes d'ici au 31 juillet, a déclaré Boris Johnson.
  • Donald Trump devrait parler avenir politique le 28 février en Floride, lors d'une conférence des conservateurs.
  • En France, polémique autour du menu sans viande des cantines de la ville de Lyon et reconfinement envisagé dans les Alpes-Maritimes.

Le CAC40 perd 0,67% à 5734 points peu après l'ouverture. Aux Etats-Unis aussi, alors que S&P500 et Nasdaq ont enchaîné quatre séances consécutives de baisse, certes modérée mais de baisse quand même. Tokyo a toutefois gagné du terrain à la clôture ce matin, mais Shanghai souffre. 

Les temps forts économiques du jour

L'indice de l'institut Ifo mesure la confiance des milieux d'affaires allemands. Il sera dévoilé à 10h00. Aux Etats-Unis, l'indice de la Fed de Chicago pour février (14h30) et l'indice des indicateurs avancés de janvier (16h00) sont programmés. Taiwan a annoncé ce week-end une croissance de 5 % au T4, légèrement meilleur que prévu.

La paire euro / dollar évolue peu à 1,2121. L'once d'or remonte à 1784 USD. Le pétrole rebondit, à 60 USD pour le WTI et à 63,76 USD pour le Brent. Le rendement du T-bond 10 ans grimpe à 1,38%. Le Bitcoin s'échange 55 900 USD pièce, après avoir accroché 58 000 USD plus tôt dans la journée.

Les principaux changements de recommandations

  • ABB Ltd : LBBW passe de vendre à conserver en visant 28 CHF.
  • Air France-KLM : Deutsche Bank réduit son objectif de cours de 3,50 à 2,70 EUR.
  • Atos : HSBC réduit son objectif de cours de 100 à 85 EUR.
  • Deutsche Bank : Berenberg reste à vendre avec un objectif de cours relevé de 5 à 7 EUR.
  • EDP Renovaveis : Commerzbank passe d'acheter à conserver en visant 19 EUR.
  • Elekta : Handelsbanken passe de conserver à acheter en visant 150 SEK.
  • ENI : RBC passe de sousperformance à performance sectorielle en visant 10 EUR.
  • Galapagos : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 86 à 71 EUR.
  • Gecina : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 130 EUR.
  • GlaxoSmithKline : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1801 à 1580 GBp.
  • Glencore : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 350 GBp.
  • GTT : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 82 à 78,90 EUR.
  • Hays : Liberum reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 135 à 155 GBp.
  • Hermès : Morgan Stanley revalorise de 860 à 945 EUR. Citigroup revalorise de 899 à 1010 EUR. Deutsche Bank revalorise de 600 à 700 EUR.
  • Kering : Credit Suisse réduit son objectif de cours de 675 à 635 EUR.
  • Logitech : UBS relève son objectif de cours de 90 à 108 CHF.
  • Nestlé : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 107 à 102 CHF.
  • Norwegian Property : SEB Equities reprend le suivi à l'achat en visant 17,50 NOK.
  • Saab : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 250 à 280 SEK.
  • Sika : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 300,10 à 301,20 francs.
  • Stadler Rail : UBS passe de neutre à achat en visant 52 CHF.
  • Swiss Re : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 69 à 85 CHF.
  • Temenos : Credit Suisse passe de sousperformance à neutre en visant 121 CHF.
  • Varta : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 130 EUR.
  • Vicat : Barclays revalorise de 45 à 52 EUR.

L’actualité des sociétés

En France

Résultats des sociétés

  • Faurecia : le groupe a dépassé ses objectifs en 2020 et prévoit de surperformer le marché automobile cette année et de réaliser une marge opérationnelle d'environ 7 % des ventes.. En parallèle, l'équipementier a annoncé les objectifs de son plan de moyen terme à 2025.
  • Icade : le groupe immobilier prévoit une hausse de son cash flow net courant et de son dividende en 2021. Les résultats 2020 sont en très nette baisse, mais un dividende stable de 4,01 EUR sera proposé.

Annonces importantes

  • Le PDG d'Airbus, Guillaume Faury, appelle à un cessez-le-feu dans la guerre des subventions aéronautiques entre Europe et USA.
  • Axa condamné à indemniser le gérant de six restaurants.
  • Thales équipera les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de la Marine nationale d'une suite sonar nouvelle génération.
  • Total lance son opération annuelle d'actionnariat salarié.
  • AtoS se renforce dans les technologies Salesforce en finalisant l'acquisition de Profit4SF.
  • Orange Espagne demande au gouvernement de baisser le prix des fréquences 5G.
  • Casino va faire entrer en bourse son distributeur grossiste brésilien Assai à Sao Paulo et à New York.
  • Ipsen annonce des données positives en phase II avec Somatuline Autogel.
  • Officiis Properties : nouveau caillou dans la chaussure de Natixis ?, s'interroge La Lettre A.
  • Valneva lance une étude sur l'homogénéité des lots cliniques de phase III de son candidat vaccin à injection unique contre le chikungunya.
  • Beneteau contraint de réduire sa production après une cyberattaque.
  • FFP va devenir Peugeot Invest.
  • L'administrateur provisoire d'Electricité et Eaux de Madagascar reconduit pour six mois.
  • Thermador et Jacquet Metals ont publié leurs comptes et / ou leurs perspectives.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Macquarie : le groupe relève ses prévisions 2021 après la flambée des prix du gaz due à la vague de froid aux États-Unis.

Annonces importantes

  • The Boeing Company contraint de clouer au sol des B777 équipés de réacteurs Pratt & Whitney après un accident majeur aux Etats-Unis.
  • Foxconn dit s'attendre à un impact limité de la pénurie de semi-conducteurs.
  • Continental ne versera pas de dividende au titre de 2020 à cause des pertes subies sur l'exercice.
  • Volkswagen devrait prendre une décision sur Bugatti d'ici la fin du premier semestre, selon Automobilwoche.
  • Jair Bolsonaro, a nommé un ancien général de l'armée et ancien ministre de la défense, Joaquim Silva e Luna, comme président de Petrobras.
  • Novavax s'engage à mettre à disposition 1,1 milliard de doses de vaccin.
  • Elliott serait en train d'entrer au capital de Principal Financial.
  • Kuehne + Nagel se renforce dans la logistique en Asie.
  • Silicon Laboratories songerait à se scinder en deux entités.
  • Lucid Motors pourrait entrer en bourse via le SPAC de Michael Klein, selon Bloomberg.
  • Le fournisseur de logiciels pour l'industrie de la restauration Toast prépare son introduction à Wall Street.

Ça publie aujourd'hui. Cadence Design, Associated British Food, Royal Caribbean, Recordati, Galp Energia, Faurecia, Icade, Almirall

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