WASHINGTON, 17 juin (Reuters) - Une cinquantaine de responsables du département d'Etat ont signé une note interne très critique sur la position américaine en Syrie et appellent à des frappes contre le régime de Bachar al Assad afin d'arrêter ses violations chroniques du cessez-le-feu.

La note, signée par 51 fonctionnaires de la diplomatie américaine impliqués dans l'élaboration de la stratégie en Syrie, a été dévoilée par le Wall Street Journal.

Elle appelle à des "frappes militaires ciblées" contre le gouvernement syrien au vu du non respect de la trêve mise en place fin février, rapporte le quotidien américain qui s'appuie sur des copies du câble diplomatique qu'il a pu consulter.

Des frappes militaires contre le gouvernement Assad représenteraient un changement majeur dans la politique du gouvernement Obama qui concentre pour l'instant ses frappes aériennes en Syrie sur les positions de l'Etat islamique, via la coalition internationale.

Un responsable américain qui n'a pas signé le câble mais l'a lu, souligne que la Maison Blanche reste opposée à une implication militaire plus poussée dans le pays.

La note utilise un canal de communication interne habituel qui permet aux fonctionnaires du département d'Etat d'exprimer des vues différentes, explique John Kirby, porte-parole du département.

"Nous sommes en train d'examiner la note, parue très récemment, et je ne vais pas commenter les commentaires", a-t-il déclaré dans un courriel.

Pour Robert Ford, qui a quitté son poste d'ambassadeur des Etats-Unis en Syrie en 2014 en raison de désaccords stratégiques, la note comporte "un nombre (...) stupéfiant" de signatures.

"Depuis quatre ans, le niveau opérationnel du département d'Etat appelle à davantage de pression sur le gouvernement de Bachar al Assad en vue d'aller vers une solution négociée", a poursuivi l'ex-diplomate, désormais employé par le groupe de réflexion Middle East Institute.

Le directeur de la CIA, John Brennan, a estimé jeudi devant le Congrès que Bachar al Assad bénéficiait d'une position plus favorable qu'il y a un an de cela, grâce notamment aux frappes russes menées contre l'opposition. Il a également indiqué que "la capacité terroriste" de l'EI n'avait pas été entamée. (John Walcott et Arshad Mohammed; Julie Carriat pour le service français, édité par Danielle Rouquié)