(Actualisé avec réaction de l'opposition)

BEYROUTH, 6 juillet (Reuters) - L'armée syrienne a annoncé l'instauration d'un "régime de calme" de 72 heures à partir de ce mercredi 01h00 (mardi à 22h00 GMT, à l'occasion de la fête musulmane de l'Aïd el Fitr, mais des combats et des frappes aériennes sont toujours signalés.

Il s'agit de la première trêve nationale depuis celle de février, qui avait été négociée par les grandes puissances pour faciliter les discussions de paix de Genève. Elle a depuis volé en éclat et les négociations ont été rompues en avril.

Les insurgés et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), organisation proche de l'opposition qui dresse le bilan quotidien du conflit, jugent toutefois que peu de choses ont changé sur le terrain.

"Le régime a proclamé le cessez-le-feu, mais il ne s'y est pas tenu. Il y a eu beaucoup de bombardements à Douma et Daraya", a déploré un porte-parole de l'opposition, évoquant deux localités de la banlieue de Damas tenues par les insurgés.

Les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) ont accepté le principe d'une trêve à l'occasion de l'Aïd, à condition que le gouvernement syrien la respecte.

"Nous, les groupes révolutionnaires armés de Syrie, saluons tout effort qui aille dans le sens d'un cessez-le-feu permettant que la période de l'Aïd el Fitr soit heureuse. Nous annonçons que nous le respecterons, aussi longtemps que l'autre partie le fera", lit-on dans le communiqué de l'ASL, diffusé sur le compte Twitter de Mohamed Allouch, ancien chef des négociateurs de l'opposition syrienne.

Le haut commandement de l'armée a indiqué par voie de communiqué qu'"un régime de calme" devait être appliqué "sur l'ensemble du territoire de la République arabe syrienne pour une période de 72 heures à compter du 6 juillet 01h00 et jusqu'au 8 juillet 2016 à 24h00".

A Tbilissi où il se trouvait en visite mercredi, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, s'en est félicité, estimant qu'il s'agissait d'un "signe avant-coureur" d'accords plus ambitieux et plus durables.

"Nous accueillons très favorablement la proclamation de l'armée syrienne sur ces 72 heures d'accalmie", a-t-il dit lors d'une conférence de presse, en ajoutant que des discussions étaient en cours pour tenter d'obtenir une prolongation de cette pause dans les combats.

L'état-major syrien n'a pas précisé pas quelles organisations sont concernées par la trêve, qui couvre la période de trois jours de l'Aïd el Fitr, la fête musulmane qui marque la fin du mois de jeûne du Ramadan.

La trêve de février ne concernait pas la lutte contre les djihadistes de l'Etat islamique (EI) et du Front al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda.

ASSAUT CONTRE MAÏDAA, PILONNAGES A ALEP

Depuis, l'armée syrienne et l'aviation russe, qui soutient le régime du président Bachar al Assad, ont annoncé une série de trêves locales de brève durée, dans les zones d'intenses combats, comme par exemple à Alep ou près de la capitale Damas.

Mercredi, les insurgés du Djaïch al Islam ont déclaré que, malgré l'annonce du "régime de calme", le gouvernement syrien et ses alliés avaient donné l'assaut de Maïdaa, dans la région de la Ghouta orientale, à l'est de Damas.

Selon l'OSDH, les forces du régime se sont emparées de la quasi-totalité de la ville et les affrontements se poursuivent dans la zone, tenue jusqu'à présent le Djaïch al Islam, composante du Haut comité des négociations (HCN) qui représente l'opposition aux négociations de paix internationales.

A en croire les médias officiels syriens, l'armée de Damas et ses alliés ont repris des quartiers aux "terroristes" présents dans le secteur. Le régime syrien qualifie tous les groupes insurgés en lutte contre lui comme "terroristes".

L'OSDH a signalé également, mercredi, des pilonnages dans plusieurs quartiers d'Alep, provenant aussi bien des insurgés que de l'armée syrienne, et a fait état également de raids aériens contre des villes des environs d'Alep. (Lisa Barrington; Eric Faye et Jean-Philippe Lefief pour le service français)