Genève (awp) - Le groupe bancaire Syz a retrouvé les chiffres noirs l'année dernière, après un exercice 2015 plombé par les coûts d'intégration de la filiale suisse de Royal Bank of Canada (RBC). Cette acquisition a élargi la zone de collecte à l'Afrique et l'Amérique latine. La masse sous gestion s'est cependant repliée sous l'effet de désinvestissements et de la régularisation d'avoirs. La croissance sera au rendez-vous en 2017.

Le groupe bancaire Syz a enregistré en 2016 des entrées nettes d'argent de 380 mio CHF dans la gestion de fortune et de 47 mio dans la gestion d'actifs, pour un total de 427 mio, indique jeudi la banque privée genevoise.

Les avoirs administrés se sont toutefois étiolés à 36,3 mrd CHF, contre 39,2 mrd en 2015. Les programmes d'amnistie mis en place dans certains pays, le départ de clients hérités de RBC et la déconsolidation de N+1 Syz sont à l'origine de ce repli.

Le rachat en 2015 de la filiale suisse de Royal Bank of Canada (RBC) a une nouvelle fois marqué l'année dernière de son empreinte. "L'intégration est pratiquement terminée et 18 mois plus tard je peux dire que c'est un succès", se réjouit le patron de l'établissement. Cette opération a permis à la banque privée genevoise d'investir de nouveaux marchés en Amérique latine et en Afrique.

La réponse de la clientèle s'est révélée encourageante sur ces marchés. "Au Brésil, beaucoup de clients devant régulariser leur situation ont décidé de consolider chez nous des avoirs qu'ils détenaient dans d'autres établissements en raison de la qualité de l'accompagnement", a précisé à AWP le directeur général (CEO) Eric Syz.

NOUVELLES ACQUISITIONS SOUHAITÉES

L'expérience favorable réalisée avec RBC Suisse incite M. Syz à rechercher de nouvelles cibles. La croissance externe fait d'ailleurs partie du modèle d'affaires de la banque. "Nous avons augmenté notre ratio de fonds propres durs, ce qui nous permet de nous positionner comme un consolidateur sur le marché et d'envisager des nouvelles acquisitions. Mais rien n'est en vue pour l'instant."

A fin décembre, le ratio de fonds propres durs (Tier 1) affichait une amélioration de 1,7 point de pourcentage à 16,6%. Les fonds propres ont progressé pour atteindre 299 mio CHF.

L'année dernière, le bénéfice net s'est fixé à 9 mio CHF, indicateur à comparer avec une perte de 38,5 mio CHF en 2015. Le résultat opérationnel s'est également hissé en zone bénéficiaire à 4 mio CHF, contre -37,7 mio précédemment. Pour M. Syz, ces résultats démontrent le "bien-fondé" de la stratégie de croissance adoptée en 2014.

Le produit d'exploitation s'est envolé de 16,8% sur un an à 216,6 mio CHF, grâce à une "forte croissance" des recettes issues des opérations de commissions et de prestations de services. Les opérations de négoce ont également tiré les revenus vers le haut.

DES TAUX NÉGATIFS COÛTEUX

Cette augmentation s'accompagne d'un allégement des dépenses de l'ordre de 10,5% à 189 mio CHF. La banque a réduit ses charges non récurrentes et de personnel. L'effectif avait été réduit après la fusion avec RBC Suisse et la déconsolidation de N+1 Syz, une coentreprise en Espagne.

Le cadre régulatoire suisse constitue cependant un obstacle au développement des activités. Pour le CEO, la propension de certains politiques à promouvoir des règles plus strictes qu'à l'étranger - le fameux "Swiss Finish" - crée une distorsion de la concurrence défavorable au secteur financier helvétique.

A cela s'ajoutent les taux négatifs, qui ont coûté plusieurs millions au groupe l'année dernière. Eric Syz doute de leur pleine efficacité. "Ils ont permis de réduire les craintes de déflation mais échoué à donner un coup de fouet à l'économie."

La tendance positive constatée dans la marche des affaires l'année dernière s'est poursuivie au premier trimestre 2017, a affirmé la banque. L'évolution dans la gestion d'actifs s'est révélée tout particulièrement favorable. Pour l'exercice en cours, le groupe anticipe une hausse des volumes et du résultat net.

fr/fah