* La Concurrence lève ou assouplit une partie des obligations

* Ce nouveau cadre s'imposera à Canal+ jusqu'au 31/12/2019

* Canal+ salue des avancées mais les juge partielles (Actualisé avec réaction DG Canal+)

par Gwénaëlle Barzic

PARIS, 22 juin (Reuters) - L'Autorité de la concurrence a annoncé jeudi un assouplissement partiel des contraintes imposées au groupe de télévision Canal+ confronté à une concurrence grandissante des plateformes américaines et du géant des télécoms Altice.

Le gendarme de la Concurrence, qui devait réexaminer les obligations fixées à la filiale de Vivendi en 2012 et 2014, a fixé un nouveau cadre qui s'imposera au numéro un de la télévision payante en France jusqu'au 31 décembre 2019, avant de disparaître. "Il y a des contraintes qui sont desserrées, d'autres qui sont maintenues. On a fait quelque chose d'assez chirurgical", a expliqué la présidente de l'Autorité Isabelle de Silva devant les journalistes.

L'Autorité a pris acte de la montée en puissance d'Altice, propriétaire de SFR en France, qui a bouleversé la donne en investissant massivement dans les contenus, dont les droits sportifs avec la Premier League et la Ligue des Champions.

Dans la distribution de chaînes payantes, la part de marché de Canal+ a reculé pour se situer aujourd'hui entre 70% et 80% contre 80% à 90% en 2012, a constaté l'institution.

"Ils ont fait une partie du chemin mais pas tout le chemin et on continue pendant deux ans et demi à avancer avec les mains ligotées pour se battre avec des acteurs qui ont beaucoup plus de moyens que nous", a réagi Maxime Saada, directeur général de Canal+, dans un entretien à Reuters.

Parmi les principaux assouplissements, Canal+ n'aura désormais plus de contraintes pour acquérir des droits sur des films auprès des grands studios américains.

Il pourra également distribuer une chaîne en exclusivité mais de façon encadrée puisqu'il aura l'obligation de proposer cette chaîne à d'autres acteurs du marché sous la forme d'offre indépendante, non incluse dans leurs bouquets. Canal+ gardera toutefois la main sur sa commercialisation.

UN NOUVEAU CADRE POUR 30 MOIS

Cette mesure pourrait raviver les spéculations sur une alliance renforcée entre Canal+ et les chaînes qataries beIN Sports qui avaient négocié un accord de distribution exclusive l'an dernier, retoqué in fine par l'Autorité de la concurrence.

"Le marché évolue tellement vite que ce qui était vrai il y a quelques mois ne l'est plus nécessairement maintenant et cela vaut notamment pour ce sujet-là", a ajouté Maxime Saada.

L'institution a en revanche estimé que Canal+ continuait de jouer un rôle de premier plan pour le cinéma français et a maintenu en grande partie ses obligations en la matière.

Cet assouplissement est bienvenu pour Canal+ qui a été contraint de revoir en profondeur ses offres commerciales et de réduire ses coûts face aux départs massifs de ses abonnés en France.

Le groupe s'était vu imposer une série de 33 injonctions en 2012 en raison du non-respect des contraintes qui lui avaient été imposées lors du rachat de TPS en 2006.

Ces injonctions, qui devaient faire l'objet d'un réexamen au bout de 5 ans, pouvaient être levées, modifiées ou maintenues pour au maximum 5 années supplémentaires.

Face à l'évolution rapide du secteur, l'Autorité a préféré limiter à 30 mois son nouveau cadre, un horizon qui vaut également pour la révision de ses engagements dans le domaine de la télévision gratuite après le rachat de Direct8 et Direct Star. (Edité par Gilles Guillaume)

Valeurs citées dans l'article : Altice, SFR Group, Vivendi, Netflix