Jeudi dernier, Christine Lagarde a annoncé une baisse de taux de 25 points de base pour la septième fois consécutive portant le principal taux directeur à 2.25%. La situation en Europe laisse effectivement du champ à une politique monétaire plus accommodante. Si l’impact des droits de douane est difficilement quantifiable en l’état, il pèse déjà sur le moral des ménages et des entreprises qui tendent à différer leurs décisions d’investissements. Ces conditions pourraient donc logiquement dégrader les perspectives de croissance en zone euro tout en reléguant les craintes sur l’inflation aux calendes grecques.
De leur côté, les marchés doivent répondre à deux questions particulièrement brûlantes avant de reprendre une direction claire. Premièrement, dans quel environnement tarifaire et commercial l’économie mondiale va-t-elle se retrouver en conséquence du coup de bluff sur les droits de douane ? Deuxièmement, les tarifs de Donald Trump conjugués à la saisie par Joe Biden des actifs de réserve, en complète violation du droit international, ont-ils détourné momentanément ou durablement les investisseurs étrangers des actifs libellés en dollars américain ?
Pour rappel, les USA ont attiré une quantité massive de capitaux étrangers lors des différents assouplissements quantitatifs (Quantitative Easing) et des relances budgétaires qui ont suivies la grande crise financière de 2007-2009. Cet afflux constant de capitaux a créé une bulle et permis aux obligations et aux actions américaines de surperformer toutes les autres zones géographiques pendant des années. Oui mais voilà : la Chine, le Japon et nombre de pays européens dont la France et l’Allemagne, détiennent des quantités d’avoirs en dollars qu’il serait bien tentant de rapatrier sur le territoire national. Une tentation d’autant plus grande que les marchés financiers (actions et obligations) sont en baisse depuis le début de l’année et que la pression s’accroit en raison de la dégringolade du dollar. Ce désamour pour le billet vert explique notamment la poussée enregistrée sur l’or.
Vous l’aurez compris, les incertitudes restent nombreuses et la prudence de mise. On pourra se rassurer quelque peu en raison de la détente observée sur le marché obligataire après une poussé de fièvre qui avait propulsé le 10 ans américain jusqu’aux portes des 4.60%. Les experts s’accordent d’ailleurs à dire que c’est cette riposte du marché obligataire qui a poussé l’administration Trump a faire machine-arrière sur les droits de douane en accordant une pause de 90 jours. Bien sûr, cela ne règle pas la question de fond mais permet juste aux différents protagonistes de se mettre d’accord. Il faut à ce titre garder en tête que ni les Etats-Unis, ni les autres pays n’ont les structures nécessaires à l’application concrète des droits de douane sur les produits importés. Lors de l’épisode qui a secoué le Canada et le Mexique en début d’année, les douanes américaines avaient estimé qu’il leur faudrait environ 1 an pour mettre en place les procédures nécessaires. Ce qui nous fait penser que Donald Trump n’a jamais eu réellement l’intention de les appliquer, juste de forcer ses partenaires commerciaux à négocier. L’avenir nous le dira.