Mario Draghi a profité du sommet de la BCE de Sintra (au Portugal) pour délivrer un de ses messages les plus forts et les plus volontaristes depuis le 'whatever it takes' de fin juillet 2012.

Tous les outils (monétaires) sont sur la table et les membres de la BCE ont réfléchi au mode d'utilisation optimal de chacun d'en autre ('calibrage' + 'timing'l).

La BCE annonce bel et bien l'instauration probable de taux négatifs ces prochains mois et la remise en oeuvre des 'QE' (quantitative Easing) afin de soutenir la croissance dans un contexte de ralentissement économique qui se concrétise de plus en plus nettement.
La BCE insiste particulièrement sur l'impératif de pousser - coûte que coûte - l'inflation vers l'objectif des 2%.

Nos OAT 2029 se sont inscrites pour la 1ère fois de leur histoire en territoire négatif ce midi (-0,002%) avant d'en terminer à 0,008%, en baisse de -10Pts de base en 24H, tandis que les Bunds n'ont 'lâché' que -7Pts de base à -0,325% (un nouveau record absolu également, tout comme le '10 ans' autrichien avec -0,04%).

Plus au Sud, les BTP italiens ont bénéficié d'une détente de -18Pts à 2,11%, les 'bonos' espagnols ont carrément effacé -15Pts à 0,375% (0,3900% ce soir).
Pour l'anecdote, le '10 ans' helvétique se détend de -5,5Pts à -0,534%... et tutoie le record de clôture des -0,577% de début juillet 2016 (post Brexit).
Les chiffres du jour ont été éclipsés par la BCE: le taux d'inflation annuel de la zone euro s'est établi à 1,2% en mai 2019, contre 1,7% en avril, et celui de l'Union européenne à 1,6% en mai, contre 1,9% en avril, selon Eurostat qui confirme ainsi son estimation rapide dans la zone euro pour mai.

La balance commerciale de la zone euro s'est dégradée à +15,3 milliards d'euros en avril, soit une baisse par rapport à +18,6 milliards en mars, selon les données corrigées des variations saisonnières d'Eurostat. L'office de statistiques précise que cette contraction d'un mois sur l'autre s'explique par des exportations corrigées des variations saisonnières qui ont diminué de 2,5%, alors que les importations ne se sont tassées que de 0,9%.

L'indice ZEW, qui mesure le sentiment économique des investisseurs allemands, dévisse de -19 points à -21,1 au titre du mois en cours, là où le consensus l'attendait qu'en repli vers -5 et au pire -10.

Cet indice d'évaluation des perspectives s'enfonce donc bien en-dessous de sa moyenne de long terme de +22. De plus, l'indice de la situation actuelle en Allemagne se tasse de 0,4 point pour s'établir à +7,8.

C'est donc une excellente (mauvaise) nouvelle : la BCE va pouvoir recourir à ses mesures 'non conventionnelles' en mode 'no limit'.

Fort mouvement d'aversion au risque également aux Etats Unis puisque le rendement des T-Bonds US se détend de -4Pts vers 2,05%: la barre psychologique des 2,00% a été frôlée à 2,025% cet après-midi, avant la publication de quelques chiffres US, moins négatifs que ceux publiés la veille (Empire State et confiance des ménages notamment).

Les chiffres de la construction résidentielle de mai aux Etats-Unis sont sortis en début d'après-midi : les mises en chantier de logements ont baissé de -0,9% en données corrigées des variations saisonnières (CVS), à 1.269.000 en nombre annualisé, là où le consensus, plus pessimiste, n'en espérait que 1.239.000.

Le nombre de permis de construire recensé par le Département du Commerce, censé préfigurer les mises en chantier futures, est quant à lui resté presque stable (+0,3%) à 1.294.000, s'établissant ainsi presque en ligne avec les 1.296.000 que les économistes anticipaient en moyenne.

Le Département du Commerce ajoute que par rapport au mois correspondant en 2018, les mises en chantier ont reculé de -4,7% et les permis de construire de logements américains de -0,5%.

L'Euro qui vit désormais dans l'anticipation de taux négatifs décroche sous 1,1200 face au Dollar... ce qui rend furieux Donald Trump (il trouvait déjà le Dollar trop 'cher', la BCE affaiblit sciemment notre devise selon son analyse).





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