(Actualisé aux paragraphes 4-5 avec les déclarations du département d'Etat américain)

par Francois Murphy, Parisa Hafezi et John Irish

VIENNE, 6 avril (Reuters) - Téhéran et les grandes puissances vont poursuivre les discussions sur une relance de l'accord de Vienne sur le programme nucléaire iranien, a déclaré mardi à la télévision d'Etat le principal négociateur iranien sur le dossier.

"Les discussions à Vienne ont été constructives (...) notre prochaine réunion aura lieu vendredi", a dit Abbas Araqchi.

Alors que l'Iran a repris l'enrichissement de l'uranium à 20%, Abbas Araqchi a cependant souligné que son pays ne suspendrait pas cette initiative, même au prix du déblocage d'avoirs d'un montant d'un milliard de dollars en raison des sanctions américaines imposées par Donald Trump.

Les Etats-Unis ont également présenté les discussions à Vienne comme une étape constructive.

"Ces discussions à Vienne (...), c'est une étape constructive, c'est une étape potentiellement utile alors que nous cherchons à déterminer ce que les Iraniens sont prêts à faire pour revenir au respect de l'accord (...) et, par conséquent, ce que nous pourrions devoir faire pour revenir au respect de l'accord nous-mêmes", a déclaré à la presse le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price.

DISCUSSIONS INDIRECTES

L'Iran et les Etats-Unis ont entamé à Vienne des discussions indirectes qui visent à ramener les deux pays dans le cadre de l'accord de 2015 sur le programme nucléaire de Téhéran, un processus avec lequel Washington a rompu il y a trois ans.

Le retrait des Américains a conduit les Iraniens à dépasser régulièrement les limites fixées par l'accord à ses activités d'enrichissement d'uranium, provoquant un retour des sanctions qui plombent l'économie de la république islamique.

Washington a déclaré lundi s'attendre à ce que les nouveaux pourparlers soient difficiles et aucun des deux camps ne table sur des progrès spectaculaires.

"Nous ne sommes pour l'instant ni optimistes ni pessimistes quant à l'issue de cette réunion mais nous sommes convaincus d'être sur la bonne voie et si l'Amérique fait preuve de bonne volonté, de sérieux et d'honnêteté, cela pourrait être bon signe pour un avenir plus positif de cet accord et au-delà pour sa mise en application intégrale", a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Rabiei.

Des représentants de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Allemagne vont servir d'intermédiaire entre Américains et Iraniens dans la capitale autrichienne, où l'accord de 2015 avant été conclu. Des Russes et des Chinois seront également présents.

Un diplomate occidental a déclaré à Reuters vendredi que la France serait le principal interlocuteur des Etats-Unis comme de l'Iran.

Selon plusieurs diplomates, les pays encore parties prenantes de l'accord se réuniront dans un premier temps dans un hôtel viennois pour des discussions préparatoires, la délégation américaine, emmenée par l'émissaire spécial Rob Malley, étant basée dans un autre hôtel non loin de là.

Signe des difficultés qui attendent les participants, un responsable iranien a déclaré à Reuters: "Notre ordre de mission pendant la réunion sera le retrait de toutes les sanctions américaines contre l'Iran (...) Comme l'a dit à plusieurs reprises notre dirigeant suprême, tout résultat en retrait par rapport à cela ne sera pas accepté par Téhéran."

L'ayatollah Ali Khameneï, dirigeant suprême de l'Iran, est en effet opposé à tout assouplissement graduel des sanctions.

Un responsable de l'Union européenne a expliqué que des groupes de travail auraient pour objectif de dresser d'une part une liste des sanctions américaines susceptibles d'être levées et d'autre part une liste des obligations en matière nucléaire que l'Iran devrait respecter.

Même si les Iraniens comme les Américains disent ne pas être pressés, le but est de parvenir à un accord avant l'élection présidentielle iranienne prévue en juin, a précisé un responsable. (Version française Marc Angrand et Claude Chendjou, édité par Jean-Michel Bélot)