Milan (awp/afp) - Telecom Italia (Tim) connaissait de nouveau une séance en berne mardi à la Bourse de Milan, fragilisé par l'entrée prochaine du français Iliad (Free) sur le marché italien et la concurrence sur la fibre d'Open Fiber du groupe Enel.

Vers 12H30 (11H30 GMT), le titre cédait 2,18% à 0,6745 euro, après avoir déjà perdu 3,23% lundi et 1,66% vendredi.

Depuis le début de l'année, Telecom Italia, dont le principal actionnaire est Vivendi, a dévissé de quelque 19%.

Mardi, Goldman Sachs a abaissé sa recommandation sur le titre de "achat" à "neutre", avec un objectif de prix de 0,86 euro contre 1,01 euro précédemment.

La banque d'affaires évoque pour justifier sa décision la période d'incertitude croissante qui s'ouvre pour Telecom Italia, avec l'arrivée imminente d'Iliad sur le marché et la concurrence avec Enel Open Fiber.

Vendredi, lors de la présentation des résultats trimestriels, le nouveau directeur général de l'opérateur, Amos Genish, s'était montré confiant au sujet de l'arrivée d'Iliad, qui avait bouleversé le marché de la téléphonie en France en cassant les prix.

"Les nouveaux concurrents pourront modifier un peu les choses mais je ne pense pas qu'il y aura une guerre des prix à caractère tactique", avait-il estimé. "Des prix plus bas ne fonctionneront pas" sur le long terme car cela pèsera sur les revenus de ceux qui les proposeront, avait-il ajouté en assurant que les tarifs étaient "déjà au minimum".

Dans un entretien donné aux quotidiens italiens et publié mardi, M. Genish a estimé que le titre était "sous-évalué", en se disant "certain qu'avec le temps nous atteindrons la valeur juste grâce à nos résultats".

"Les courtiers disent que de nombreux fonds d'investissement avaient misé sur la volatilité qui serait dérivée d'actions extraordinaires (comme des cessions d'actifs). Mais depuis qu'ils ont réalisé que Tim devenait une société industrielle ennuyeuse [estimant ainsi qu'il n'y avait pas matière à spéculation], ils sont partis", a-t-il dit pour expliquer la chute du titre.

Au sujet d'Open Fiber, M. Genish a jugé que l'Italie était un pays "suffisamment grand pour accueillir deux réseaux en concurrence". Il s'est dit éventuellement ouvert à des "collaborations commerciales" avec Open Fiber et à "considérer des partenariats" pour les "zones blanches".

Concernant les tensions avec le gouvernement, fortes avec son prédécesseur, M. Genish, nommé fin septembre directeur général, a reconnu que les contacts avaient été "difficiles" par le passé: "Mais maintenant nous avons ouvert un dialogue, nous avons écouté leurs préoccupations, en partie légitimes".

En raison du resserrement du contrôle de Vivendi sur Telecom Italia, le gouvernement italien a décidé d'utiliser ses pouvoirs spéciaux. Il a demandé à Tim d'appliquer certaines mesures visant à protéger et "italianiser" certaines activités, comme celles de Sparkle qui gère des réseaux considérés comme sensibles. D'autres concernent le réseau.

M. Genish a souligné que le dialogue se poursuivait, afin de trouver les "bonnes solutions".

Il a aussi réaffirmé que son groupe continuerait à exercer le contrôle sur le réseau, car ce contrôle est "stratégique", même si "cela ne signifie pas forcément avoir 100%" du réseau.

Il a également répété qu'il n'entendait pas céder Tim Brasil.

afp/rp