par Gwénaëlle Barzic et Douglas Busvine

La Commission européenne étudie différentes mesures qui reviendraient de facto à bannir le matériel de l'équipementier chinois pour les réseaux mobiles de la prochaine génération face aux inquiétudes sur la sécurité.

Plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis et l'Australie, ont déjà restreint l'accès de leurs marchés pour la 5G et l'Allemagne envisage également des mesures similaires.

Le directeur général de la GSMA, Mats Granryd, a écrit aux membres de l'association pour leur proposer d'inscrire le débat autour de Huawei au menu de leur prochaine assemblée, a déclaré samedi à Reuters un porte-parole de la GSMA.

La réunion se tiendra en marge du Mobile World Congress, le plus gros événement du secteur qui se tient chaque année à Barcelone, en Espagne.

"Cela doit encore être confirmé", a précisé le porte-parole de l'association qui est actuellement présidée par Stéphane Richard, le PDG de l'opérateur français Orange.

Alors que nombreux opérateurs comptent faire appel à Huawei pour construire leurs réseaux 5G, une exclusion de l'équipementier chinois pourrait constituer un obstacle sérieux aux efforts de l'Europe pour rester compétitive dans le secteur des télécoms et des technologies.

Le géant allemand Deutsche Telekom a ainsi estimé qu'une telle mesure engendrerait un retard de deux ans sur ses projets de déploiement, une estimation sur laquelle s'accordent plusieurs opérateurs.

EN FRANCE, VOTE INCERTAIN SUR LE DURCISSEMENT DES CONTRÔLES

Avec un chiffre d'affaires de 93 milliards de dollars (81,7 milliards d'euros) en 2017, Huawei est le premier équipementier télécoms mondial, mais plusieurs pays occidentaux, les Etats-Unis en tête, redoutent que Pékin n'utilise ses infrastructures à des fins d'espionnage.

Aucune preuve n'a jusqu'à présent été apportée pour étayer ces soupçons et le groupe a réfuté à de nombreuses reprises ces accusations.

La France a elle aussi annoncé son intention de renforcer son contrôle des infrastructures télécoms via un dispositif qui ne cible toutefois officiellement aucun équipementier en particulier.

Un amendement a été déposé fin janvier au projet de loi Pacte, actuellement en discussion au Sénat, imposant aux opérateurs de demander une autorisation avant de recourir à certains matériels jugés sensibles, formalisant et élargissant des contrôles informels déjà existants.

La disposition a toutefois été mal accueillie au Sénat où elle a été examinée par une commission avant d'être discutée en séance la semaine prochaine, ce qui pourrait venir perturber les projets du gouvernement.

En cas de rejet lors du vote, l'exécutif pourrait alors être contraint de trouver un autre texte de loi programmé pour être débattu au Parlement en vue de redéposer cet amendement.

(Avec Elizabeth Pineau à Paris et Kirsti Knolle à Vienne, édité par Elizabeth Pineau)

par Gwénaëlle Barzic et Douglas Busvine