Finalement, et conformément au scénario le plus favorable envisagé au début du mois, les résultats trimestriels publiés par les entreprises cotées en Bourse ont relancé l'appétit pour le risque des investisseurs. De façon un peu contre-intuitive, et en décalage manifeste avec la dilatation de la couverture médiatique sur les flambées de prix, les sociétés ont l'air d'assez bien gérer cette période d'hyperinflation. Est-ce parce qu'elles souscrivent au scénario d'une accélération transitoire ? Probablement pas puisque leurs résultats ne peuvent pas vraiment intégrer ce type de variable. Disons que c'est plutôt parce qu'elles se montrent persuadées de pouvoir répliquer la hausse de leurs coûts. Sur qui ? Sur vous évidemment, sur moi aussi, les pauvres consommateurs. Un excellent terreau pour une spirale inflationniste, n'est-il pas ? C'est d'ailleurs la principale critique adressée par les partisans d'une inflation non-transitoire : comment pourrait-elle l'être alors que tout augmente, partout ? Mais j'ai aligné un peu trop de points d'interrogation pour vous laisser sans réponses.

Par esprit de contradiction, je suis allé prendre le point de vue d'un membre du clan de l'inflation temporaire. Le bureau d'études AlphaValue ne nie pas la réalité de l'inflation, ce serait imbécile, mais il explique que plusieurs indices montrent qu'elle est conjoncturelle. Parce que l'inflation actuelle est très synchrone, "ce qui tend à prouver qu'il s'agit d'une conjonction de facteurs plutôt que de tendances ancrées" et planétaire. Là j'ai envie de répondre que ça semble favoriser l'effet boule-de-neige. AlphaValue réplique que cette concordance trouve son origine dans le covid et l'argent facile qui en a résulté, lequel a "déchaîné les esprits animaux, d'abord sur les marchés, puis dans le monde réel". Pour le bureau d'études, on peut très facilement régler le problème en "ralentissant la circulation du bol de punch", c'est son expression, c’est-à-dire en adoptant des politiques monétaires plus restrictives, ce qui, a priori, est en train de se mettre en place.

Mais le plus intéressant dans l'analyse d'AlphaValue, et ce qui la relie au début de mon propos, c'est que la synthèse des premiers résultats trimestriels des entreprises montre qu'elles sont unanimement convaincues qu'elles pourront répercuter les hausses de prix sur le consommateur. C'est même le fondement de leurs prévisions de résultats du 4e trimestre. Or pour notre expert du jour, c'est tout simplement impossible et les entreprises se font des illusions parce que ledit consommateur va d'abord devoir se coltiner ses factures d'énergie et ne pourra accepter de payer plus pour d'autres biens et services. "Nous nous attendons à ce que les mécanismes d'inflation butent sur cette réalité évidente", conclut AlphaValue.

On peut ne pas souscrire à un tel scénario, en estimant par exemple que les entreprises passeront coûte que coûte leurs augmentations tarifaires et que les résultats s'annoncent radieux. C'est pour le moment le pari que prennent les marchés boursiers, qui poursuivent globalement leur ascension en attendant une nouvelle salve de résultats, dont Microsoft et Alphabet ce soir. En Europe ce matin, les suisses Novartis, UBS Group et Logitech occupent ce terrain, avec les françaises Thales et Faurecia. Hier après la clôture de Wall Street, c'est Facebook qui a assuré le spectacle, entre résultats, métavers et contorsions de Mark Zuckerberg sur les orientations futures de ses plateformes. Et Tesla évidemment, dont la capitalisation globale a dépassé le cap symbolique de 1000 Mds$, brûlant au passage la politesse à…Facebook dans le classement des poids lourds de la cote américaine. Tesla qui vient d'ailleurs d'annoncer de grosses hausses tarifaires. 

Les trois indices américains ont terminé en progression, la plus forte hausse revenant au Nasdaq avec 1,04% de gains. En Europe, la séance était plus mitigée, en particulier en France où les craintes sur la dynamique de l'économie chinoise ont pesé sur les représentants de l'industrie du luxe. Mais globalement, cette saison des résultats continue à jouer son rôle de catalyseur haussier. En Asie ce matin, Tokyo rebondit vigoureusement en suivant l'exemple américain, tandis que les indices chinois végètent autour de l'équilibre. Le CAC40 grappille 0,2% à 6726 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Journée 100% américaine avec l'indice des prix immobiliers de la FHFA (15h00), l'indice manufacturier de la Fed de Richmond (16h00), l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board (16h00) et les chiffres de l'immobilier neuf (16h00).

L'euro rechute à 1,1599 USD. L'once d'or se stabilise à 1803 USD. Le pétrole ne varie pas beaucoup avec un Brent à 86,10 USD et un WTI à 83,81 USD. Sur le marché obligataire, le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 1,64%, tandis que le Bund s'affiche à -0,12% sur la même durée. Le bitcoin perd 0,5% à 62 700 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air Liquide : Cowen revalorise de 175 à 195 EUR.
  • Aker Carbon : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 29 NOK.
  • Epiroc : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 205 à 215 SEK.
  • Hollywood Bowl : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 280 à 300 GBp.
  • Inficon : Stifel reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1080 à 1150 CHF.
  • KBC : KBW passe de surperformance à performance de marché en visant 80 EUR.
  • L'Oréal : CFRA revalorise de 360 à 400 EUR.
  • Michelin : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 160 à 150 EUR.
  • Segro : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 1500 GBp.
  • Sika ; Kepler Cheuvreux relève son objectif de cours de 340 à 345 CHF.
  • Technip Energies : Société Générale reprend le suivi à conserver en visant 14,60 EUR.
  • Warehouse REIT : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 200 GBp.

En France

Publications de résultats :

  • Faurecia : l'objectif réduit en septembre est confirmé après un T3 en baisse. La finalisation du rachat d'Hella aura lieu en 2022.
  • Michelin : les objectifs sont confirmés après des résultats trimestriels meilleurs que prévu.
  • Orange : les objectifs 2021 sont confirmés.
  • Symrise : les objectifs de moyen terme sont confirmés.
  • Thales : les objectifs 2021 sont confirmés en marge des comptes trimestriels.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Vivendi veut porter à 29,9% sa part dans Prisa.
  • Plastic Energy, Freepoint Eco-Systems et TotalEnergies annoncent un projet de recyclage chimique aux États-Unis.
  • Carrefour et Uber collaborent sur Carrefour Sprint, un service de livraison métropolitain.
  • Air Liquide et le CNRS renouvellent leur accord-cadre de coopération et de recherche.
  • Vallourec signe un contrat-cadre pour la fourniture de tubes sans soudure au Guyana.
  • Castillon détient plus de 90% de Devoteam.
  • Le retrait obligatoire des actions Voluntis à 8,70 EUR aura lieu le 2 novembre.
  • Theradiag lance une augmentation de capital de 5,33 M€ à 1,22 EUR par action, avec maintien du droit préférentiel de souscription.
  • Theravet annonce que les premiers patients ont été traités aux Etats-Unis avec le substitut osseux BIOCERA-VET.
  • GenOway a finalisé la conception du 1er modèle de recherche permettant de reproduire fidèlement les symptômes déclenchés par un virus respiratoire tel que le Sars-Cov2.
  • ID Logistics, La Française de l'Energie, Mersen, Nacon, Maisons du Monde, Fountaine Pajot, Groupe Airwell, Connect, Memscap, Paragon, BigBen, Lumibird, Sword ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Publications de résultats :

  • Alfa Laval : résultats trimestriels sont meilleurs que prévu.
  • Facebook : le titre gagne 1,8% hors séance après la publication des trimestriels.
  • Logitech : légère croissance pour la société au T2 fiscal (+4%), pour un résultat opérationnel en baisse de 40%. Les objectifs sont confirmés.
  • Norsk Hydro : les résultats dépassent les attentes avec la flambée de l'aluminium.
  • Novartis dépasse les attentes au T3 et démarre une revue stratégique de Sandoz.
  • Reckitt : les résultats trimestriels sont en baisse mais dépassent les attentes.
  • SK Hynix : les trimestriels sont supérieurs aux attentes au T3.
  • UBS Group : les résultats trimestriels dépassent les attentes, dans le sillage des autres sociétés du secteur.

Annonces importantes (et autres)

Lectures