Les marchés financiers comprennent vite, mais il faut leur expliquer longtemps. C'est d'autant plus vrai quand des narrations bien troussées sont à l'œuvre derrière certains thèmes d'investissement. Notez que je n'ai pas du tout l'intention de jouer le pédagogue condescendant quand j'écris ça, puisque je me fais aussi prendre au jeu de la narration, quand je ne suis pas en train d'en produire moi-même au milieu du baratin que je vous sers tous les matins. Si j'en parle, c'est que nous avons deux belles illustrations.

Je vais commencer par Tesla. Le titre du Californien, futur Texan, a chuté de 8% hier hors séance après l'annonce de mauvais résultats trimestriels. La narration et le génie d'Elon Musk ont fait de Tesla un groupe de technologie à la pointe de l'innovation sur la mobilité et non pas un constructeur automobile. C'est la raison pour laquelle le marché paie l'action 113 fois les résultats 2024 alors qu'il n'accepte de verser que 3,8 fois pour Stellantis. Jusqu'à présent, Tesla est toujours considéré comme un groupe de technologie. Mais depuis quelques mois, il n'écrase plus tout sur son passage. Musk a beau gesticuler et multiplier les annonces fracassantes, il a de plus en plus de mal à empêcher l'entreprise de devenir banale. Et banale, ça signifie qu'elle est confrontée à des problématiques de constructeur automobile : marché mature, concurrence accrue, décisions d'investissement longues… Le marché pensait que Tesla allait monter jusqu'au ciel, parce que c'est l'histoire qui avait été mise en place. Le groupe garde des atouts, bien sûr, mais une partie de la magie s'est évaporée. Et 113 fois les résultats sans magie, c'est compliqué à tenir. Comme il n'y a aucun rationnel à chercher côté performances financières pour le moment, Elon Musk est contraint de s'épancher sur les robotaxis, la domiciliation de la société, la géopolitique, l'intelligence artificielle et tutti quanti. Ça ne fonctionne pas toujours.

Seconde illustration avec LVMH. Nous sommes sur des multiples bien plus raisonnables que Tesla (22 fois les résultats de l'année en cours) et sur une narration différente. Le groupe a publié hier des performances trimestrielles inférieures aux attentes, marquées par le ralentissement de plusieurs marchés clefs. Là aussi, l'histoire est un peu cassée depuis quelques trimestres. Entre 2015 et 2021, l'action LVMH a connu un parcours digne d'une grosse technologique américaine. Elle cotait environ 130 EUR fin 2014. Elle a plus que quintuplé depuis, même après avoir perdu le quart de sa valeur par rapport aux records touchés à plus de 900 EUR il y a 15 mois. En 2022, 2023 et sur la première moitié de 2024, le titre a végété, pour finalement perdre du terrain sur le record que je citais juste avant. Le marché a cru jusqu'au bout que LVMH allait échapper au marasme du secteur du luxe, bien plus affecté par le ralentissement de la croissance chinoise que les spécialistes ne l'avaient imaginé. En réalité, le groupe français fait mieux que la moyenne, mais il n'a pas la cape d'invincibilité que certains lui prêtaient. Crime de lèse-Bernard-Arnault et de lèse-France, c'est même la Compagnie Financière Richemont qui a volé la cape cette année.

Pour l'instant, les narrations sur Tesla et LVMH tiennent toujours, parce que le marché pense que les histoires ne sont pas cassées. Mais les actions ne font plus vraiment d'étincelles et cette situation pourrait durer. Ceci dit, et pour ce que ça vaut, il me semble plus facile de revenir à une situation favorable sur LVMH que sur Tesla, parce qu'il y a un écart bien plus considérable entre le groupe américain et sa légende qu'entre le groupe français et sa légende. L'auteur de l'Arbre-Monde, Richard Powers, aime à dire que les meilleurs arguments du monde ne font pas changer d'avis les gens et que la seule chose qui puisse le faire est une bonne histoire. En inversant son propos, je crois qu'on peut dire que quand l'histoire initiale déraille, les gens peuvent aussi changer d'avis.

Les résultats publiés hier soir par Tesla et LVMH sont donc des déceptions pour le marché, qui se concentre tous les trois mois sur les chiffres et un peu moins sur la narration. Alphabet a déçu aussi, même si le titre limite son repli à 2%. La maison-mère de Google n'est pas à plaindre, mais il manque un peu l'effet waouh, notamment celui lié à l'intelligence artificielle, qui est partout mais dont on a encore un peu de mal à voir les retombées sonnantes et trébuchantes, à part bien sûr du côté des vendeurs de matériel.

Tout ce laïus était destiné à vous montrer que trois des entreprises capables de réveiller un marché ont raté le coche hier soir, ce qui complique le réveil des places occidentales. Jusqu'à présent, les grosses déceptions étaient venues d'Europe. Si le mouvement s'étend, l'ambiance risque de ne pas être fofolle. La séance du jour est encore marquée par une myriade de résultats d'entreprises, trop pour les compter sur les doigts de la main et des pieds. La liste détaillée figure en seconde partie de chronique, parce qu'une vieille flemme s'est emparée de moi et m'empêche de tout réécrire ou de faire un copier-coller sauvage. L'autre attraction du jour, ce sont les indicateurs d'activité PMI, qui rendent compte de la confiance des directeurs d'achats d'entreprises dans les grandes économies. Le premier indicateur est tombé cette nuit au Japon et il n'était pas terrible (PMI Manufacturier Flash à 49,2 points, en zone de contraction, contre une expansion à 50,5 points anticipée (méthodo et signification des PMI disponible ici).

En Asie Pacifique, les grandes places financières sont hésitantes mais plutôt baissières. Tokyo perd 1%, Hong Kong, Shanghai et Séoul autour de 0,5% et Sydney 0,1%. L'Inde grappille quelques points. Les indicateurs avancés occidentaux sont baissiers.

Le CAC40 perd 1,3% à 7503 points, plombé par LVMH. Le SMI perd 0,8% à 12 179 points. Le Bel20 recule de 0,2% à 4029 points.

Les temps forts économiques du jour

C'est une journée dédiée aux indicateurs PMI avancés de juillet, en particulier en France (9h15), Allemagne (9h30), zone euro (10h00), Royaume-Uni (10h30) et USA (15h45). De l'autre côté de l'Atlantique, il y aura aussi les ventes de logements neufs (16h00) et les stocks de brut DOE (16h30). Tout l'agenda ici.

L'euro recule à 1,0846 USD. L'once d'or remonte à 2416 USD. Le pétrole reste sous pression, avec un Brent de Mer du Nord à 81,22 USD le baril et un brut léger américain WTI à 77,17 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 4,25%. Le bitcoin se négocie 65 900 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Akzo Nobel : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 79 à 71 EUR.
  • Dassault Aviation : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance et réduit l'objectif de cours de 230 EUR à 225 EUR.
  • Edenred : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer et réduit l'objectif de cours de 69 à 65 EUR.
  • Givaudan : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 4800 à 4700 CHF.
  • Kuehne Und Nagel : Barclays maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours relevé de 255 à 265 CHF. Morgan Stanley reste à souspondérer avec un objectif de cours relevé de 269 à 270 CHF. TD Cowen maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 252 à 270 CHF.
  • Logitech International : Bank Vontobel AG maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 95 à 97 CHF.
  • LVMH : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 960 à 930 EUR. Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 710 à 690 EUR. Morgan Stanley maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 825 à 760 EUR.
  • M6 Métropole Télévision : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 14 EUR à 14,30 EUR.
  • Opmobility : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation de sousperformance avec un objectif de cours relevé de 9 à 9,50 EUR.
  • SAP SE : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 205 à 220 EUR. Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 212 à 224 EUR.
  • Temenos : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 61 à 60 CHF. JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours réduit de 84 à 70 CHF.
  • Thales : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation de réduction avec un objectif de cours réduit de 167 à 166 EUR. BNP Paribas Exane maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 152 à 156 EUR.

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