(Actualisé avec déclarations de May)

LONDRES, 18 novembre (Reuters) - La Première ministre britannique Theresa May a déclaré dimanche qu'un vote de défiance des parlementaires conservateurs à son encontre, qui la contraindrait à abandonner ses fonctions à la tête du gouvernement, risquerait de repousser la date du Brexit.

Les élus conservateurs eurosceptiques menacent de déposer une motion de censure contre Theresa May depuis que le projet d'accord avec l'Union européenne a été dévoilé mercredi. Il faut pour cela que 48 lettres soient déposées pour demander la tenue d'un vote, ce qui n'était semble-t-il toujours pas le cas dimanche.

"Les sept prochains jours vont être décisifs, c'est l'avenir du pays qui est en jeu", a déclaré Theresa May à la chaîne d'informations Sky News.

"Un changement de direction à ce moment précis ne va pas rendre les négociations plus facile... Il risquerait au contraire de retarder les négociations et il y a un risque que le Brexit soit repoussé ou n'ait pas lieu."

La Première ministre a assuré que les négociations se poursuivaient "au moment où je parle" et dit son intention de se rendre à Bruxelles pour dialoguer avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, puis avec les dirigeants européens qui se réuniront en sommet extraordinaire le 25 novembre.

Dans une interview publiée dimanche par le journal The Sun, Theresa May souligne qu'elle ne voit pas d'alternative à l'accord qu'elle a négocié.

"Il n'y a pas d'autre accord sur la table. Il n'y a pas d'approche différente sur laquelle nous pourrions nous entendre avec l'Union européenne", dit-elle.

"Si les députés rejettent l'accord, nous reviendrons simplement au point de départ. Cela signifie plus de divisions, plus d'incertitudes et un échec sur la réponse à apporter au vote des Britanniques", ajoute-t-elle.

TRACTATIONS CHEZ LES "BREXITERS"

L'accord sur le Brexit négocié par Theresa May a provoqué jeudi une crise politique à Londres, avec la démission de plusieurs ministres - dont le ministre chargé du Brexit Dominic Raab - et le déclenchement par les députés conservateurs eurosceptiques d'une procédure en vue d'un vote de défiance.

Plus de 20 députés conservateurs ont déjà appelé au vote d'une motion de censure contre Theresa May. Il en faut 48 pour qu'un tel vote soit organisé. May serait renversée si 158 députés conservateurs, sur 315, votaient la censure.

"A ma connaissance, le seuil n'a pas été atteint", a-t-elle déclaré à la chaîne d'informations Sky News, ce qu'a ensuite confirmé Graham Brady, qui préside le comité 1922, l'instance qui représente les députés conservateurs n'exerçant aucune fonction gouvernementale.

Plusieurs journaux britanniques ont rapporté samedi que Michael Gove (Environnement), Liam Fox (Commerce international), Chris Grayling (Transports), Penny Mordaunt (Développement international) et Andrea Leadsom (Relations avec la Chambre des Communes) tentaient de faire pression sur Theresa May pour qu'elle modifie l'accord.

Penny Mordaunt, Dominic Raab et cinq autres figures du parti conservateur - dont l'ancien secrétaire du Foreign Office Boris Johnson et l'ancien ministre du Brexit David Davis - "préparent activement" une éventuelle campagne pour prendre le poste de Premier ministre, indique le Sunday Times qui rapporte par ailleurs des contingents sont prêts à être déployés sur le territoire pour maintenir l'ordre public au cas où il n'y aurait "pas d'accord" sur le Brexit. (David Milliken; Arthur Connan, Nicolas Delame et Tangi Salaün pour le service français)