Tokyo (awp/afp) - La Bourse de Tokyo a fini lundi en forte baisse, affectée par le net renforcement du yen face au dollar après l'investiture de Donald Trump comme président américain qui ouvre une période d'incertitudes.

A l'issue des échanges, le Nikkei des 225 valeurs vedettes a cédé 1,29% (-246,88 points) à 18.891,03 points.

L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a pour sa part reculé de 1,23% (-18,83 points) à 1.514,63 points.

Sur le volet des monnaies, le dollar est tombé autour de 113,30 yens, contre 114,80 yens vendredi à fermeture de la place tokyoïte. Même mouvement à la baisse pour l'euro, descendu à 121,80 yens (contre 122,55 yens).

Le yen, valeur refuge, s'est élevé après le discours vendredi de M. Trump, aux accents populistes et nationalistes. "A compter d'aujourd'hui, ce sera l'Amérique d'abord et seulement l'Amérique!", a lancé le magnat en énonçant "deux règles simples: acheter américain et embaucher américain".

Les places financières mondiales s'étaient enflammées après la victoire du candidat républicain en novembre, considérant d'un bon oeil ses promesses de baisses d'impôts, de relance des dépenses d'infrastructures et de déréglementation de certains secteurs. Mais l'humeur a changé et la prudence semble désormais prévaloir.

"Si le marché commence à se concentrer davantage sur les craintes liées au protectionnisme affiché par Donald Trump, le yen devrait temporairement se renforcer", un mouvement négatif pour les titres exportateurs nippons, a commenté pour l'agence Bloomberg Shoji Hirakawa, analyste à l'institut de recherche Tokai Tokyo.

- Takata dévisse encore, Toshiba rebondit -

Sur le front des valeurs, l'action Takata s'est de nouveau illustrée: elle a signé sa sixième séance négative, dégringolant de 17,63% à 467 yens, soit le repli maximum autorisé pour ce jour. En une semaine, elle a perdu plus de la moitié de sa valeur du fait de craintes sur l'avenir de l'équipementier automobile, qui pourrait être contraint au dépôt de bilan trois ans après la révélation d'un scandale d'airbags défectueux.

Le Tokyo Stock Exchange (TSE) a annoncé que serait étendue mardi la limite de fluctuation journalière. En théorie, le titre pourrait donc chuter de 160 yens, à 307 yens, ce qui représenterait le cas échéant un décrochage de 34%.

Un autre groupe est particulièrement regardé ces derniers temps: Toshiba. L'action du conglomérat industriel a cette fois bondi de 8,99% à 268,9 yens, son activité vedette des puces-mémoires suscitant l'intérêt de nombreuses sociétés, dont Canon, selon la presse.

Avant ce regain, elle avait lâché près de 50% depuis fin décembre, en raison de risques de dépréciations massives sur l'activité nucléaire aux Etats-Unis.

Sharp a aussi eu les faveurs des acheteurs (+2,69% à 305 yens) après l'annonce par son sauveur, le taïwanais Hon Hai/Foxconn, d'un projet d'investissement de 7 milliards de dollars pour fabriquer des écrans plats aux Etats-Unis, en partenariat avec le géant japonais des télécommunications SoftBank. Ce dernier a fléchi de 0,82% à 8.380 yens.

Mitsubishi Heavy Industries (MHI) a en revanche été délaissé (-1,59% à 524,1 yens), juste avant qu'il n'officialise un report de deux ans, à 2020, de la première livraison de son avion régional MRJ, premier appareil de ligne conçu par un groupe nippon depuis un demi-siècle.

La compagnie nippone ANA, qui recevra donc son aéronef avec sept années de retard sur le calendrier initial, a quant elle vu son titre céder 0,55% à 324,5 yens.

A noter aussi, le petit déclin de Nintendo (-0,50% à 23.510 yens) malgré des échos plutôt positifs du côté des premières réservations au Japon de la nouvelle console Nintendo Switch.

Enfin, parmi les habituelles valeurs phares, Toyota a perdu 1,63% à 6.690 yens, Nissan 1,34% à 1.135 yens, Sony 1,15% à 3.432 yens et Fast Retailing (Uniqlo) 2,41% à 36.340 yens.

anb/spi