L'euro baisse Lagarde, ou le contraire

Jeudi, la Banque centrale européenne s'est quasiment engagée auprès des marchés à agir en décembre pour une nouvelle série d'opérations de soutien à l'économie de la zone euro. Une promesse que les observateurs tenaient presque pour acquise de toute façon, mais qui a pesé sur l'euro… Enfin, en partie, parce que la monnaie unique a aussi profité d'une innovation de la BCE, dont le communiqué "fait explicitement mention du taux de change", un événement "très rare" qui "mérite d’être noté", souligne Stéphane Déo, le stratégiste de LBPAM.

De fait, le taux de change est même mentionné dès la première phrase du document. "Dans l’environnement actuel de risques clairement orientés à la baisse, le Conseil des gouverneurs évaluera attentivement les informations qui lui parviennent, notamment sur l’évolution de la pandémie, les perspectives de déploiement de vaccins et les variations du taux de change", est-il mentionné. Sans vouloir surinterpréter, la BCE place sur un plan identique pandémie / vaccin et taux de change. La paire EUR/USD est passée d'environ 1,18 le 28 octobre à 1,1650 jeudi après-midi, comme l'illustre le graphique de LBPAM qui suit.

La journée de l'euro le 29 octobre 2020

Shocking !

La livre sterling n'est plus ce qu'elle était. "Le dollar, l’euro, le yen et la livre sterling sont généralement des devises refuges pour les investisseurs en cas de baisse des marchés. Mais, cette année, la livre sterling ne s’est pas du tout comportée comme prévu", note M&G Investments. La preuve avec l'illustration qui suit, joliment habillée aux couleurs d'Halloween. La "citrouille GBP" se retrouve plus près de la couronne tchèque, la roupie indonésienne et le forint hongrois que du franc suisse ou de l'euro.

Pour M&G, cela "illustre clairement dans quelle mesure la livre sterling se négocie simplement au gré des annonces et polémiques, à savoir la dégradation de la notation de crédit du Royaume-Uni par Moody’s et l’approche du Brexit". L'épilogue du rocambolesque feuilleton Brexit suffira-t-il à redorer le blason de la monnaie britannique ?

La paire EUR/GBP s'affiche à +7% depuis le 1er janvier, tandis que le "Cable" GBP/USD est à -2%. 

La livre sterling en citrouille

Le yuan a déjà anticipé une victoire de Biden

Pour terminer, le froissement d'un bulletin de vote aux Etats-Unis est-il en mesure de provoquer des remous de l'autre côté du Pacifique ? La réponse est évidemment oui. Pour l'équipe de cambistes d'UBS, c'est le yuan chinois qui est en première ligne. Facile de comprendre pourquoi : la politique commerciale entre les Etats-Unis et la Chine est devenue sous Donald Trump une prérogative présidentielle. Le scénario d'une victoire de Joe Biden, majoritaire, a contribué à continuer à faire reculer la paire USD/CNY.

Pour la banque suisse, un congrès unifié sous vague bleue aurait un effet positif sur le yuan, quoique déjà bien intégré dans les cours. Par ricochet, le yen profiterait aussi de cette issue politique car l'économie japonaise, orientée vers l'export, trouverait des débouchés accrus aux Etats-Unis grâce au plan de soutien projeté par les Démocrates. UBS entrevoit aussi des effets positifs pour le dollar néozélandais et le dollar australien. Si Donald Trump venait à être réélu avec un Congrès en appui, une pression baissière s'exercerait sur les devises d'Asie-Pacifique.

Le yuan s'est apprécié de 3,3% contre le dollar cette année, tandis que le yen gagnait 4%.