par Yoko Kubota

TOKYO, 24 septembre (Reuters) - Toyota a renoncé à son projet de commercialisation à grande échelle de sa nouvelle mini-voiture électrique, la eQ, en reconnaissant que le marché n'est pas prêt pour ce produit.

Le constructeur japonais, déjà plus prudent que ses concurrents General Motors et Nissan dans ses projections de marché pour les véhicules à batterie, ne compte plus vendre qu'une centaine d'eQ aux Etats-Unis et au Japon.

En 2010, lorsqu'il avait présenté cette variante de petite citadine iQ, il tablait alors sur plusieurs milliers de ventes par an.

"Deux ans plus tard, il reste beaucoup de difficultés", a admis lundi Takeshi Uchiyamada, vice-président de Toyota chargé du développement des véhicules.

"Les capacités actuelles des véhicules électriques ne répondent pas aux besoins de la société, que ce soit en termes de distance parcourue, de coût ou de temps de recharge", a-t-il expliqué.

21 MODELES HYBRIDES D'ICI 2015

Toyota entend du coup mettre l'accent sur la technologie hybride, où elle fait figure de leader incontesté depuis le lancement de la Prius dans les années 1990, déjà sous la houlette de Takeshi Uchiyamada.

Le groupe prévoit ainsi de proposer 21 modèles hybrides - fonctionnant à l'essence et à l'électricité - dans sa gamme d'ici 2015, dont 14 nouveautés.

Le recadrage du plan commercial de la petite citadine eQ ne laisse qu'un véhicule 100% électrique dans la gamme de Toyota - le modèle RAV4 mis au point pour les Etats-Unis en partenariat avec Tesla Motors.

Toyota prévoit de vendre 2.600 de ces 4x4 sur les trois prochaines années, un objectif bien modeste au regard des 37.000 berlines Camry vendues sur le seul mois d'août aux Etats-Unis, premier marché du constructeur nippon.

Toyota est aussi loin de ses objectifs pour ses voitures hybrides "plug-in". Il prévoyait de vendre entre 35.000 et 40.000 Prius à branchement électrique cette année au Japon mais n'en a vendu à ce jour que 8.400, soit 20% du total visé.

Cette version de la Prius comporte une batterie qui peut être chargée pour 20 km de trajet. Au-delà, le véhicule revient à son fonctionnement hybride traditionnel, le moteur à essence assurant le rechargement de la batterie.

"Nous pensons qu'il existe une demande sociale pour ces hybrides à branchement électrique, mais nos efforts pour le faire savoir n'ont pas été suffisants", a reconnu Uchiyamada.

Nissan, qui estime qu'un dixième des voitures vendues en 2020 seront électriques, a jusqu'ici vendu 38.000 exemplaires de sa première voiture 100% électrique, la Nissan Leaf, depuis son lancement à la fin 2010.

Le président Barack Obama a pour ambition d'avoir aux Etats-Unis un parc d'un million de véhicules électriques d'ici 2015, un objectif jugé hors de portée par la plupart des analystes. (Yoko Kubota, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)