Par Christophe Barraud

Les données disponibles, tant sur le plan macroéconomique que sur le secteur de l’hôtellerie, ont confirmé un rebond marqué de l’activité économique après l’assouplissement des mesures de restrictions sanitaires. La tendance semble s’améliorer de jour en jour si bien que le PIB français devrait rebondir au T2 et accélérer au T3, créant ainsi un acquis de croissance élevé pour l’année 2021. Dans ce contexte, en France, la croissance économique et le taux d’occupation dans le domaine de l’hôtellerie devraient être supérieurs à la moyenne européenne.

I-L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE A REDÉMARRÉ FORTEMENT AU MOIS DE MAI

Les premiers chiffres publiés pour le mois de mai ont confirmé que l’activité économique a redémarré fortement en France. Cette reprise provient du dynamisme dans le secteur des services à la suite de l’assouplissement des restrictions sanitaires.

Selon l’Insee, le climat des affaires a progressé de 12 points pour atteindre 108, son plus haut niveau depuis avril 2018. Cette forte amélioration s’explique essentiellement par les hausses des soldes d’opinion prospectifs dans les services. À 107, l’indicateur synthétique de ce secteur a gagné 15 points par rapport à avril et se situe pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire au-dessus de sa moyenne de longue période (100).

INDICATEUR DU CLIMAT DES AFFAIRES – FRANCE MÉTROPOLITAINE

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Ce rebond de la confiance des chefs d’entreprise dans le secteur des services a également été capté par l’indice mensuel publié par Markit. Ce dernier s’est redressé de 50,3 en avril à 56,6 en mai, signalant une deuxième hausse mensuelle consécutive de l’activité. Il convient de noter que l’indice a atteint son plus haut niveau depuis juillet 2020. Plus important, « portées par l’espoir d’un retour prochain à la normale, les perspectives d’activité à douze mois se sont redressées pour atteindre un sommet de plus de dix ans ».

Ce regain d’optimisme s’explique par une amélioration de la situation sanitaire mais aussi par un rebond important de la demande, mesuré par l’activité des cartes de crédit. Le Figaro a révélé que « durant les quatre jours ayant suivi le déconfinement du 19 mai, les dépenses dans les magasins ont fortement augmenté : les montants payés par carte ou carte bancaire sur téléphone mobile ont grimpé de 20%, en moyenne, par rapport à la même époque en 2019 ». Plus récemment, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré sur Europe 1 que « Sur la semaine du 24 au 30 mai, les dépenses par cartes bancaires ont été supérieures de 15% [à la même période] en 2019. Le redémarrage est déjà là. On a beaucoup de choses à rattraper collectivement ».

En parallèle, les indicateurs à haute fréquence ont confirmé une poursuite de la normalisation sur le marché du travail. A titre indicatif, le 4 juin 2021, les offres d’emplois postées sur le site Indeed.com étaient en hausse de 2,3% par rapport à leur niveau constaté au 1er février 2020.

II-LE PIB DEVRAIT ACCÉLÉRER SIGNIFICATIVEMENT DURANT LA SAISON ESTIVALE

Dans un contexte où les derniers chiffres sur le plan sanitaire sont très encourageants, le déconfinement devrait se poursuivre comme prévu. Pour rappel, à partir du 9 juin, de nombreuses mesures de restriction ont été assouplies (couvre-feu décalé à 23h, réouverture des restaurants et des cafés en intérieur, assouplissement des jauges dans les commerces, etc.) alors que le pass sanitaire est entré en vigueur. A noter que les touristes étrangers pourront également revenir passer leurs vacances dans l’Hexagone à condition de respecter certaines règles. Enfin, à compter du 30 juin, la quasi-totalité des mesures de restrictions prendront fin.

Dans le même temps, la Banque de France a estimé « En cumul, entre le premier trimestre 2020 et le premier trimestre 2021, le surplus d’épargne financière des ménages, calculé comme la différence entre les flux d’épargne financière observés et les flux qu’on aurait obtenus en prolongeant la tendance pré-Covid, serait de 142 milliards d’euros après 115 milliards d’euros à fin 2020 ».

ÉPARGNE FINANCIÈRE, TENDANCE ET SURPLUS
Cumuls trimestriels en milliard d’euros, CVS

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Il y a fort à parier qu’une partie non-négligeable de cette somme corresponde à de l’épargne forcée (et non de précaution) et se déverse dans l’économie à partir du troisième trimestre. Le secteur de l’hospitalité devrait en bénéficier fortement.

III – DES SIGNAUX D’ACCÉLÉRATION DANS L’HÔTELLERIE

En effet, du côté de l’hôtellerie, après un début d’année encore très en-deçà des standards mais déjà largement supérieur à 2020, la reprise s’est consolidée tout au long des mois de mai et juin.

La 2e étape du déconfinement, à partir du 9 juin, marque déjà une véritable bouffée d’oxygène : sur la semaine du 9 au 13 juin le taux d’occupation moyen de l’hôtellerie française est remonté à 48%, contre 42% pendant la première étape du déconfinement (du 19 mai au 9 juin) et 32% du 1er au 18 mai, alors que la France était encore confinée.

TAUX D’OCCUPATION DE L’HÔTELLERIE FRANÇAISE EN 2021
Par mois depuis le début d’année et jour par jour du 1er mai au 13 juin

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TAUX D’OCCUPATION PAR RÉGION EN MAI & JUIN 2021 PAR ÉTAPE DE DÉCONFINEMENT

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Si l’Ile-de-France reste encore en retrait (36% de remplissage sur la 1ère quinzaine de juin), une inflexion y est tout de même constatée depuis la première étape du déconfinement. Mais c’est une nouvelle fois la Province qui tire la performance vers le haut : ainsi, depuis la 2e étape du déconfinement, pas moins de 9 régions ont retrouvé des taux d’occupation supérieurs à 50%.

Comme en 2020, ce sont les régions de l’Ouest qui ont actuellement la faveur des français : Pays de la Loire (58% de taux d’occupation depuis le 9 juin), Bretagne (57%), Centre-Val-de-Loire (54%), Nouvelle-Aquitaine (54%) et Normandie (52%) se positionnent comme les destinations les plus performantes.

Surtout, l’état des réservations pour les mois à venir témoigne d’une nette accélération depuis la première étape du déconfinement et plus encore avec la deuxième. Si la visibilité à moyen terme reste limitée car actuellement les 2/3 des réservations sont prises moins d’une semaine avant le séjour, l’amélioration de la tendance est nette.

La fréquentation sera donc une nouvelle fois supérieure cet été à celle de juin (qui était habituellement le meilleur mois de l’année pour l’hôtellerie, les clientèles professionnelles étant encore présentes et des premiers vacanciers déjà là). Ainsi, le niveau de l’activité hôtelière de l’été 2020, déjà correct relativement au contexte sanitaire (-35% de CA par rapport à 2019), devrait être largement dépassé.

ÉTAT DES RÉSERVATIONS HÔTELIÈRES POUR LES MOIS DE JUIN À SEPTEMBRE 2021
Situation à date du 14 juin 2021 et comparaison avec les semaines précédentes

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Ce document est une note de conjoncture donnant un avis sur l’orientation de la tendance économique. Elle présente un regard croisé sur les perspectives macroéconomiques et celles de l’industrie touristique à travers l’analyse de ses deux auteurs, bénéficiant d’expertises solides et reconnues ainsi que d’indicateurs spécifiques et exclusifs : Christophe Barraud et Vanguélis Panayotis (MKG Consulting, CEO).