Les actions américaines ont rebondi vendredi après avoir atteint leur plus bas depuis mars 2021 jeudi. Néanmoins, les principaux indices sont restés dans le rouge sur la semaine écoulée, les investisseurs craignant que le resserrement monétaire de la Fed, nécessaire pour combattre une inflation au plus haut depuis 40 ans, casse la croissance économique. Les dernières statistiques montrent effectivement que l’indice des prix à la consommation s’est établi à 8.3% sur douze mois en avril, contre 8.1% attendu par le consensus. L’indice « core » qui exclut l’énergie et les biens alimentaires, a progressé de 0.6% sur le mois d’avril, contre 0.3% en mars.

Dans ce contexte, le Dow Jones Industrial Average a glissé de -2.14% en variation hebdomadaire. Le S&P 500 s’est affaissé de -2.41%, clôturant juste au-dessus des 4000 points. Sa performance depuis le début de l'année s'établit maintenant à -15.57%. Le Nasdaq composite a chuté de -2.80%. Il perd dorénavant pratiquement un quart de sa valeur depuis le 31 décembre 2021 (-24.54%).

Les indices actions européens ont également regagné du terrain vendredi, les investisseurs profitant de la chasse aux bonnes affaires. Contrairement à leurs pairs américains, ils finissent toutefois la semaine dans le vert. Le MSCI EMU gagne ainsi +1.35% (-14.06% sur l'année), mettant un terme à cinq semaines de pertes consécutives. Le FTSE a repris +0.41%, portant sa performance sur l’année à +0.46%, une exception dans la longue liste des pertes à deux chiffres affichées par la majorité des indices boursiers.

En Asie, les résultats étaient plus contrastés. Le Shanghai Composite s’est illustré en prenant +2.76%, malgré le risque que font peser les multiples confinements sur l’économie chinoise. En dépit de ce rebond, l’indice reste toujours bien ancré dans le rouge vif sur l’année 2022 (-15.26%). Au Japon, le Nikkei a largement effacé les gains de la semaine précédente en lâchant -2.13% (-8.21% sur l’année).

Vague rouge sur la majorité des secteurs

L’indice des biens de consommation courante a été le seul secteur au sein du S&P 500 à se maintenir au-dessus de la ligne de flottaison (+0.30%). Les services de communication finissent tout juste derrière (-0.16%), notamment grâce à la bonne performance des actions Google-Alphabet (+0.76%), suite aux annonces produits faites à l’occasion de la dernière key note. Parmi les secteurs défensifs, la santé (-0.94%) et les services d'utilité publique (-1.13%) ont réussi à faire mieux que l’indice large.

En revanche, l'immobilier a poursuivi sa chute (-3.87%, pertes cumulées de -12.73% sur trois semaines). Ce fut également une semaine très difficile pour les valeurs financières (-3.58%), avec les banques sous pression dans le sillage de la baisse brutale des rendements des emprunts d’Etat. Les technologies de l’information ont contribué à la baisse de l’indice large (-3.50%), avec le plongeon de l’action Apple (-6.47%). Microsoft n’a guère fait mieux (-4.95%). Les signaux de stress se manifestaient aussi du côté des biens de consommation non essentielle avec une sixième semaine d’affilée dans le rouge (-3.41%, et -19% sur les six semaines cumulées). Le secteur a subi de plein fouet la correction de l’action Tesla (-11.10%), qui soulève des questions sur le rachat de Twitter par Elon Musk. L’énergie n’a pas non plus été épargnée par la vague de baisses (-2.91% en variation hebdomadaire, mais +6.86% depuis le début du mois). Pourtant, le prix du brut américain a progressé au-dessus de 110 dollars par baril sur des anticipations de consommation importante l’été prochain et les tensions de production.

Retournement de tendance brutal sur les emprunts d’Etat

Le rendement du T-Note à 10 ans a reculé de 20 points de base sur la semaine, à +2.935%, malgré les niveaux d’inflation très élevés qui ne laissent présager qu’un renforcement de la politique monétaire américaine. La courbe des taux s'est aplatie, l’écart entre les rendements à deux ans et à 10 ans passant de 43 points de base à 34, ce qui accroit la probabilité d’une inversion, signe potentiel de récession future. Le rendement du Bund allemand à 10 ans a aussi retrogradé de 18 points de base, de +1.13% à +0.95%. Celui de l’OAT française de même échéance est retombé à +1.45%, après avoir touché un pic de près de huit ans, à +1.7%, le 9 mai.

La fuite vers la qualité a profité aux obligations d'entreprise de notation supérieure. Après cinq semaines de pertes consécutives, les prix de ces actifs ont progressé de +0.90% en Europe (-7.34% sur l’année) et de +0.15% outre-Atlantique (-13.82% sur l’année). Les titres à haut rendement ont affiché des résultats plus contrastés, en hausse de +0.34% en Europe, mais en baisse de -0.61% aux États-Unis. Une fois de plus, la dette émergente a sombré (-1.54% sur la semaine, -16.86% sur l’année), avec un billet vert toujours aussi fort (indice dollar au-dessus de 104.5). Du côté des métaux précieux, l’or a repris un peu de vigueur vendredi, mais reste lourdement perdant sur la semaine avec une chute de -3.81% (cours spot).

Déroute des cryptos

La semaine a été terrible pour la plupart des cryptos, avec le plongeon vertigineux du stablecoin Terra dont la valeur était censée être arrimée au dollar. Elle est passée de 95 cents à moins de 17 cents en cinq jours. Il est cependant intéressant de noter que les autres stablecoins tels que Tether et USD Coin, s’appuyant sur des réserves en dollars, ont résisté à la tempête.

Le bitcoin a perdu plus de 15% dans la foulée du krach, avant de rebondir vendredi, limitant la perte hebdomadaire autour de -12%. Les fonds liés aux cryptos ont accusé le coup. A titre d’illustration, le ProShares Bitcoin Strategy ETF perdait -18.83% sur les quatre premiers jours de la semaine. Cela dit, la collecte nette sur ces fonds a finalement été positive, les acheteurs profitant de la forte baisse pour se repositionner en fin de semaine.

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