Les bourses américaines s’étaient bien reprises en début de semaine, malgré le rappel de Jérome Powell réaffirmant que la Réserve Fédérale continuerait à augmenter les taux jusqu’à ce que l’inflation recule significativement. Toutefois, ce rebond tiré par les valeurs technologiques n’aura pas duré bien longtemps. La déroute des enseignes de la distribution, après l’annonce de résultats très inférieurs aux attentes, a brutalement retourné les marchés, tirant les indices phares vers une septième semaine de perte consécutive. 

Le S&P 500 a ainsi abandonné -3.05% (-18.14% depuis le début de l’année). Cela aurait même pu être pire, s’il n’y avait pas eu une vague de rachats à bon compte peu avant la clôture de vendredi. Le Dow Jones a lâché -2.90% (-13.97% sur l’année). Le Nasdaq a chuté de -3.82% (-27.42% sur l’année). Les petites capitalisations sont également restées sous pression. Le Russell 2000 a clôturé en baisse de -1.08%, ce qui se traduit par une perte annuelle cumulée de -21.02%, bien au-delà du seuil symbolique qualifiant une situation de bear market.

En Europe, le MSCI EMU a suivi le mouvement, mais dans une moindre ampleur (-0.79% en variation hebdomadaire, -14.74% sur l’année). Le FTSE 100 n’a glissé que de -0.38%, après avoir tenté de finir dans le vert (+0.07% sur l’année), ce qui relève quand même de l’exploit dans l’environnement actuel.

Les bonnes nouvelles sont finalement venues des marchés émergents (MSCI EM en hausse de +3.07% sur la semaine, -15.97% sur l’année) et de l’Asie. Le Nikkei 225 a progressé de +1.18% (-7.13% depuis le début de l’année) et le Shanghai Composite a repris des couleurs (+2.02% sur la semaine, mais -13.55% sur l’année). Pourtant, les données sur les ventes de détail en Chine montrent que la deuxième économie mondiale a été plus impactée que prévu par les confinements successifs visant à limiter la propagation du Covid-19. En revanche, le marché boursier a trouvé du réconfort du côté de la Banque Centrale chinoise. Celle-ci a effectivement décidé de réduire un de ses principaux taux directeurs qui sert de référence directe aux banques commerciales pour l’octroi de prêts immobiliers.

Le secteur des biens de consommation courante part en vrille   

Alors que Home Depot avait révisé à la hausse ses perspectives pour 2022, Walmart et Target Corp ont douché les investisseurs en annonçant des baisses substantielles de leurs résultats trimestriels pour cause d’augmentation des coûts de carburant, de transport et de personnel. Mais ils ont surtout indiqué que la forte augmentation des prix qui en résulte forcent les consommateurs à réduire drastiquement leur consommation (y compris de produits de base), un élément clef de la croissance aux Etats-Unis. Les analystes et les investisseurs ont été surpris par ces conclusions, alors que les biens de consommation courante sont plutôt vus comme un rempart défensif lorsque les marchés boursiers reculent. Walmart Inc et Target Corp ont plongé respectivement de -19.5% et -29%, déclenchant une chute de l’ensemble des distributeurs et poussant les indices S&P des biens de consommation dans le rouge vif, en dessous des plus bas niveaux observés en mars 2022 : -7.44% de variation hebdomadaire sur les biens de consommation discrétionnaire (pire secteur S&P depuis le début de l’année avec une perte cumulée de -31.78%), et -8.63% sur les biens de consommation courante. 

La tech a également tiré le marché large vers le bas (secteur IT en baisse de -3.77%), plombé par la performance d’Apple (-6.47%). Les services de communication n’ont guère fait mieux (-3.01%), avec Alphabet qui a rétrogradé de -6.18%, malgré ses récentes annonces de nouveaux produits et services.

Seulement trois secteurs ont réussi à rester positifs cette semaine. L’énergie en premier lieu, qui a une nouvelle fois trusté la première place, grâce au pétrole brut. Le baril WTI se traitait au dessus des 113 dollars (+2.48%). Contre toute attente, les stocks de brut américains ont baissé de 2.4 millions de barils la semaine dernière. L’énergie est le seul secteur à rester dans le vert depuis le début de l’année (+46.41%). Deux secteurs particulièrement défensifs ont complété le podium cette semaine : la santé d’une part (+0.90%), et les services d’utilité publique d’autre part (+0.30%).

Nouvelle baisse du rendement du T-note à 10 ans sur fond d’inquiétudes pour la croissance 

Le rendement de l’emprunt américain à 10 ans a perdu 14 points de base sur cinq jours, passant ainsi de +2.93% à +2.79%. La courbe des taux continue à s’aplatir, l’écart entre le 2 ans et le 10 ans n’étant plus que de 20 points de base au 22 mai. Le risque d’inversion de la courbe, signal potentiel d’une future récession, revient donc sur le devant de la scène. En revanche, le rendement du Bund allemand de même échéance a fait quasiment du surplace au niveau de +0.94% (-1 point de base), quand l’OAT française gagnait même 2 points de base à +1.47%. 

Les prix des obligations de notation supérieure ont augmenté de +0.70% outre-Atlantique (-13.21% sur l’année), mais ceux des titres à haut rendement se sont effrités de -0.32% (-9.21% sur l’année). La dette émergente en devises locales a rebondi en engrangeant +2.70%, effaçant du même coup six semaines de pertes d’affilée. Elle reste toutefois sur un déclin annuel de -14.61%. 

L’indice dollar est redescendu de ses plus hauts de 20 ans atteints la semaine dernière (-1.46%). Enfin, l’or a regagné du momentum après avoir touché un plus bas de plus de trois mois vendredi dernier (cours spot à $1 846.50 l’once en clôture, soit une hausse hebdomadaire de +1.92%).

Trouvez et comparez plus de 8000 ETF avec notre sélecteur d’ETF.