Washington (awp/afp) - Trois présidents régionaux de la Réserve fédérale (Fed), membres votant du Comité monétaire, ont estimé mercredi que la Banque centrale avait la capacité d'être "patiente" avant d'ajuster à nouveau sa politique monétaire.

Le président de la branche régionale de Boston, Eric Rosengren, a estimé dans un discours à Boston que les marchés financiers, rendus très fébriles par la crainte d'un ralentissement économique notamment, étaient "trop pessimistes" et que la Fed pouvait attendre avant d'ajuster à nouveau la politique monétaire.

"Je trouve personnellement que le sentiment des marchés financiers affiche peut-être un pessimisme excessif", a-t-il déclaré.

"Je reconnais que le risque de ralentissement de l'économie américaine, du fait de la faiblesse à l'étranger, s'est accru. Mais la politique monétaire demeure accommodante, de même que la politique budgétaire", a-t-il souligné.

Il s'est fait ainsi l'écho des propos du président de la Fed, Jerome Powell, qui a assuré la semaine dernière que la Banque centrale serait désormais "patiente" avant de relever les taux.

M. Rosengren a estimé que "les récentes données de l'économie chinoise, le potentiel d'une augmentation des tensions commerciales et la plus forte volatilité des marchés poussent à adopter une politique monétaire à la fois flexible et dotée de patience".

Selon lui, les vues du Comité monétaire (FOMC) "évaluent les risques de façon appropriée".

"Si ces risques devaient se matérialiser et avoir un impact significatif sur l'économie, en entraînant un ralentissement - ce qui n'est pas ma prévision - la politique monétaire devra être recalibrée", a ajouté M. Rosengren.

"Mais je crois qu'on peut attendre d'y voir plus clair avant d'ajuster la politique monétaire", a-t-il conclu, ajoutant trouver que les perspectives économiques américaines étaient "meilleures que ce que les mouvements sur les marchés financiers ne le laissent penser".

Le Comité monétaire de la Fed, qui en décembre a relevé les taux d'intérêt au jour le jour pour la quatrième fois de l'année, se réunit les 29 et 30 janvier.

Un autre président régional, Charles Evans, de l'antenne de Chicago, lui aussi membre votant du Comité monétaire, a également estimé mercredi que la Fed avait "la capacité d'attendre" avant d'agir sur les taux.

Dans un discours dans l'Illinois, M. Evans a affirmé que "parce que l'inflation ne montre pas de signe évident de dépasser 2% (...), nous avons largement la capacité d'attendre et d'évaluer les données économiques et les événements qui se présentent à nous".

"Je pense que ce qui va se passer pendant les six premiers mois de 2019 sera très important pour évaluer le cours de notre politique monétaire", a-t-il ajouté.

Il estime comme M. Rosengren qu'il y a des chances que l'économie américaine se comporte encore "bien" en 2019.

Il cite toutefois parmi les risques économiques à l'horizon, "des préoccupations autour d'un Brexit désordonné qui pourrait entraîner des turbulences sur les marchés". "Il y a aussi beaucoup d'incertitudes autour des négociations commerciales avec la Chine (...) et la perspective que davantage de tarifs douaniers pourraient infliger des coûts importants aux entreprises américaines et aux consommateurs", a-t-il averti.

Enfin, un autre dirigeant de la Fed, James Bullard, de la branche de Saint Louis (Missouri), qui vote également cette année au sein du Comité monétaire, a aussi prôné la patience avant de relever les taux.

Il s'est montré néanmoins plus pessimiste que ses deux collègues, enjoignant la Banque centrale à ne pas "aller trop loin" dans les hausses de taux ce qui pourrait, selon lui, "précipiter l'économie dans la récession".

afp/rp