(Actualisé avec décès)

ABIDJAN, 14 août (Reuters) - Trois manifestants au moins ont été tué jeudi en Côte d'Ivoire où des opposants à Alassane Ouattara avaient appelé à protester contre la décision du président de briguer un troisième mandat à la tête du pays, a annoncé la police.

Des manifestants ont incendié un poste de police à la suite du décès de l'un des manifestants, a déclaré Bleu Charlemagne, porte-parole de la police, dans un communiqué. Il n'a pas précisé comment les deux autres manifestants avaient trouvé la mort.

Le directeur exécutif du parti de Ouattara, Adama Bictogo, a confirmé lors d'une conférence de presse qu'il y avait eu des décès lors de la manifestation de Bonoua ainsi que lors du rassemblement de la veille à Daoukro, dans le centre de la Côte d'Ivoire.

Alassane Ouattara a annoncé il y a une semaine qu'il briguerait un troisième mandat lors de l'élection présidentielle du 31 octobre.

Le gouvernement avait interdit les manifestations programmées ce jeudi et averti qu'il prendrait des mesures contre tout blocage de la circulation routière.

Des incidents ont également été signalés à Abidjan, la capitale économique, où la police ivoirienne a dispersé et interpellé des manifestants qui avaient érigé et incendié des barrages.

Les dirigeants de l'opposition ont accusé les forces de sécurité d'avoir attaqué les protestataires.

Le scrutin d'octobre s'annonce comme le plus disputé depuis celui de 2010, à l'issue duquel la victoire annoncée d'Alassane Ouattara contre Laurent Gbagbo avait déclenché une guerre civile de plusieurs mois qui avait fait 3.000 morts.

La Constitution ivoirienne limite à deux le nombre de mandats présidentiels consécutifs, mais Alassane Ouattara considère que l'adoption d'une nouvelle Loi fondamentale en 2016 l'autorise à se porter à nouveau candidat, ce que ses opposants contestent.

"Pour nous le débat est clos", a souligné Adama Bictogo, directeur exécutif du RDHP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix), le parti au pouvoir, jeudi face à la presse.

Un haut responsable du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (opposition) et quatre autres membres du parti de Guillaume Soro ont été interpellés par la police lors d'un rassemblement dans le quartier de Cocody, a déclaré un porte-parole du MPCI.

L'ancien président Henri Konan Bédié, candidat à la présidentielle, a déclaré que deux manifestants avaient été tués et d'autres sérieusement blessés lors de manifestations mercredi en dehors d'Abidjan, citant les villes de Daoukro, fief de Bédié, et Ferkéssédougou, dans l'est du pays. Ce bilan n'a pu être vérifié auprès de sources indépendantes.

"Une vague de répression aveugle et des agressions brutales s'abattent sur des jeunes démocrates ivoiriens", a dénoncé Bédié dans un communiqué. (Ange Aboa et Alessandra Prentice version française Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André)