WASHINGTON, 14 avril (Reuters) - Donald Trump a affirmé dimanche que les actions de politique économique de la Réserve fédérale américaine avaient amputé la croissance et la progression de Wall Street et demandé à la banque centrale d'injecter de l'argent dans l'économie comme lors des années de récession 2007-2009.

Les administrations précédentes prenaient soin de ne faire aucun commentaire public sur la politique suivie par la Réserve fédérale, qui est indépendante, mais Donald Trump, depuis 2017, a régulièrement critiqué la politique de relèvement des taux lancée fin 2015 par la Réserve fédérale, et à laquelle cette dernière a brutalement mis fin le mois dernier.

Les deux candidats controversés qu'il a choisis pour briguer des postes vacants au conseil des gouverneurs de la banque centrale, Stephen Moore et Herman Cain, affichent leurs opinions politiques et ne semblent guère soucieux de veiller à respecter la neutralité que les responsables de la Fed jugent indispensable pour assurer l'efficacité de la politique monétaire.

Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, s'en est inquiété samedi lors d'une conférence de presse à Washington, en marge des réunions de printemps du Fonds monétaire international, déclarant que si la Fed venait à perdre son indépendance, sa politique économique s'en trouverait affaiblie.

"Je suis certainement préoccupé par l'indépendance des banques centrales dans d'autres pays, surtout (...) dans le pays le plus important au monde", a déclaré Mario Draghi.

"Si la banque centrale n'est pas indépendante, on pourrait alors se dire que les décisions de politique monétaire s'appuient sur des conseils politiques plutôt que sur une évaluation objective de la situation économique", a ajouté le patron de la BCE.

Dans une nouvelle salve de tweets offensifs, Donald Trump a écrit dimanche que "si la Fed avait fait son boulot correctement, ce qu'elle n'a pas fait, la Bourse aurait gagné 5.000 à 10.000 points supplémentaires et le PIB (produit intérieur brut) aurait nettement dépassé 4% au lieu de 3%,... avec pratiquement aucune inflation".

"Le resserrement quantitatif est néfaste, elle aurait dû faire exactement le contraire", a poursuivi le président américain par allusion à la décision de la Fed de réduire son portefeuille d'obligations achetées après la crise financière pour soutenir le crédit et l'économie.

Personne à la Fed, y compris Jerome Powell, son président nommé par Trump, ne préconise aujourd'hui de mettre en oeuvre les moyens déployés par la banque centrale pendant les années de récession il y a une décennie, selon les récents comptes rendus des réunions de la banque centrale. (Howard Schneider Jean-Stéphane Brosse pour le service français)