par Michelle Nichols

NATIONS UNIES, 24 septembre (Reuters) - Il a présidé des conseils d'administration, dirigé des réunions gouvernementales et présenté durant quinze saisons une émission de télé-réalité. Mercredi, Donald Trump siégera pendant quelques heures au Conseil de sécurité de l'Onu dont les Etats-Unis assurent la présidence tournante pendant un mois.

Le président américain entend profiter de cette occasion pour dénoncer la politique de l'Iran, pays qu'il considère comme une nuisance pour la stabilité du Moyen-Orient et contre lequel il a rétabli des sanctions économiques après avoir dénoncé l'accord sur le contrôle du programme nucléaire iranien.

"Je suis certaine que cela va être le Conseil de sécurité le plus regardé de l'histoire", a commenté la représentante américaine Nikki Haley devant la presse.

Si dans l'émission "The Apprentice", Trump prenait un évident plaisir à "virer" les candidats qui échouaient aux épreuves destinées à faire d'eux des entrepreneurs performants, les observateurs s'attendent à le voir adopter une attitude bien plus mesurée lors de cette réunion.

La plupart des 15 pays membres du conseil seront représentés par leur chef de gouvernement ou leur chef d'Etat à l'exception de la Russie et de la Chine qui doivent envoyer des ministres alors que se tient cette semaine l'Assemblée générale de l'Onu.

"Je ne pense pas que cela sera le moins du monde divertissant", a commenté un diplomate onusien ayant requis l'anonymat. "Face à n'importe quel président des Etats-Unis, tous les autres chefs de gouvernement et d'Etat, même ceux qui ne l'aiment pas, adopteront une attitude convenable", a-t-il ajouté.

Il est rare que le Conseil de sécurité, créé en 1945, se réunisse ainsi, au niveau des chefs d'Etat ou de gouvernement, et ce ne sera que la troisième fois qu'un président américain présidera cette instance internationale.

Barack Obama l'avait fait à deux reprises en 2009 et 2014 sur la question de la non-prolifération nucléaire et sur la lutte contre le terrorisme. Dans les deux cas, le Conseil de sécurité avait adopté une résolution sur le sujet en discussion.

Nikki Haley a précisé qu'il n'était pas prévu de faire approuver une résolution lors de la réunion de mercredi mais de focaliser l'attention sur la politique de l'Iran.

"Nous voulons nous assurer que l'Iran comprenne que le monde veille. C'est la principale raison de cette réunion", a-t-elle dit.

 

ATTITUDE NEUTRE

Le thème de la réunion de mercredi est la non-prolifération des armes de destruction massive, un sujet suffisamment vaste pour évoquer la situation en Corée du Nord comme l'usage des armes chimiques en Syrie ou l'attaque de Salisbury en Grande-Bretagne.

Malgré cet ordre du jour, Donald Trump a prévenu sur Twitter qu'il entendait mettre l'accent sur l'Iran. "Je vais présider un Conseil de sécurité des Nations unies sur l'Iran", a-t-il écrit dans un message sur le réseau social.

L'Iran a immédiatement accusé les Etats-Unis d'abus de pouvoir bien que le document de travail de la réunion distribué aux 15 Etats membres ne mentionne aucun pays en particulier.

"L'objet de cette réunion est de discuter des moyens pour que le Conseil de sécurité améliore la mise en oeuvre des résolutions qu'il a adoptées pour endiguer la diffusion et l'utilisation des armes les plus dangereuses dans le monde", indique le document.

En théorie, le président de séance observe une attitude neutre et administrative, se chargeant d'appliquer l'ordre du jour, de présider la réunion et d'informer les autres pays membres de l'Onu et la presse des travaux du conseil.

Trump aura devant lui un classeur contenant les documents nécessaires au déroulement de la réunion. Il fera une déclaration en tant que président des Etats-Unis puis pendant environ deux heures les autres membres auront la parole.

L'adoption d'une résolution contre l'Iran ne semble pas envisageable, Téhéran profitant de ses liens avec la Russie, membre permanent et disposant d'un droit de veto.

Interrogé sur la présence de Donald Trump mercredi, l'ambassadeur russe à l'Onu Vassily Nebenzia a répondu avec un sourire : "Je suis ravi".

Puis il a ajouté : "Je ne pense pas qu'il y aura de manigance majeure dans ce qu'il va dire". (Pierre Sérisier pour le service français, édité par Jean Terzian)